Par nature la « vox populi » médiatique surtout quand de fabrication occidentale est fluctuante. Occidentale et américaine de fait. Car ce sont bien les USA qui ont inventé les sondages d’opinion et autres baromètres de popularité. Logique ce pays prétendant au titre de plus grande démocratie du monde est aussi celui qui n’a cessé d’être en guerre depuis sa naissance en 1776. Donc pour convaincre son peuple que ces conflits incessants étaient « justes » forcément « justes » il lui fallait convaincre ce dernier que d’un côté il y avait les « bons » c’est-à-dire « eux » et de l’autre les « méchants » soit le reste de la planète et de l’humanité.
Ainsi il fut longtemps asséné aux opinions publiques mondiales européennes comme orientales que « l’ennemi » était le « communiste ». Lors de la chute de l’URSS un officier de haut rang du KGB a dit à ses homologues de la CIA : « Nous venons de vous rendre le pire service qui soit celui consistant à vous priver de votre meilleur ennemi… » Depuis « l’islamiste » a pris le relais.
Inutile de revenir plus longtemps sur Al-Qaeda et les attentats du 11 septembre. Comme l’avouait Roland Dumas lors d’un entretien accordé à l’un de nos confrères : « En la matière je ne crois pas à la théorie du complot mais je ne crois pas plus à la thèse officielle. » De son côté un autre Français et non pas l’un des moindres s’agissant d’Alain Chouet ancien directeur de la DGSE affirmait devant une commission réunie par le Sénat que « Al-Qaeda avait cessé de vivre dès 2002. » Il n’empêche que nous n’en finissons plus de vivre sous la houlette de cette fameuse « guerre au terrorisme »…
Mais là comme ailleurs tout change et tout bouge. Et comme personne ne peut décemment se réjouir de la montée en puissance de l’État islamique certaines positions de la Maison blanche et même de l’Élysée commencent à être reconsidérées. Ainsi des mouvements tenus pour « terroristes » – Hezbollah et Hamas – des États considérés comme soutien de ce même terrorisme l’Iran au premier plan commencent maintenant à être vus sous un tout autre angle…
Car à Gaza comme en Cisjordanie ou au Liban des hommes considérant qu’ils n’ont plus rien à perdre prennent les armes. Et le jour n’est pas loin où même l’État hébreu bénira ces partis « islamistes » seuls capables d’endiguer un chaos qui ne saurait profiter à personne. Idem pour l’Iran proche soutien des deux mouvances en question mais sur lequel « l’Occident » compte de plus en plus pour remettre un peu d’ordre dans la région.
À cet égard même si le rôle de la Turquie est plus que flou dans cette affaire il semblerait qu’Ankara soit désormais disposé à prêter main forte à ses « pires ennemis » kurdes seuls guerriers assez armés et entraînés pour tenir la dragée haute aux despérados de l’État islamique. Ce n’est donc pas un hasard pour en revenir à Téhéran si Ahmad Yousef dans un entretien accordé au site Al-Akhbar reconnaît : « L’Iran est un État d’une importance vitale avec des capacités militaires et une influence qui renforcent la nation musulmane et préservent sa place parmi les nations… »
Il sera toujours loisir de gloser sur le vocable de « nation musulmane » vocable devant plus à un certain lyrisme oriental qu’à une stricte réalité géopolitique. Mais il n’empêche que les
choses changent. Que la France a fini par admettre la nécessité d’ne État palestinien viable et souverain. Et que les USA surtout sont en train bon an mal an de se réconcilier avec l’Iran. Pour le pire ou le meilleur ? Pour le moins pire quoi qu’il en soit ; sachant que la politique du pire demeurera toujours la pire des politiques.
