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Gaza : après la destruction et la reconstruction l’union nationale des Palestiniens ?

lundi 13-octobre-2014

Rappel des faits trois jeunes colons israéliens enlevés et assassinés sans que la responsabilité du Hamas ait pu être sérieusement mise en cause de quelque manière que ce soit. Puis cinquante jours de guerre acharnée quelques milliers de morts civils et une Bande de Gaza à nouveau dévastée au cours de l’opération “Bordure protectrice”.

Et Ban Ki-moon secrétaire général de l’ONU de déplorer : « Gaza reste une poudrière. (…) Ses habitants ont désespérément besoin de voir des résultats dans leur vie quotidienne. » Puis même si l’homme n’a évidemment aucun pouvoir politique réel a-t-il au moins le mérite de livrer le fonds de sa pensée : « Vous devez comprendre le niveau de frustration des habitants de Gaza. (…) Je suis très en colère. (…) En 2009 la Communauté internationale s’était déjà réunie [en Égypte déjà. NDLR] pour la reconstruction de Gaza. Nous sommes à nouveau ici. (…) Le cycle des constructions et des destructions se poursuit. Il empire même… »

Ainsi les représentants des divers pays réunis ce dimanche dernier au Caire se sont-ils engagés à verser 54 milliards de dollars (43 milliards d’euros) pour venir en aide à la reconstruction de la Bande de Gaza. Tel que « demandé » par les États-Unis lesquels ont une fois de plus « exigé » des Israéliens et des Palestiniens « qu’ils reprennent sérieusement les négociations de paix. » Après la langue de bois celle de la diplomatie tant il peut parfois se montrer délicat d’exiger de l’incendié qu’il fasse la paix avec l’incendiaire…

Après la répartition de la facture. Sans surprise le Qatar devrait contribuer à hauteur de 800 millions d’euros contre 400 sur trois ans pour Washington et 450 pour l’Union européenne. Et Israël ? Rien comme il se doit même si principal pompier pyromane en cette région du monde et qui tel qu’à son habitude fait financer par d’autres que lui les ravages qu’il a commis.

Après tout cela est bien beau et l’on peut comprendre la sincère et légitime colère de l’Américain John Kerry qui réclame une fois de plus mais sans risque majeur d’être entendu que les négociations de paix qu’il avait relancées en 2013 avant qu’elles n’échouent en avril pour les raisons qu’on sait reprennent enfin. Le moins attentif des observateurs sait bien que la malgré la puissance le pouvoir d’un John Kerry est assujetti à des forces politiques internes le dépassant de loin. Mais au moins aura-t-il rappelé ceci : « Un cessez-le-feu ce n’est pas la paix. Nous devons nous rasseoir à la table des négociations et aider les parties à faire des choix difficiles de vrais choix. Ces choix dépassent un simple cessez-le-feu parce que même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la paix même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la sécurité pour Israël et un État et leur dignité pour les Palestiniens… »

Pour le moment et comme toujours l’État hébreu joue la montre tout en estimant qu’il est urgent de ne surtout pas se presser. De leur côté les Palestiniens redonnent corps à cette union nationale qui prévalait avant la dernière équipée militaire israélienne. Hamas et Fatah ont donc mis leurs différents sous le boisseau et Dieu sait si ce sacrifice a parfois dû être difficile pour les deux parties en présence. Il n’empêche que ce qui paraissait si ardu à faire a été accompli.

Et même les autorité israéliennes ont dû se résoudre quelques heures durant tout au moins à lever le blocus pesant sur Gaza pour laisser passer la délégation venant de Cisjordanie. Aux dernières nouvelles le Hamas abandonnerait donc ses prérogatives politiques à un « gouvernement d’experts » tout en continuant à se charger des mesures « d’urgence » eau électricité et nourriture du peuple l’ayant démocratiquement élu fait qui n’est pas sans importance mais que trop de commentateurs ont une fâcheuse tendance à passer en pertes et profits.

Pour autant Maamoun Abou Chahla ministre du Travail prévient : « Le simple aménagement du siège de Gaza par Israël ne serait pas suffisant il faut en finir avec le blocus. Le gouvernement palestinien voudrait que les points de passage vers l’Égypte au sud et vers Israël s’ouvrent que les marchandises et les hommes puissent circuler à nouveau. »

Bref si les Palestiniens auraient tendance à opter pour une paix durable les Israéliens eux préféreraient manifestement un gel momentané du conflit ; comme toujours. Pour faire la paix au moins convient-il d’être deux. Et là une fois encore et quoique désormais réunis les Palestiniens se sentent bien seuls.

Voilà qui donne un éclairage intéressant à cette déclaration d’Abou Muaileq patron de l’Union des entrepreneurs palestiniens s’étonnant que Tel-Aviv veuille rationner livraisons de ciment de câbles électriques et autres matériaux de première nécessité : « Ce plan ne va faire que retarder le calendrier alors que nous avons besoin d’actions rapides. Les Israéliens ont trop lu de brochures sur Gaza. La surveillance totale est impossible. A moins que leur objectif réel soit de nous rendre la vie impossible. »
Si tel état le cas personne n’en serait fondamentalement étonné sachant que depuis 1948 il en a quasiment toujours été ainsi.

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