En France la nouvelle est quasiment passée inaperçue. Mais ce vendredi dernier un « groupe djihadiste » se revendiquant de Daech sans confirmation ou revendication de la nébuleuse en question a revendiqué un attentat dans la Bande de Gaza visantdes locaux officiels du Hamas. Quelques jours auparavant le siège de la Sécurité nationale de ce même Hamas avait été victime de pareille attaque.
Officiellement et à en croire un communiqué de l’assez fantomatique groupe des Partisans de l’État islamique à Jérusalem il aurait été “licite” de frapper « la base al-Qadessiya du gang des Quassam ». Soit une fois traduit en langue vernaculaire la branche armée du Hamas. Motif de ces actes sans précédent ? Exiger la libération de militants salafistes plus ou moins liés à Daech et mis sous les verrous par le Hamas dans la Bande de Gaza semble-t-il.
Autant dire que l’ambiance vire au rouge à en croire le toujours très objectif site suisse Romandie.com : « Dans ce contexte les spécialistes du territoire s’alarment du danger d’une montée en puissance des radicaux de plus en plus actifs et même visibles depuis la guerre contre Israël durant l’été 2014 et dont certains chercheraient l’adoubement de Daech. » Et le même de poursuivre : « Le Hamas a durement réprimé les salafistes les plus radicaux par le passé. Ses services de sécurité ont arrêté il y a un mois un cheikh salafiste radical l’accusant
d’appartenir à Daech. »
Plus intéressant encore est l’avis des médias israéliens le site sioniste francophone i24news au premier chef : « Quelle est donc la différence entre le Hamas une organisation terroriste composée de fidèles musulmans pratiquants et les terroristes djihadistes salafistes qui sont fidèles à Daech. Et pourquoi se battent-ils si violemment les uns contre les autres dans la Bande de Gaza ? » La réponse de l’auteur de l’auteur de ces lignes Danny Rubinstein membre émérite des plus grandes universités israéliennes mérite ample lecture : « Leur première et principale différence idéologique est que le Hamas est aussi une organisation nationale palestinienne. Son but est uniquement de lutter contre Israël à l’intérieur de la patrie palestinienne. Le chef du Hamas Khaled Mechaal a déclaré à de nombreuses reprises que le Hamas n’ambitionne pas de mener des opérations en dehors de la Palestine. »
Mieux toujours à en croire le même Danny Rubinstein : « Ce n’est pas le cas des groupes salafistes affiliés à Daech. Leur idéologie est transnationale antinationale. Ils ont attaqué les dirigeants des Frères musulmans comme le fondateur du Hamas le cheikh Ahmed Isamail Hassan Yassin le leader le plus important de la Fraternité sur le plan moral et leader spirituel du mouvement le cheikh Youssef Al-Qaradhawi le leader des Frères en Tunisie Rached Ghannouchi et même l’ancien président égyptien Mohammed Morsi qui tous intègrent une composante nationale dans leur idéologie. »
Nous voilà donc à la croisée des chemins. Entre justes revendications territoriales nationales et islam déviant sorte d’islamisme 2.0 devenu fou. Avec les mêmes revendications – moyens militaires en moins – que les évangélistes américains dont les ambitions planétaires pourraient nous faire dire qu’ils sont à leur façon maladie infantile du christianisme. Au même titre ce fondamentalisme islamo-mondialiste de combat coupé de toutes racines ignorant du passé manifestement assez peu préparés pour préparer l’avenir et pour qui le message islamique n’aurait d’autre biais messianique que Facebook ou le couteau à égorger les moutons et les chrétiens serions-nous tentés d’ajouter.
Il est dit que la raison finit toujours par triompher. Certes. Mais quand ?
Jean France-Martin CPI
