Fri 20-September-2024

Al Haram Al Ibraahimi Al Sharif et la vieille ville d’Al Khalil (Hébron) entre le marteau des colons et l’enclume de l’a

mardi 6-février-2007

Khalil – CPI.

 

A la porte de l’arche des « Ashraf » (nobles descendants du prophète) à quelques mètres de l’entrée de la mosquée Abrahamique sacrée dans la vieille ville de Khalil nous nous sommes tenus debout dans les cages de fer attendant que le soldat sioniste assis à deux mètres des portes électroniques appuie sur le bouton qui nous permet d’entrer… Evidemment presser ce bouton obéit totalement au bon vouloir du soldat qui satisfait par son autorité une pure et sauvage agressivité…

« Reviens en arrière… Mets la valise sur la chaise »… Ordres militaires que tu es obligé d’exécuter…  « Retire tout ce que tu portes en fer sur toi… Débarrasses-toi de tout ce qui peut indiquer ton origine palestinienne … Même les traits de ton visage »… Et cela avant que ne débute l’étape de la fouille corporelle…

C’est ainsi qu’est la situation aux portes – positions militaires sionistes- qui entourent l’entrée de la mosquée Abrahamique sacrée passages obligés que chaque palestinien désirant faire une prière dans la mosquée doit franchir.

 

Un commerce ruiné

 

Une fois dépassée la « région de jonction » située entre la vieille ville et le quartier de « Bab Al Zawya » à Khalil on est anéanti par la vision qui s’offre au spectateur: on découvre que les rues souffrent d’un handicap total en matière de commerce de vendeurs et d’acheteurs…

Lorsqu’on dépasse les quelques boutiques situées près de la pourriture coloniale « bet Hdassa » on est confronté à une vie triste morte… Elle ne recèle plus aucune animation aucune vie… Seulement cinq boutiques encore ouvertes dans la vieille rue d’« Al Shallalah » les autres fermées soit en conséquence des ordres militaires ou bien à cause du dépérissement commercial qui entoure la région.

 

Pendant qu’on a traversé cette rue on n’a aperçu aucun acheteur ou client… Il n’y avait que les quelques propriétaires des boutiques ouvertes qui étaient assis à discuter de leur vie. Ils ne nous ont même pas demandé de visiter leurs magasins comme c’était de coutume auparavant.

Nous avons poursuivi notre marche dans la rue sans entendre rien d’autre que l’échos de nos pas jusqu’à notre arrivée à la place du marché où la situation n’était pas meilleure en dehors de la présence de quatre positions militaires sionistes : Deux dans l’ancien bâtiment de l’école« Oussamah bnou Mounqiz » que les colons se sont autorisés d’appeler : « bet (la maison de) Romano » et deux autres en face de la moisissure coloniale de « Bet Hdassa ».

Sur la terre ferme une position militaire sioniste avait été mise en place sur une grande surface fortifiée et protégée par des sacs de sable qui fait face à l’entrée de la rue d’ « Al Ramlah » dans la direction du marché.

 

Nous avons franchi les positions et atteint « Khazaq Al Qar » (le marché des Qanaater) où nous n’avons trouvé aucune difficulté à estimer le nombre de magasins encore ouverts : uniquement huit dont plus aucun client n’avait franchi les portes depuis bien longtemps.

A la droite de cette rue s’est assis un palestinien discutant de la médiocrité de la situation. Nous n’avons pas été étonnés de le voir vendre le kilo de « Qattayef » (pâtisserie arabe) à uniquement quatre Shekels où même sûrement un prix inférieur si nous l’aurions demandé ; alors que dans la région de Bab Alzawaya le prix du kilo de Qattayef est de huit Shekels…

Le propriétaire de la boutique en question dit d’ailleurs : « Nous vendons toujours à faible prix et ne recherchons pas le bénéfice… Notre présence dans le marché est uniquement pour la subsistance de notre existence… Nous nous contentons seulement de subvenir aux besoins des habitants de la vieille ville ».

 

Au marché de « Qazzazine » nous avons attendu cinq minutes sans qu’un seul acheteur n’apparaisse. Il y avait trois enfants qui jouaient au milieu du marché contents comme des captifs auxquels on aurait accordé un instant de liberté dans une grande prison.

Contrairement aux fois précédentes personne ne nous a plus demandé d’acheter. En effet le commerçant ne se préoccupe plus de la présence de clients car la plupart de ceux qui passent par le vieux marché et surtout par le quartier d’  « Al Qassabah » le font soit pour visiter des connaissances et de la famille qui persévèrent dans l’enfer de la vieille ville soit pour visiter et prier dans la mosquée Abrahamique en notant que ces derniers sont très peu nombreux.

 

L’un d’eux a dit: « certains des propriétaires des boutiques n’ont pas ouvert leur échoppes afin de faire du commerce mais pour bénéficier d’une aide financière accordée par l’autorité palestinienne pour aider à la subsistance des habitants dans la vieille ville ». Il ajoute : « lorsque les habitants ouvrent leurs boutiques pour quelque raison que ce soit il ne leur est plus permis de rendre effectif leur commerce par l’entrée ou la sortie de marchandises comme cela se faisait avant ».

 

Lorsque nous sommes arrivé au palais « AL Sharbany » dans le quartier d’ « Al Qassabah » j’ai pensé au premier abord que ma mémoire m’a trahit : le palais est sans vie et sans lumière alors qu’il a toujours été plein pendant les trente dernières années…

Le palais « Sharbany » avait été une importante marque culturelle et historique dans la vieille ville de Khalil. Lorsque nous nous sommes approchés pourtant l’endroit nous est apparu comme un amas de déchets. Le chemin complètement obstruée ne montrait aucun signe de vie. Un sentiment de désespoir nous a alors envahis et nous sommes retournés sur nos pas.

 

Les colons et leurs opérations terroristes

 

Des dizaines de colons sionistes de la moisissure coloniale de « Ramat Yachay » du quartier de « Tal Al Rmaydeh » en plein centre de la ville continuent à perpétrer des attaques et des agressions organisées contre la population de la région. Et même lorsqu’une délégation française est venue en guise de soutien à la population palestinienne locale les membres de cette délégation ont alors subit une agression barbare de la part des colons de « Abraham Abino » alors qu’ils se promenaient dans la vieille ville et cela la semaine dernière.

Les français venu soutenir la cause palestinienne se sont alors réfugiés dans la maison de « Nidal Aloyowy » pour se protéger mais les colons ont attaqué la maison l’ont criblée de pierres et de bouteille en verre en lançant des slogans racistes contre les arabes.

Dans le quartier de « Al Ramidah » au centre de la ville les colons ont poursuivis durant la semaine dernière leurs attaques contre les populations désarmées ont fait pleuvoir des pierres sur beaucoup de maisons… La famille de Mohammad Abou Echah qui habite à quelques mètres de la colonie révèle que plus de 30 colons ont attaqué quatre membres de leurs famille : Mohammad Abou Echah Tayssir Abou Echah et ses deux enfants Mohammad et Rajaa leurs jetant des dizaines de pierres et ce sous le regard des forces de l’occupation.

Ainsi les colons attaquent toutes les maisons palestiniennes proches de leur pourritures coloniales ainsi que les quartiers palestiniens difficiles d’accès afin d’empêcher les habitants d’y parvenir dans le but de s’en emparer et d’empêcher les palestiniens d’y retourner…

 

 

L’armée de l’occupation et la terreur des populations

 

Avant d’avoir fini notre chemin nous nous sommes arrêtés devant le vendeur de maïs occupé à ranger ce qui restait encore sur sa table lorsqu’il a aperçu une patrouille sioniste qui tenait ses fusils braqués sur nous.

Quelle horreur ! Six soldats qui font trois pas en avant puis un en arrière (coutume militaire) deux qui tiennent leurs fusils levés sur des cibles illusoires devant eux deux autres effectuaient le même acte mais vers l’arrière tandis que les deux soldats du milieu avance d’un pas normal sans le moindre mouvement militaire.

 

Leur objectif était clair : donner l’illusion à quiconque ayant encore un peu de courage qu’il n’y a pas moyen de revenir à la vieille ville à cause de ce qui se passerait si l’un des soldats lui fait la surprise d’appuyer sur la gâchette comme cela est arrivé de nombreuses fois…

 

Avant d’arriver à «l’arche des nobles » garnie de portes électroniques nous nous sommes arrêtés pour demander à l’un des habitants qui vendait des chaussures des détails sur l’accessibilité de ces portes : « rentres de par cette porte et apparais devant le soldat afin qu’il te permette de traverser l’enceinte et rentrer à la mosquée… quand à nous nous n’avons pu y pénétrer depuis la mise en place de cette position électronique il y a six mois »… c’est ainsi qu’arriver à rentrer fut pour nous un exploit comparable au passage de la grotte d’Ali baba et les 40 voleurs !

 

Au premier passage il y avait une femme près de nous qui tapa sur les barreaux ; le soldat attendit quelques instants puis lui ouvrit la porte par une pression de bouton. J’ai alors tenté d’entrer avec la dame croyant que par là j’allais lui épargner la nécessité de presser le bouton une seconde fois. Mais j’ai compris qu’apparemment presser le bouton n’était valable que pour une seule personne. Entre temps nous sommes restés coincés face aux barreaux de la porte attendant le bon vouloir du soldat jusqu’à ce qu’il nous permette de franchir enfin.

 

Après une nouvelle pression d’un bouton qui a déclenché une sonnerie nous avons cru qu’il nous était demandé de nous mettre en rang pour ne pas gêner le confort visuel des soldats. Mais le soldat nous a en fait demandé de mettre nos valises sur la chaise positionnée dans une cage spécialement conçue à cet effet. Cette opération devait être répétée à chaque passage. Encore cinq minutes après ils nous ont permis de traverser la deuxième barrière pour enfin emprunter le chemin de la mosquée.

 

La prière à la mosquée Abrahamique

 

Le soldat installé à la porte de la mosquée abrahamique a plongé sa main dans ma valise et a demandé : « Que sont tout ces papiers ? » Je lui ai répondu que je travaillais dans le journalisme mais aujourd’hui j’étais venue faire la prière et qu’il était de mon droit de garder mes affaires. Il m’a encore questionné : « tu es une candidate aux élections ? ». J’ai répondu : non et lui de continuer : « pourquoi portes-tu tant de papiers concernant les élections alors ? » Je lui expliquais que j’écrivais sur les élections et lui demandais si quelque chose pouvait bien s’opposer à ce que j’écrive sur les élections !

Une femme soldat assise aux cotés d’un autre soldat m’a alors dévisagé d’un regard vicieux. Elle a ensuite appuyé sur mon petit médaillon qui portait la photographie de Raaed Salah puis elle m’a hurlé à la figure : « Qui est-ce ? » Je lui ai répondu : c’est le cheikh Raeed Salah… Elle demande : « et qu’est ce que c’est que sa ? » je lui réponds « du coran ». Puis un soldat de la douane a commencé à examiner et lire mes papiers. Il demande :  « Quel est ce poème ? Et pourquoi écris-tu avec tant de racisme ? » Je lui réponds : je n’écris pas de poèmes mais c’est une chanson que j’ai répété au mariage d’un de mes proches… Il me demande alors étonné : « Et vous dansez sur les airs d’Al Aqsaa et Al Quds ?! » je lui réponds : « et pourquoi pas … »

 

Puis le soldat m’a demandé si j’avais une carte d’identité je lui ai répondu que oui. Il la alors prise a téléphoné et donné le numéro de ma carte d’identité. Un instant plus tard il me rend ma valise et ma carte et me dit de partir.

Je reprenais mon souffle mais avant même de mettre un pied à la porte de la mosquée un autre soldat m’a arrêtée. Il a ensuite effectué cette même opération de fouille que les précédents et quand je lui ai dit que j’étais restée plus d’une demi heure dans la précédente fouille il ne m’a pas accordé la moindre attention.

 

Une domination sioniste sur la mosquée Abrahamique

 

Lorsque nous nous promenions dans la mosquée Abrahamique nous n’entendions que les bruits des juifs qui effectuaient leurs cérémonies religieuses dans la partie fermée confisquée par les colons sionistes et qui a été transformée en une synagogue juive.

Ainsi nous avons été saisis d’un profond chagrin lorsque nous avons vu que le nombre de fidèles dans la mosquée n’était que de cinq et cela en plus de cinq autres qui sont les gardes de la mosquée…

 

A l’intérieur de la mosquée il y avait un homme qui exposait aux cinq fidèles la valeur historique de la mosquée de la grotte et des stèles et mausolées présents dans la mosquée. Il nous a informé que les autorités sionistes ont placé 16 caméras de surveillance reliées à des ordinateurs en dehors de la mosquée afin de guetter chaque mouvement effectué à l’intérieur…

 

Le guide poursuivait disant : « le nombre de fidèles a sensiblement diminué après la mise en place de ces portes électroniques à l’entrée de « l’arche des nobles ». En effet cette porte est devenue l’entrée principale de la mosquée. Il ajoute : il existe un autre chemin par la rue de « AlKarantina » qui passe près de l’école Abrahamique mais celui-ci est trop éloigné et les habitants ne l’utilisent qu’en cas de nécessité absolue ».

 

Nous n’avons pas rencontré pendant notre visite à la mosquée un seul fidèle de la ville de Khalil. En effet l’homme nous explique : « la mosquée était fréquentée par un millier de palestinien le vendredi et ce avant la mise en place des porte. D’habitude au moins 300 fidèles venaient y accomplir la prière de Dohr ; quant à celles de alFajr et alIchaa cent fidèles y étaient toujours présents dans les pires des cas. Mais maintenant pas plus de quelques personnes ne parviennent à venir à la prière de alFajr pareil pour celle de alIchaa. Et même parfois aucun fidèle ne parvient à pénétrer dans la mosquée… »

 

Il a ajouté que l’occupation sioniste a accordé aux musulmans dix jours afin de pouvoir célébrer leurs fêtes et occasions religieuses où il leur est alors ouvert tout l’espace de la mosquée alors que pendant l’année plus de 60% de la mosquée reste interdite d’accès. Cependant lors des fêtes juives la porte leur est ouverte à eux alors qu’elle demeure fermée aux musulmans jusqu’à ce que les jours de fêtes arrivent à terme avec entre temps les juifs qui réalisent l’ensemble de leurs pratiques religieuses : danser boire et ce qui va avec à l’intérieur même des cours de la mosquée…

 

La mosquée est également entourée de tout part de bon nombre de positions militaires de façon à ce qu’aucun fidèle ne puisse parvenir à la mosquée sans une fouille et un interrogatoire minutieux alors que ces opérations de fouille sont totalement épargnées aux colons sioniste qu’ils entrent o sortent de la mosquée.

De plus l’autorité de l’occupation empêche d’effectuer l’« Athan » (appel à la prière) dans la mosquée lors des fêtes et des cérémonies religieuses juives et durant les opérations de bouclage fréquentes de la vieille ville.

 

Les anciens et nobles marchés

 

Lors de notre passage dans le quartier de « Qassabah » on a essayé de pénétrer dans les vieux souks le marché de « Al Hassabah » le marché de « Al Etq » « Khan Chahine » mais nous les avons tous trouvés totalement bouchés de grandes portes qui interdisent même au regard de passer… Sur ces portes sont placées des planches de bois qui permettent à l’armée et aux colons de travailler à changer entièrement les traits transformer ces quartiers loin des yeux des habitants et des observateurs… L’armée de l’occupation s’est en fait emparée de ces marchés un mois après le déclenchement de « Intifada Al Aqsaa » et a interdit formellement a la population d’y mettre le pied. Elle a détruit les petites boutiques et les échoppes appartenants aux commerçants palestiniens et a fermé la totalité des commerces qui s’y trouvaient ; au point où ces souks font maintenant parti d’un passé lointain…

 

Lorsque nous quittâmes enfin la ville nous n’entendions que l’écho de nos pas et les bruits des soldats sionistes nous criant des mots dans une langue que nous ne comprenions pas…

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