Il en été fait mention maintes et maintes fois en ces colonnes mais l’historique réconciliation entre Hamas et Fatah est pour le moment en bonne voie. Après il convient encore de ne pas sombrer dans l’angélisme sentiment généralement assez peu opérant en politique.
Il n’empêche que ce jeudi dernier les deux frères ennemis sont enfin parvenus à un accord au Caire en Égypte. Accord qui permettrait à Gaza comme en Cisjordanie de passer la main à un « gouvernement de technocrates ». Pourquoi pas mais il suffit de voir la situation française pour comprendre que ces « technocrates » ne sont pas non plus la solution de tous les maux.
Bien sûr rien ne sépare fondamentalement ces deux adversaires et entre le tropisme laïc de l’OLP et celui plus religieux des Frères musulmans les deux rives sont malgré tout assez proches pour que le mains se tendent et qu’un pont commun leur permette de se rejoindre. Après il y aura le partage des ressources financières. Entre trésor de guerre du Fatah et financement de plus en plus qatari du Hamas il faudra bien que les interlocuteurs mettent les chiffres sur la table et qu’enfin ils parlent la même langue. En ce sens un gouvernement de « technocrates » ou « d’experts » peut être le bienvenu.
Cette réconciliation vient de plus au pire et au meilleur moment. La dernière fois où elle fut esquissée elle donna lieu à une grossière provocation de l’État hébreu et aux milliers de morts qui s’en suivirent opération « Bordure protectrice » oblige. Méfiance donc. Mais peut-être un peu d’espoir aussi à en juger de l’actuelle situation internationale en Irak en Syrie et surtout aux frontières de la Turquie. Dans la vulgate médiatique occidentale le Hamas était le « monstre » le « barbare »… Même si cette notion en termes civilisationnels demeure toute relative les faucons de la Maison blanche et de la Knesset en viendraient éventuellement à imaginer qu’il puisse exister plus « monstrueux » et plus « barbare » que ce mouvement issu d’une confrérie pourtant historiquement pacifique : celle des Frères musulmans.
Ainsi il n’est pas incongru d’imaginer qu’à long terme devant un Fatah démonétisé par d’interminables négociations israélo-palestiniennes n’ayant abouti que sur vide et spoliation le Hamas puisse devenir le dernier interlocuteur sérieux. Les Anglo-saxons – car ce sont eux qui mènent le jeu finalement plus que les Israéliens nonobstant leurs lobbies envahissants ayant table ouverte et ronds de serviette à Washington – présentent au moins cette qualité résidant en un ancestral pragmatisme. Alors oui pourquoi pas… Mahmoud Abbas pour la vitrine et le Hamas pour les choses sérieuses ? Ça peut paraître incongru au premier abord mais finalement pas tant que ça… L’avenir le dira.
La preuve en est peut-être que les députés anglais viennent de voter à une écrasante majorité (274 voix contre 12) la création d’un État palestinien ce à rebours des recommandations du Premier ministre David Cameron pour le coup aligné sur la traditionnelle ligne occidentale impulsée par la Maison blanche.
Si comme il est coutume de dire en France une hirondelle ne fait pas forcément pas le printemps un signe demeure un signe. Et ce dernier est fort. Affaire à suivre tel que toujours…
