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Abbas envisagerait de dissoudre l’Autorité palestinienne

mercredi 9-janvier-2013

 

Mahmoud Abbas menace une nouvelle fois d’un effondrement de l’Autorité Palestinienne [AP] si l’attitude israélienne reste sans changement. Nombreux sont ceux qui estiment que cette fois-ci Abbas est sérieux…


Des enfants brandissent des drapeaux palestiniens et du Fatah pendant une célébration marquant le quarante-huitième anniversaire du mouvement dans Manger Square dans la ville de Bethléem en Cisjordanie occupée – Photo : AP

Frustré par la poursuite de l’expansion coloniale israélienne en Cisjordanie en dépit des critiques internationales le chef de l’Autorité palestinienne de Ramallah Mahmoud Abbas a cette semaine menacé de dissoudre le régime palestinien d’autonomie si le prochain gouvernement israélien continuait à saboter tout espoir de paix.

Des élections générales sont programmées le 22 janvier prochain en Israël et beaucoup d’observateurs prévoient qu’elles produiront un gouvernement d’extrême-droite.

S’exprimant lors d’une interview avec le journal Haaretz Abbas a expliqué qu’il ne patienterait que quelques semaines et que si l’attitude israélienne ne changeait pas il réservait une véritable surprise pour les Israéliens et le reste du monde.

« Si le prochain gouvernement israélien refuse d’honorer des engagements pour la paix et continue à voler nos terres et à construire des colonies je demanderai à Binyamin Netanyahu de s’asseoir à ma place. Je lui balancerai les clés et je partirai. »

Abbas a dans le passé souvent menacé de dissoudre l’AP mais sans aller jusqu’à passer à l’acte. Mais à présent des sources proches du chef palestinien vieillissant aussi bien que quelques analystes sérieux sont certains que « cette fois-ci ce sera différent. »

« Cette fois il semble sérieux. Il semble s’être rendu compte que la situation ne peut pas continuer comme cela Israël défiant le monde entier en volant notre terre et en tuant toute perspective d’établir un état Palestinien viable avec Jérusalem comme capitale » a déclaré Abbas Zaki un officiel haut placé de l’Organisation de Libération de la Palestine [OLP] et un confident du chef de l’AP.

« La communauté mondiale nous a accordé la reconnaissance comme État observateur. Si le monde n’est pas capable de faire respecter ses propres décisions c’est son affaire. Mais en ce qui nous concerne nous ne pouvons plus être les complices de ce genre de supercherie. »

D’autres officiels palestiniens s’exprimant sous la condition de l’anonymat ont déclaré qu’Abbas commettrait un suicide politique s’il n’appliquait pas ses menaces.

« Le peuple palestinien est à présent sans illusion et il est à bout de patience » déclare un de ces officiels. « L’heure de prendre une décision définitive est venue et si nous continuons à nous plaindre à répéter les platitudes habituelles et à lancer des menaces sans effet personne ne nous croira plus » ajoutent d’autres.

Provocations incessantes

Depuis que l’Assemblée Générale des Nations Unies a reconnu la Palestine comme État observateur en novembre dernier Israël a pris un certain nombre de décisions tout à fait provocatrices et fortement critiquées consistant à installer des milliers d’unités d’habitations supplémentaires dans les colonies dans le secteur de Jérusalem et dans d’autres zones de la Cisjordanie sous occupation.

Les derniers projets de colonisation juive incluent une colonie énorme devant être construite entre Jérusalem Est et la colonie de Maali Adumim quatre kilomètres à l’est. La colonie prévue diviserait la Cisjordanie en deux moitiés coupées l’une de l’autre et mettrait un terme à n’importe quelle continuité démographique entre la Jérusalem Est arabe et sous occupation et le reste de la Cisjordanie. Ce serait la fin de tout espoir pour les Palestiniens d’avoir un jour un État avec Jérusalem Est comme capitale.

La direction de l’AP comme le reste du monde arabe et musulmans voit les plans coloniaux israéliens comme un coup mortel porté à un processus de paix déjà moribond. Par ailleurs la majeure partie de la planète avec en tête l’Europe et les États-Unis a dénoncé les décisions israéliennes invitant Tel Aviv à repenser ses plans d’extension coloniale.

Mais le gouvernement israélien a réagi aux critiques internationales avec son entêtement caractéristique le Premier ministre Netanyahu se gaussant des critiques en disant « Nous bâtissons notre propre capitale ; ça ne regarde personne. »

Selon des sources palestiniennes bien informées à Ramallah l’attitude de défi de Netanyahu a convaincu la direction de l’AP que « Netanyahu ne sera jamais un honnête partenaire de paix. » « Je pense que Netanyahu est un extrémiste. C’est triste qu’il nous ait fallu autant de temps pour nous en rendre compte » a dit Hani Al-Masri chroniqueur basé à Ramallah et proche des décideurs de l’AP.

Une décision pas facile

Dissoudre le régime de l’AP ne sera pas une décision facile. Jusqu’à un million de Palestiniens dépendent pour leur subsistance des salaires payés par l’AP à quelques 175 000 employés et fonctionnaires dont environ 70 000 personnels de sécurité chargés du « maintien de l’ordre ». D’autres supervisent la coordination sécuritaire avec Israël d’une importance considérable pour le régime sioniste.

Mais les partisans de la dissolution de l’AP arguent que le régime de Ramallah est déjà devenu un sérieux handicap pour la cause nationale palestinienne et la lutte pour la libération et la justice. Ahmed Qurei ancien premier ministre de Yasser Arafat est un ardent défenseur de la dissolution de l’AP si « il n’y a pas d’autre solution pour parvenir à notre liberté. »

« Je ne pense pas qu’un seul Palestinien accepterait d’échanger l’Autorité [palestinienne] pour un Etat palestinien. Nous devons donc être disposés et prêts à dissoudre l’AP s’il faut en passer par là pour établir un véritable État avec Jérusalem comme capitale. »

Plusieurs chroniqueurs ont toutefois critiqué la menace d’Abbas de dissoudre l’AP l’un d’entre eux faisant valoir qu’Abbas n’a pas le droit de le faire. « L’AP n’est pas un bien personnel de Mahmoud Abbas dont il peut disposer comme il veut. Il doit soumettre la question au peuple palestinien » a dit Talal Okal journaliste et analyste politique éminent.

Outre l’impasse politique résultant de l’intransigeance israélienne et de l’incapacité de la communauté internationale de faire pression ou d’obliger Israël à renoncer à son entreprise coloniale aux dépens des Palestiniens l’AP est confrontée à une crise financière majeure sans précédent depuis la signature des Accords d’Oslo il y a 20 ans. Elle ne paye plus les salaires suscitant incertitude et rumeurs sur une dissolution proche. Ceci coïncide également avec une intensification des grèves et des protestations par les enseignants et autres fonctionnaires.

Le mois dernier la Ligue arabe a promis d’aider l’AP à hauteur de 100 millions de dollars par mois pour compenser les recettes fiscales et douanières retenues par Israël comme punition pour l’initiative diplomatique palestinienne aux Nations Unies. Cependant à ce jour pas un centime de la somme promise n’a été transféré dans les coffres du régime de Ramallah.

Cette semaine le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi et le ministre égyptien des Affaires étrangères Mohammad Kamel Amr sont arrivés à Ramallah pour « discuter de la crise ». Les deux hôtes n’avaient pas grand chose à dire pour réconforter l’AP à part lui conseiller la patience.

Un responsable de l’Autorité a accusé l’administration Obama de « donner instruction aux régimes arabes de revenir sur leurs engagements financiers vis-à-vis de l’AP pour obliger l’AP à faire davantage de concessions à Israël. »

2 janvier 2012 – al-Ahram Weekly – Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/News/799…
Traduction : CZ pour Info-Palestine.net & MR pour ISM France

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