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« 3000 nuits »: l’espoir malgré tout!

dimanche 25-mars-2018

Inspiré des conditions d’incarcération des Palestiniennes dans les prisons israéliennes ce film de fiction de Mai Masri était projeté à Wittenheim ce vendredi 23 mars en solidarité avec les 7000 prisonniers politiques palestiniens détenus essentiellement dans 18 prisons situées en Israël et quelques centres de détention dans l’enceinte de colonies.
Quelques chiffres documentés par l’Autorité palestinienne des O.N.G palestinienens et israéliennes les contacts direct avec la société palestinienne ont été rappelés à l’issue de la projection:
Peu de familles palestiniennes n’ont pas eu au moins un de leurs membres emprisonné depuis 1967 et on peut estimer que le taux d’incarcération actuel en Palestine au regard de sa population est le plus élevé au monde.
Depuis 2000 15 000 femmes et 10 000 enfants (rapporté à la population française ce chiffre représenterait plus de 120 000 enfants) ont connu ou connaissent encore les prisons israéliennes.
61 femmes plus de 300 enfants (qu ‘Israël s’autorise à détenir dès 12 ans) 12 élus du Parlement palestinien sont actuellement incarcérés.
Au moins 1.000 prisonniers ne sont pas comptabilisés car détenus « à titre provisoire » en particulier suite aux événements du mois d’août à Jérusalem.
Les procédures juridiques existent
Le régime des détentions est réglé par des ordres militaires au premier niveau comme en appel.
Les condamnations sont lourdes et la plupart des prisonniers comparaissent sans défenseur (source: Yesh Din ONG israélienne citée par le quotidien le Monde le 8 janvier 2008).
Les condamnations sont démesurées (peines de 2 à 5 ans pour le tiers des enfants 500 condamnés à vie 466 à des peines de plus de 20 ans…).
Passés les 6 mois et 12 jours légaux de durée maximale de détention sans début d’une procédure ou remise en liberté les prisonniers palestiniens peuvent faire l’objet d’une détention administrative: environ 500 hommes femmes enfants militants d’ONG palestiniennes figures de la société civile acteurs de la résistance pacifique sont à ce jour victimes de cette disposition qui permet leur détention sans charge ni procès durant 6 mois…. renouvelables indéfiniment pour raisons de « sécurité ».
Les conditions de détention ont abouti à de fréquentes grèves de la faim dont celle qui s’est terminée en mai 2017 où près de 900 prisonniers ont refusé de s’alimenter durant plus de 40 jours. Il a fallu la pression de la « rue arabe » et… le refus de l’ordre des médecins israélien pour que le « nourrissage forcé » ne soit pas mis en oeuvre que l’essentiel des revendications des détenus uniquement humanitaires (accès aux soins droits de visite des famille sanitaires…) soit satisfait.
Pour 2 ONG israéliennes B’Tselem et Hamoked plus de 85% des prisonniers ont été et sont toujours victimes de mauvais traitements voire d’actes documentés qualifiés juridiquement de tortures…).
Plus de 400 arrestations de personnes arrêtées depuis 2015 selon certaines sources l’on été été pour publications sur Facebook.
Une situation carcérale qui se détériore au fil du temps…
Le film décrit des situations de ce type mais dans le contexte de 1982 guerre du Liban et massacre de masse de civils palestiniens à Sabra et Chattila.
Il permet de comprendre une situation carcérale qui n’a cessé depuis de se détériorer une situation où les ONG israéliennes sont elles – mêmes mises en danger et poursuivies par le gouvernement israélien.
Les cas de prisonniers emblématiques discuté lors du débat qui a suivi la projection ont montré que la poursuite et l’amplification de cette politique de l’enfermement massif de la stratégie du harcèlement de la politique de maintien dans l’insécurité permanente s’est fortement aggravée depuis 1982.
Elle est de fait devenue une dimension fondamentale de la politique de colonisation systématique et de « sociocide » (Stephane Hessel) mise ne oeuvre par l’Etat israélien.
Ahed Tamimi 17 ans à peine condamnée à 8 mois de détention il y a quelques jours pour avoir giflé un des soldats qui pratiquent raids et intimidations avec les colons depuis 10 ans dans son village de Cisjordanie.
Son cousin du même village venait d’être gravement blessé à la tête la veille par un tir à balle « rubber bullet » (métal enrobé de caoutchouc). Jean Piere Filliu universitaire français connu et reconnu vient de faire publier un article dans le quotidien le Monde il y a trois jours à peine sur ces événements.
Marwan Barghouti acteur majeur de la 2ème Intifada en prison depuis 16 ans et leader reconnu de la grande grève de la faim précitée s’est vu signifier il y quelques mois l’interdiction de visite de sa femme pour une période de plusieurs années marquant ainsi le peu de cas que font les autorités israéliennes des accords signés en mai 2017.
Salah Hamouri avocat franco – palestinien est en détention administrative (sans charges signifiées ni procès donc) depuis 6 mois reconduits récemment pour 4 mois sans que le gouvernement français puisse (veuille?) obtenir sa libération.
Dans la fiction qu’est le film tout est en fait réel et quotidien pour les Palestiniennes détenus en 2018: rapports de force et intimidation des gardiennes israéliennes utilisation de détenues de droit commun israéliennes pour faire pression sur les détenues politiques palestiniennes chantage sur l’héroïne qui vient d’accoucher – menottée – en prison pour qu’elle « coopère » ou se voit privée de son enfant utilisation des gaz pour mater la révolte des prisonnières brutalités quotidiennes…
Projeté en ouverture du festival du film palestinien libanais et syrien les 67 et 8 avril au cinéma Bel Air de Mulhouse 3000 nuits est un film sur l’espoir puisque l’héroïne qui a évolué au cours de sa détention de la résistance intime à la résistance collective sera libérée dans le cadre d’un échange de prisonniers ainsi que la résistante palestinienne libanaise qui mène la grève de la faim dans la prison.
Le travail de la réalisatrice pour souligner l’espoir se voit tout au long du film et l’enfant de l’héroïne se nomme « Nour » (lumière)…..

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