Vu d’ailleurs que de France tous les Français seraient « Charlie ». Fait évident vu les images : quatre millions de Françaises et Français défilant pour un journal au borde de la faillite et vendant péniblement à près de trente mille exemplaires certes ; mais effet de loupe médiatique surtout.
Effet de mode aussi. La Fête à Charlie il fallait en être sous peine de se trouver déclassé socialement à l’école comme au travail. Certes prêt d’une vingtaine de morts dont un agent de ménage qui inaugurait son premier jour d’embauche et deux policiers dont l’un d’origine maghrébine ; sachant que ces trois derniers ont causé moins de larmes de crocodiles dans les rédactions parisiennes ; ce n’est pas rien mais si peu comparé aux 26 000 Français tombés lors de la première journée de la Première guerre mondiale…
Cette psychose collective parfaitement factice – les catholiques ne sont pas plus « Charlie » que les leurs compatriotes musulmans agnostiques ou athées – pose plusieurs questions.
La première est d’ordre pratique et politique : quand les plus hautes autorités françaises transforment les galopins plus ou moins libertaires de Charlie en symboles de la nation française et vigies de notre démocratie cela ne pouvait que susciter de violentes réaction dans la sphère arabo-musulmane et même au-delà. D’où ces très compréhensibles manifestations à Gaza et en Cisjordanie chez les Kurdes de Turquie et partout ailleurs.
Voilà qui est irresponsable.
Pourtant le Pape François avait donné le ton de ce qui aurait dû demeurer le bon sens : « Même si mon meilleur ami dit du mal de ma mère il se prendra mon poing dans la g… ! » À ce propos il ne serait pas inopportun de rappeler que l’hebdomadaire en question est connu de longue date pour taper encore plus fort sur la religion catholique blasphémant le Christ et son représentant terrestre le Pape. Qu’il a aussi insulté la Vierge Marie mère du Sauveur qui au Jour dernier reviendra juger les vivants et les morts main dans la main avec le Prophète.
Ces choses participent de ce qu’il y a de plus intime en l’être humain qu’il soit musulman ou non. Et insultent ce qu’il y a de plus sacré en chacun de nous croyant ou pas.
La seconde concerne la société française au premier chef consistant à savoir quelle société offrir à nos enfants issus de l’immigration. Comment les persuader que dans une France n’ayant plus de sens que des vacances en Syrie offriront un autre sens à leur vie ? Bref comment une France ne croyant plus en son propre destin pourra en donner un autre hypothétique et mortifère à des enfants ne croyant plus en rien…
Voilà qui est parfaitement idiot.
Lors d’un récent voyage au Maghreb où j’ai eu l’honneur de rencontrer l’un des dirigeants de ce site. Ce dernier m’a accompagné à l’Église. J’ai prié pour lui du fond du cœur. En retour alors qu’il revenait de la Mosquée il m’a assuré de ne pas m’oublier dans ses prières. Nous avons ensuite bu le thé ensemble et moi une bière ensuite. Nous avons parlé religion famille enfants et nous sommes donné l’accolade. Entre hommes de bonne compagnie. Entre hommes partageant finalement non pas forcément les mêmes idées mais surtout les mêmes valeurs ; ce qui est somme toute le plus important.
Cet homme plus qu’un ami est désormais un frère. Il n’est pas Charlie moi non plus bien au contraire. Alors que les prophètes de mauvais augure nous promettent un « Choc des civilisations » souvent provoqué par des pompiers incendiaires le rapprochement des hommes de bonne volonté me paraît autrement plus productif. Nous aurons l’occasion d’y revenir.
