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Proche et Moyen-Orient : une drole de partie de cartes !

mardi 28-octobre-2014

C’est ici une sacrée de partie de cartes qui se joue. À la même table Hamas et Autorité palestinienne. Turquie et Arabie saoudite. Iran et Israël. Tentons de décrypter l’affaire.

Pour commencer donnons la parole au dernier des protagonistes l’État hébreu montrant qu’il a des récents événéments une vision de plus en plus erratique. De tous ces joueurs c’est donc le moins assuré. D’où la récente visite de son ministre de l’Intérieur Moshe Yaalon aux USA. Au lieu de ménager la Turquie son allié historique en la région il l’attaque bille en tête : « Elle a un jeu cynique ». Et d’affirmer : « Le représentant du Hamas en Turquie Saleh Al-Arouni a monté des opérations terroristes contre les Israéliens et supervisé une tentative de coup d’État cet été contre Mahmoud Abbas. » Laquelle « opération terroriste » aurait consisté à l’énlèvement de ces trois colons juifs ayant entraîné l’opération Bordure protectrice… Tout cela vient du très officiel site timeofisrael.com.

Que les relations entre Hamas et Autorité palestinienne n’aient pas toujours été au beau fixe c’est une évidence. Mais c’est précisément au moment où ces deux factions étaient en voie de réconciliation que l’opération israélienne a commencé. Alors que même la police israélienne admettait qu’en la circonstance le Hamas n’était strictement pour rien dans la mort de ces trois jeunes gens ; prière de se reporter à nos précécents articles. Bref la faribole israélienne ne tient pas et même les Américains n’y croient plus. Du coup pourquoi s’en prendre à la Turquie ? Peut-être parce qu’Istambul en matière d’aide à la Palestine aimerait faire jeu égal avec son rival sunnite (Arabie Saoudite et Émirats) et prendre le pas sur ses ennemis chiites de toujours Iran et Syrie. Et que tant diviser pour régner exercice dans lequel Israël a toujours excellé autant y aller de bon cœur.

Pour faire face Istambul ne manque pas d’arguments ou tout au moins de gages en matière d’antisionisme et de défense des Territoires occupés : virile sortie du Premier ministre Recep Erdogan vis-à-vis de Shimon Peres en pleine opération Plomb durci en 2008 lors du Forum de Davos : « Quand il s’agit de tuer vous savez très bien comment tuer. Je sais bien comment vous frappez et tuez les enfants sur les plages. » Deux ans plus tard la Turquie payait le prix fort avec la flotille Mavi Marmara destinée à alléger le blocus sur la Bande de Gaza là où neuf Turcs trouvèrent la mort se défendant à coups de bâtons alors que dix soldats israéliens n’étaient que blessés.

De fait la Turquie demeure d’un côté prisonnière de sa traditionnelle alliance conclue avec Israël un peu au même titre que l’Iran de jadis : soit une sorte d’arc anti-Arabe. Mais les alliances d’un jour ne sont pas celles de toujours. Ne serait-ce qu’à cause du Kurdistan peuple à cheval sur Turquie Syrie et Iran. De cet État potentiellement indépendant Istanbul n’en veut à aucun prix. Damas n’a plus forcément le choix de sa stratégie en la matière et surtout par les temps qui courent. Quant à Téhéran tout est toujours négociable mais pas à n’importe quel prix. Puis Tel-Aviv une fois de plus dans le grand flou sachant que les bombardements à répétition de Gaza ne sauraient à long terme tenir lieu de politique…

Comme souvent c’est au Liban pays à la croisée des religions et des cultures que l’on trouve les analyses les plus fines. L’Orient-Le Jour de de mercredi dernier : « Des Libanais qui sont rentrés récemment de Ryad reflètent le mécontentement grandissant des autorités saoudiennes des agissements de l’Iran ainsi qu’une grande crainte saoudienne de la conclusion rapide d’un accord entre la communauté internationale et Téhéran sur le dossier nucléaire. » L’Arabie Saoudite qu’on avait failli oublier dans la partie de cartes plus haut évoquée parce que finalement ce pays comme ses voisins émiratis ne pèsent guère plus que le poids de leur argent. Argent qu’ils déversent par wagons entiers au grè des circonstances ; n’ont qu’une crainte celle d’être un jour lâchés par les USA ce qui vaut aussi pour l’État hébreu. Paradoxalement Palestine et Israël se battent tous deux pour leur survie. Turquie et Iran les deux seuls États véritablement constitués de la région forts d’institutions solides ont un long passé historique en bagage et tout l’avenir devant eux au contraire des Saoudiens et des Émiratis susceptibles de sortir de l’Histoire aussi vite qu’ils y sont entrés…

Nonobstant entre Turquie et Iran ces deux empires millénaires le poids et le choc des religions ancestral antagonisme entre sunnites et chiites qui de l’un ou de l’autre l’emportera ? Ou les deux finiront-ils par consolider des alliances qui malgré des régimes de part et d’autres fluctuants n’ont jamais été véritablement dénouées ? Et Daesch dans tout ça ? Peut-être un simple éternuement de l’histoire une sorte d’ultime convulsion puisque équipée sauvage composée de militants “islamiques” venus de tous les bords à la fois divers et contradictoires.

Au-delà de l’histoire immédiate et du temps court chers aux médias occidentaux les Palestiniens plus que d’autres sûrement s’inscrivent dans le temps long et savent que tant qu’à demeurer dans le registre du jeu de cartes c’est souvent au dernier pli qu’on gagne la partie…

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