Il a souvent été reproché aux Palestiniens du Fatah comme du Hamas de faire obstacle à une juste paix avec Israël. Cette tactique est aujourd’hui de moins en moins payante. La preuve en est que même dans Le Monde un éditorial signé de la seule initiale « M » – donc représentant voire engageant l’ensemble de la rédaction – a des mots très durs quant à l’actuelle politique menée par l’État hébreu.
Qu’on en juge : « Benyamin Nétanyahou passe pour être un homme politique de statuquo. Quand il s’agit de la recherche de la paix le Premier ministre israélien n’aurait qu’un programme : geler la situation en l’état enterrer politiquement toute tentative de négociation sérieuse avec les Palestiniens. Rien n’est plus inexact. »
Pourquoi ? Attendez la suite : « M. Netanyahou vient encore de prouver qu’il avait un programme poursuivi avec assiduité : développer sans cesse plus avant les implantations israéliennes en Cisjordanie et dans la partie arabe de Jérusalem. Autrement dit empêcher physiquement la possibilité d’un État palestinien. »
En effet pour faire la paix au moins faut-il être deux et les chefs du Hamas que certains médias donnent pour être fermés à tout dialogue sont finalement autrement plus ouverts que certains de leurs interlocuteurs israéliens se claquemurant dans un autisme des plus agressifs.
Ainsi toujours à en croire le quotidien vespéral français donnant encore le “la” des élégances politiques : « La semaine dernière “Bibi” Nétanyahou a donné son accord à la construction de 2 160 unités de logement dans une partie très disputée de Jérusalem-Est. Cette nouvelle implantation rendra très difficile sinon impossible d’aller vers un règlement de paix fondé sur la solution dite des “deux États”… » Sans blague ! Car encore faut-il savoir que « l’ensemble prévu va séparer les Palestiniens de Jérusalem du reste de la Cisjordanie brisant la continuité entre la ville et le territoire qui pourrait accueillir l’essentiel d’un État palestinien. »
Bref nous n’avons pas là affaire à la politique de la guerre froide ou des frontières à jamais gelées mais à une entreprise de démolition laquelle vise à l’évidence les Palestiniens mais également tout espoir de paix dans la région. Comme à chaque fois les Américains regimbent – plus que les Européens finalement un comble – font savoir que la politique israélienne « empoisonne l’atmosphère et conduit à s’interroger sur la sincérité de l’engagement d’Israël à arriver à un règlement négocié pacifique avec les Palestiniens. » Quelle hypocrisie. Ou quelle fausse naïveté. Ou quel cynisme. C’est au choix.
En attendant cynique pour cynique Benyamin Nétanyahou sait qu’il peut tout se permettre aux USA alors que l’inverse demeure loin d’être avéré voire la dernière visite de John Kerry en Orient. À la tribune de l’ONU “Bibi” peut donc affirmer sans être contredit que Hamas et Daech marchent main dans la main sans que personne ne le contredise. Affirmer dans la foulée que l’Iran est un des « pays les plus dangereux au monde »…
Mais si le Premier ministre israélien s’autorise de telles rodomontades c’est aussi parce qu’il sait se trouver en pays conquis assuré qu’il est de l’ensemble des élus républicains et de nombre de leurs homologues démocrates tous persuadés d’une ancestrale union biblique liant USA et Israël. Cela devrait être plus souvent dit. Ce que Le Monde oublie de signaler au passage.
