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Une solution juste au « problème de Palestine » (satire)

dimanche 12-août-2018

En fait le titre est erroné même si c’est ainsi que le « problème » est généralement présenté. Etant donné que c’est l’arrivée des sionistes qui est à l’origine du « problème de Palestine » il serait plus exact de le décrire comme le « problème d’Israël » ou peut-être le « problème sioniste » car le sionisme est la cause profonde du « problème d’Israël ».
Beaucoup de gens ont avancé des solutions à ce problème. Pour les sionistes le problème aurait été réglé s’ils avaient pu chassé tous les Palestiniens hors de Palestine en 1948 pas seulement certains. L’expulsion de tous est encore la solution préférée de certains probablement de beaucoup et peut-être de la plupart des sionistes non pas qu’ils soient prêts à en parler ouvertement pas plus que Herzl n’a parlé ouvertement de ses plans de vider la Palestine de son peuple dans les années 1890.
Les Britanniques et les Américains ont élaboré leurs propres plans. En 1937 les Britanniques se sont prononcés pour donner une partie de la Palestine aux sionistes. Ce fut aussi la décision de l’Assemblée générale de l’ONU en 1947 bien qu’il s’agît en fait d’une décision américaine les États-Unis ayant menacé les délégations vulnérables s’ils ne votaient pas « oui ».
Le plan de partition ayant exacerbé le « problème de Palestine » au lieu de le résoudre les Américains ont continué à chercher des solutions. Une fois que Yasser Arafat eut reconnu l’existence de l’État d’Israël il semblait juste que les Palestiniens reçussent quelque chose en retour et quelque chose de plus que ce qu’Israël a donné en 1993 à savoir la reconnaissance de l’OLP en tant qu’organe habilité à négocier au nom des Palestiniens.
Il semblait alors que l’offre faite était la restitution du territoire pris en 1967 22 pour cent de la Palestine et qu’en échange Israël garderait le reste. Pour un observateur désintéressé cela ne pouvait sembler juste Israël ayant pris de force une terre entière appartenant à quelqu’un d’autre mais les Palestiniens ont donné leur accord.
Ils allaient être déçus parce que comme les événements l’ont montré Israël n’était pas prêt à rendre même les 22 pour cent et encore moins à négocier d’autres questions au cœur du mal nommé « problème de Palestine ».
Donc nous devons tous retourner à la case départ. De fait nous avons tous été ramenés à la case départ par le rejet sioniste des solutions proposées allant d’un État laïque démocratique pour tous à deux états pour deux peuples. Leur solution étant un seul État en Palestine mais uniquement pour eux.
Comme on peut difficilement qualifier cela de solution juste au mal nommé « problème de Palestine » qu’est-ce qui serait juste ? Qu’est-ce qui serait équitable conformément aux droits légaux ? Qu’est-ce qui permettrait donc de parvenir également à un règlement moral?
Voici une suggestion :
En 1946 les sionistes avaient acheté moins de six pour cent de la Palestine faits d’acquisitions disséminées à travers le pays. Ces acquisitions comprenaient la terre sur laquelle la ville de Tel-Aviv a été construite alors pourquoi ne pas adopter une solution qui donne aux sionistes les six pour cent de la Palestine qu’ils ont effectivement achetés regroupés autour de Tel-Aviv ?
En fait comme ils n’ont même pas acheté six pour cent ce serait une offre très généreuse. Au cours de négociations peut-être en signe de bonne foi on pourrait même aller jusque 65 pour cent voire sept dans un bon jour.
Faire tenir six millions de personnes dans ce petit territoire ce serait un peu juste mais les sionistes n’auraient qu’à regarder Gaza qui après tout a été leur modèle de forte densité de population pour voir comment cela est faisable.
Nul besoin de repousser quiconque dans la mer d’une part (les sionistes) ou dans le désert d’autre part (les Arabes). Ce sont des solutions cruelles et inutiles. La terre serait partagée sur une base équitable. Les sionistes pourraient vivre sur les terres qu’ils avaient légalement achetées. Les Palestiniens pourraient retourner sur les 94 pour cent de la Palestine qui étaient légalement leurs individuellement et collectivement.
En tant qu’État-nation autoproclamé du peuple juif l’enclave autour de Tel-Aviv pourrait constituer une sorte de Vatican juif du Moyen-Orient. Il aurait ses propres frontières et passeport et même ses propres forces de police et de sécurité. Sur ce point le Vatican ou peut-être la Suisse pourrait lui donner de bons conseils sur les uniformes et les armes. Il ne fait aucun doute que les touristes viendraient générant un flux de revenus sain.
Naturellement ce mini état juif ne pourrait pas être militarisé à cause des dangers qu’il représenterait pour la Palestine. Ses administrateurs n’auraient certainement aucun mal à le comprendre. Il serait même peut-être nécessaire de construire un mur pour protéger les citoyens palestiniens contre les attaques terroristes des résidents de l’État-nation juif qui s’imagineraient encore que la Palestine leur appartient.
Toutefois tant qu’ils respecteraient l’autorité du gouvernement de Palestine et les droits de son peuple les citoyens de l’État-nation juif seraient libres de circuler en Palestine et même de prier sur leurs lieux saints. Ils pourraient se rendre en Jordanie et voir Jerash Petra et le Wadi Rum.
Les habitants de Tel-Aviv auraient la plage pour se baigner par temps chaud. Tel-Aviv peut être un peu chaud l’été mais sinon est très agréable. Les tours d’habitation peuvent être d’un grand secours pour résoudre les problèmes de logement tant qu’il n’y a pas d’ennemis à proximité pour les bombarder dès qu’elles sont construites et une fois que la paix juste a été conclue il n’y aurait de toute façon plus d’ennemis dont il faudrait se soucier. Plus de conflits de droits ni de récits contradictoires. Ils feraient désormais partie du passé obscur.
Au début l’État de Palestine devrait probablement patrouiller les eaux et empêcher les bateaux de pêche de s’éloigner trop de la côte et empêcher les bateaux non autorisés d’accoster mais ce sont des mesures que l’État-nation juif comprendrait certainement les sionistes les ayant appliquées dans le passé contre le peuple de Gaza.
D’autres questions devraient être prises en compte à savoir celle des dédommagements pour les centaines de villages que les sionistes avaient détruits et les milliers de vies auxquelles ils avaient mis fin mais en tant que bénéficiaires de milliards de dollars de dédommagements de l’Allemagne l’État-nation juif n’aurait certainement aucun mal à reconnaître les principes en cause.
Il pourrait s’inspirer de l’expérience des Gazaouis pour les aider à surmonter les difficultés qu’engendre la surpopulation. Une fois de retour sur leurs propres terres les Gazaouis ne seraient sans aucun doute que trop heureux d’aider à trouver des solutions au problème du logement.
Il n’y a aucune raison de douter de ce que les dirigeants de l’actuel État-nation juif disent de ses qualités morales de son engagement en faveur de la démocratie et de son respect des droits de l’homme et de la loi. Prenons tout cela pour acquis. Sur la base de ces croyances sincères il n’aurait certainement aucune difficulté à reconnaître l’engagement envers les mêmes valeurs qui sous-tendent la solution juste.
Au bout de presque un siècle le problème est résolu. Pourquoi personne n’y a-t-il pensé avant ?

* Jeremy Salt a enseigné l’histoire moderne duMoyen-Orient à l’Université de Melbourne à la Bosporus University àIstanbul et à la Bilkent University à Ankara pendant de nombreusesannées. Parmi ses publications récentes son livre paru en 2008 : The Unmaking of the Middle East. A History of Western Disorder in Arab Lands (University of California Press).

31 juillet 2018 – The Palestine Chronicle – Traduction: Chronique de Palestine – MJB

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