Pour éviter toute forme de confusion qu’il soit ici précisé que l’auteur de ces lignes est « Gaulois » et professe une religion « catholique apostolique et romaine ». De telles mises au point ne sont pas forcément inutiles sachant que chez les miens on se demande parfois pourquoi un « Jean France-Martin » irait prêter main-forte à des « mahométans » pour reprendre une vulgate n’ayant rien de particulièrement « islamophile ». A contrario certains musulmans iront dire : « De quoi se mêle ce Roumi » pour reprendre une autre vulgate à peine plus aimable.
Il se trouve seulement qu’homme libre et bénéficiant en ce site d’une latitude d’expression que tant de mes confrères hexagonaux seraient en droit de m’envier je profite de cette sorte de sauf-conduit. Car après tout en tant qu’adepte du Vatican capitale historique de la chrétientéla Palestine terre trois fois sainte est toute aussi sainte pour moi que pour les autres ; à proportion d’un tiers tout au moins ; sachant qu’il n’est jamais interdit de laisser un peu place à ces cousins professant la même foi abrahamique…
En l’intervalle GhâlibBen cheikh imam respecté en France et chargé sur le service télévisuel hexagonal de porter la bonne parole musulmane chaque dimanche matin entre prêtres pasteurs ou rabbins. Les extraits qui suivent viennent d’un entretien accordé au quotidien algérien Liberté. Ils ne concernent pas précisément le drame de Gaza mais englobent bien d’autres aspects. Ils n’ont nullement été relayés par la presse française ; il va de soi.
Florilège : « En raison de l’éternel “retour à Médine” qu’enterre d’Islam on semble aborder avec difficulté les enjeux de la
modernité ? »
Réponse : « Il est vrai qu’on ne peut pas aborder l’avenir et l’évolution du temps en étant rivésindéfiniment sur le passé. Mais je ne pense pas qu’on apprécie avec difficulté les enjeux de la modernité à cause de l’éternel “retour à Médine”. Cette nostalgie a toujours existé et même très tôt dans l’histoire de l’islam. Maiselle n’a pas obéré la pensée libre ni oblitéré l’engouement et la frénésie pour les sagesses des autres peuples etnations. Elle n’a pas empêché non plus la fondation de grands empires. Les Ottomans les Safavides et lesMoghols pour ne citer que ces trois dynasties au gré de notre contemplation de la tapisserie des siècles sur lafresque historique étaient modernes pour leur époque. Ils ont donné naissance à une civilisation impériale àl’architecture palatiale. Leurs belles demeures défient l’éternité… lorsque Souleymane le magnifique produisit undroit de type séculier – c’est pour cela qu’on l’appelait le “législateur” al qanûni ilétait moderne. Personne enson temps ne s’embarrassait d’une quelconque charia désuète et inadaptée. »Plus qu’intéressant.
Développement : « Si au moins la volonté de seconformer à la pratique des pieux Anciens c’est la définition même du salafisme s’était cantonnée à leur éthiqueet à leur probité magnifiées comme irréprochables. Non on s’était englué à reproduire un mode vie éculé et uneconception du monde fossilisée dans le temps et dans l’espace – la Médine du VIIe siècle. Cette sclérose enplace est marquée par les épiphénomènes tels que les kamis les barbes les hijabs jilbabs et autres niqabs… »
Ce travail éminemment respectable du point de vue d’un croyant professant une autre Foi votre serviteur en l’occurrence au moins aura-t-il été fait. Sans rien toucher tel qu’il se doit aux cinq piliers de la foi islamique. Il serait des plus opportuns que leurs homologues juifs procèdent au même travail d’introspection théologique. Les catholiques l’ont fait depuis longtemps les musulmans ont pris le même chemin. Bienvenue donc aux ouvriers de la « Onzième heure » tel qu’écrit dans les Évangiles.
Une fois encore il ne s’agit là que de la parole d’un catholique. Mais d’un catholique dont la foi a pris racine quelque part entre Nazareth Bethléem et Jérusalem Terre à la fois sainte et commune est-il besoin d’à nouveau le notifier ?
En attendant qu’ils soient civils ou combattants mes frères palestiniens continuent de crever sous les bombes. Au nom du Sacré-Cœur du Christ le mien tout humble et tout petit demeure avec eux. À jamais.
PS : Ces lignes n’auront certes que peu d’influence. Mais au moins auront-elles été jetées sur papier comme sur écran. Et là il peut arriver qu’une plume puisse peser en termes de foi plus lourd qu’une montagne de plomb fut-il « durci ». Ça s’est déjà vu. Ça pourrait encore se voir à nouveau…
