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Syrie :les raisons de l’intervention russe

samedi 26-septembre-2015

Ça y est en Syrie la Russie entre enfin dans la danse contre Daech. Près d’une trentaine d’avions de chasse presque autant d’hélicoptères et des troupes d’élites qui pourraient bien venir au combat au sol au contact. Ce avec l’approbation tacite des USA et devant une Europe éberluée de n’avoir rien vu venir.

Ce renversement d’alliances était pourtant prévisible depuis longtemps et il fallait toute la chronique incurie de notre gouvernement pour ne pas s’en rendre compte. Depuis le règne de Nicolas Sarkozy la France ne savait que suivre l’Amérique ; mais avec celui de François Hollande son suivisme se pratique avec un temps de retard quand ce n’est tout simplement pas à contretemps.

En effet le coup stratégique majeur de Barack Obama consiste hormis la réconciliation d’avec Cuba d’avoir rompu avec deux alliances ancestrales.
Celle qui le liait avec Israël en renouant avec l’Iran.
Puis celle consistant à distendre les liens avec l’Arabie Saoudite. Soit les deux pays qui pour des raisons diverses et à des degrés plus ou moins voyants soutiennent Daech. Ryad parce que tout est bon pour lutter contre l’ennemi
chiite – ne jamais oublier le slogan d’Al nosra en Syrie : « Les chrétiens à Beyrouth et les chiites dans la tombe ! ».
Et Tel Aviv obnubilé par un Damas qui ne le menace en rien et un Téhéran qui même si meilleur soutien de la cause palestinienne n’a jamais entendu rayer l’État hébreu de la carte quoi qu’on puisse en dire.

Dans cette nouvelle stratégie américaine ne manquait qu’un pion majeur : la Russie. De fait Barack Obama sait bien que les guerres menées dans la région par les Américains n’ont fait qu’aggraver une situation déjà explosive. Hors de question pour lui d’envoyer à nouveau des GI’s dans la poudrière.
 La Russie donc. Car Vladimir Poutine lui a les coudées plus franches : la seule équipée internationale qu’il se soit
autorisée fut celle de Crimée. Ce qui lui donne une certaine autorité pour soutenir son traditionnel allié syrien que Bachar al Assad en demeure ou non le Président. Avantage qui lui permet encore de faire bloc avec cet autre allié
traditionnel qu’est l’Iran. L’occasion donc pour Moscou de revenir au premier plan de la scène internationale occasion qui lui a été servie par Daech comme sur un plateau.

L’homme du Kremlin est un redoutable pragmatique. Son homologue de la Maison blanche l’est tout autant. Dommage qu’en France le Quai d’Orsay se contente de regarder passer l’histoire comme les vaches le font
d’avec les trains.

Le pire étant que quelle que soit l’issue de ce conflit l’Élysée aura réussi à se fâcher avec tout le monde : Russes Israéliens Américains Syriens Iraniens Saoudiens et encore doit-on en oublier… Beau résultat. Et pas une balle dans le panier. Bref un sans faute pour François Hollande.

Nicolas Gauthier

Publié
sur le site bvoltaire.fr

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