La semaine dernière je donnais une conférence à Toulouse et des amis m’ont proposé de me joindre à eux pour une manifestation devant la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) où est détenu Georges Ibrahim Abdallah. Ce militant communiste pro-palestinien d’origine libanaise a été condamné à perpétuité en 1987 par la Cour d’assises spéciale de Lyon pour complicité dans les assassinats [les 18 janvier et 3 avril 1982 à Paris] de deux diplomates – l’attaché militaire américain Charles R. Ray et le responsable du Mossad à Paris Yacov Barsimento.
On n’a pas forcément à être d’accord avec ces actes pour se joindre à celles et ceux qui exigent la libération de Georges Ibrahim Abdallah.
Trente-trois ans de détention – plus que Mandela – quels que soient les motifs de son inculpation c’est inacceptable. D’autant
qu’il faut replacer ces meurtres dans leur contexte : l’invasion israélienne du Liban et son lot de massacres. Georges Ibrahim Abdallah à sa manière participait à la lutte du peuple libanais contre l’envahisseur.
Les autorités judiciaires françaises ont beau avoir recommandé à plusieurs reprises sa libération conditionnelle Georges Ibrahim Abdallah reste enfermé à la prison de Lannemezan. Car les autorités israéliennes – et américaines – font pression sur la France pour qu’il ne soit pas libéré et demeure en prison jusqu’à sa mort.
C’est donc en tant que citoyen israélien que je suis intervenu au cours de ce rassemblement insistant sur l’acharnement de mon gouvernement. En effet il ne s’agit plus de justice mais de vendetta.
Georges Ibrahim Abdallah a purgé sa peine. L’acharnement à son encontre est un déni de justice auquel il faut mettre fin. Aux autorités israéliennes il n’est pas inutile de rappeler que le sergent Elor Azaria qui a lui assassiné un Palestinien au sol et déjà neutralisé [le 24 mars 2016 à Hébron] va être prochainement libéré.
Au gouvernement français il faut rappeler que la France est un Etat souverain et de droit pas un vassal d’Israël et des Etats-Unis. Les autorités de la République écoutent-elles les recommandations de leurs instances judiciaires ou les diktats de ces deux pays? Il est légitime de se poser ces questions.
Michel Warschawski est un journaliste et militant de gauche israélien il est cofondateur et président de l’Alternative Information Center (AIC).
Dernier ouvrage paru (avec Dominique Vidal) : Un autre Israël est possible les éditions de l’Atelier 2012.