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Reconnaissance de l’État palestinien : les raisons de l’exception suédoise…

mercredi 5-novembre-2014

La Suède premier pays membre de l’Union européenne à reconnaître l’État palestinien c’est désormais officiel. Certes d’autres nations européennes avaient naguère fait de même mais c’était avant leur adhésion plénière à l’Union en question : République tchèque Hongrie Pologne Bulgarie Roumanie Malte et Chypre.

Comme écrit dans nos précédentes éditions la Maison blanche note que cette reconnaissance est « prématurée ». Déclaration à mettre en regard de celle du ministre suédois des Affaires étrangères Margot Wallström : « J’ai peur que cette décision ne vienne plutôt trop tard que trop tôt… » En Angleterre les langues se délient aussi tel que rappelé par Le Figaro du 31 octobre dernier : « Le Parlement britannique s’est prononcé le 13 octobre en faveur d’une telle initiative diplomatique. Le gouvernement de David Cameron s’est empressé de préciser qu’il n’est pas lié par ce vote. Mais le large soutien apporté à cette démarché y compris par des élus réputés pro-israéliens semble indiquer que le vent tourne en défaveur de l’État hébreu. »

En France et ce avec beaucoup de prudence toujours à en croire ce même quotidien « Laurent Fabius a jugé inévitable que la France finisse “à un moment” par reconnaître l’État palestinien. Une démarche “logique” a depuis lors précisé le ministre des Affaires étrangères mais qui devra intervenir en coordination avec d’autres États européens sous peine de rester purement “symbolique”. »

D’où cette saine prudence voulant que d’un côté les Palestiniens on ne crie pas victoire ; et que de l’autre les Israéliens on ne hurle pas non plus à la catastrophe. Bien sûr Mahmoud Abbas président de l’Autorité palestinienne salue une décision « courageuse et historique ». Et comme il se doit le toujours prévisible Avigdor Libermann ministre des Affaires étrangères de l’État hébreu a raillé des Suédois visiblement persuadés qu’il est aussi aisé de ramener la paix au Proche et au Moyen-Orient que « de monter un meuble Ikéa »…

Au-delà de ces joutes et de ces piques plus ou moins pertinentes David Stavrou journaliste israélien résidant à Stockholm a-t-il au moins le mérite de remettre certains faits en perspective dans une tribune publiée par le très sioniste site i24news et de la sorte intitulée : « Israël ne doit pas considérer cette initiative comme hostile autant d’ordre intérieur que diplomatique. » Ainsi peut-on y lire : « Tout d’abord la grande crainte d’Israël de l’effet “boule de neige” ne s’est pas matérialisée. Jusqu’à présent même le Parlement suédois a montré une forte opposition à cette initiative et les Premiers ministres des autres pays nordiques ne sont prêts à suivre. Lors d’un sommet à Stockholm la semaine passée ils ont tous déclaré que malgré leur engagement pour une solution à deux États ils ne sont toujours pas prêts à reconnaître un État palestinien. »

Pourquoi ? Voici peut-être un premier élément de réponse : « Durant ces dernières années les chercheurs hommes d’affaires et entrepreneurs ont coopéré plus que jamais. La Suède et Israël ont beaucoup d’intérêts en commun d’où émanent de nombreuses et juteuses “joint-ventures”… » Mieux : « Les instituts de recherche et les hôpitaux des deux pays sont aujourd’hui partenaires stratégiques tandis que les PDG des principales entreprises des deux pays ainsi que les dirigeants industriels les promoteurs en informatique et en armement voyagent régulièrement sur la ligne Tel Aviv-Stockholm. Un admirateur suédois des investissements israéliens dans les nouvelles technologies a notamment écrit un article publié il y a quelques mois dans la presse suédoise sur son “inspiration des méthodes utilisées en Israël”. Le nom de l’auteur n’est autre que Stefan Löfven le nouveau Premier ministre suédois » l’homme de la reconnaissance officielle de l’État Palestinien. Et David Stavrou d’ajouter cruel : « Son approche ne reflète pas exactement celle d’un militants aux préjugés anti-israéliens… »

D’où cette conclusion : « Laissant la réprobation israélienne de côté il reste néanmoins quelque chose à dire concernant l’approche éthique et concrète de la Suède vis-à-vis du conflit israélo-palestinien. Sa volonté de s’engager dans une région où la plupart des autres pays ont renoncé est admirable. (…) Avec toute cette bonne volonté si la Suède prend soin de ne pas détériorer sa relation avec Israël cela pourrait être exactement ce dont la région a besoin : un partenaire international impartial et non-aligné. »

Comme quoi tout est généralement plus compliqué qu’on ne le croit.

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