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Naïveté palestinienne ?

mardi 12-juin-2012

Le récent accord entre le Fatah et le Hamas pour rafistoler leurs différends provoque beaucoup de haussements de sourcils en Palestine occupée et au-delà.

Découragés par les nombreux fiascos auxquels ils ont assistés dans le passé de nombreux Palestiniens pensent que cet accord finira par s’évaporer dans une nouvelle déception. D’autres préfèrent considérer cela comme un verre à moitié plein. Ils affirment que le fossé entre les deux plus grands camps politiques palestiniens a duré trop longtemps et coûté au peuple palestinien et à sa juste cause d’irréparables dommages à un point tel que les deux groupes ont maintenant appris les leçons nécessaires et sont prêts à coexister pacifiquement. Même si ce n’est pas à l’amiable.

Dans le cadre de l’accord les deux organisations ont convenu de former un gouvernement d’unité nationale de préparer des élections et d’entamer un processus de normalisation et de réconciliation nationale.

Cependant il est amplement évident que la réalité sur le terrain ne laisse pas beaucoup de place à l’optimisme même pour ceux qui veulent laisser aux deux parties le bénéfice du doute.

Citons certains de ces faits sur le terrain qui feront que la mise en œuvre d’une réconciliation véritable et durable est vraiment peu probable.

Tout d’abord c’est l’armée d’occupation israélienne et non pas l’Autorité palestinienne (AP) qui contrôle tous les coins et recoins de la Cisjordanie. C’est donc l’État sioniste d’Apartheid qui a et qui aura le dernier mot sur des questions comme la tenue d’élections en particulier à Jérusalem-Est.

Deuxièmement il est inconcevable que le groupe de libération islamique le Hamas consente à la coordination sécuritaire (répressive – NdT) entre Israël et l’OLP. Ce consentement viderait le Hamas de toute son aura islamique et nationaliste et transformerait le mouvement en un autre Fatah ou en un autre groupe politique quelconque en lice pour le « pouvoir » sous les talons de l’occupation militaire israélienne. Ce scénario reviendrait à un suicide politique pour le Hamas et pourrait reléguer le mouvement au musée de l’histoire.

Cette question est absolument cruciale pour la réalisation de la réconciliation nationale. La coordination dite de sécurité entre Israël et l’Autorité palestinienne est une question de survie pour le régime de Ramallah. En effet pour Israël la coordination de la sécurité avec l’Autorité palestinienne (contre le Hamas et d’autres opposants au prétendu processus de paix complètement en faillite) représente l’ultime raison d’être de l’Autorité palestinienne.

Par conséquent il est hautement improbable qu’Israël tolère la moindre réduction sérieuse du niveau de coordination et de collaboration avec l’Autorité palestinienne. Il est vrai que le Hamas opterait sans doute pour la résistance politique et populaire contre l’occupation israélienne. Mais il n’y a pas la moindre garantie qu’Israël permette au Hamas de se rétablir en Cisjordanie même à travers une réincorporation dans l’appareil de l’AP.

En dernière analyse la politique israélienne de chasse aux sorcières contre le Hamas n’a rien à voir avec un prétendu combat contre le « terrorisme » comme la propagande israélienne qualifie tout acte de résistance ou d’opposition à son occupation néo-nazie.

Israël est tout simplement contre le Hamas parce que celui-ci refuse de réviser à la baisse les exigences nationales palestiniennes en particulier celles ayant trait aux questions fondamentales que sont Jérusalem le droit primordial au retour pour les réfugiés la question de la reconnaissance d’Israël et des colonies.

Il est vrai que le Fatah adopte publiquement des positions plus ou moins similaires sur ces questions. Cependant il est clair qu’Israël croit ou du moins a l’espoir que le Fatah puisse être intimidé ou persuadé de faire des compromis de grande ampleur qui permettraient à Israël de conclure un accord dans de nettement meilleures conditions qu’avec le mouvement Hamas.

Le Hamas refuse de reconnaître Israël et encore moins de le reconnaître comme un Etat juif pour des raisons idéologiques. Le groupe soutient de façon plutôt convaincante qu’il est tout à fait injuste d’exiger une reconnaissance palestinienne d’Israël alors qu’Israël persiste à refuser de reconnaître l’existence même du peuple palestinien.

Par ailleurs le Hamas affirme de façon tout aussi convaincante qu’Israël n’a jamais fait de la paix avec les Palestiniens une de ses priorités et que l’État d’Apartheid continue de construire des colonies sur des terres occupées et de faire vivre des centaines de milliers de ses citoyens juifs sur des terres qui appartiennent à un autre peuple.

Troisièmement les arrestations sur de longues périodes de partisans du Hamas en Cisjordanie soulignent l’extrême mauvaise volonté du mouvement Fatah qui préfère apparemment apaiser Israël et son gardien et allié les États-Unis plutôt que de répondre positivement et sincèrement aux efforts de réconciliation avec le Hamas.

Des centaines de partisans du Hamas y compris des étudiants sont toujours détenus dans les cachots de l’Autorité Palestinienne en Cisjordanie. Ce simple fait signifie que la méfiance et les soupçons mutuels continueront de façonner les rapports entre les deux organisations.

Plus précisément il est bien connu que des centaines d’institutions islamistes – des écoles des cliniques des clubs de jeunes des centres culturels des associations caritatives et des centres sociaux – ont été volés par le Fatah qui refuse de les restituer à leurs propriétaires légitimes. Cela aussi montre que le Fatah ne croit pas beaucoup au processus de réconciliation avec le Hamas et qu’il veut conserver ses cartes pour une éventuelle négociation.

Toutefois il est fort probable que la question des élections se révélera être l’obstacle le plus difficile empêchant la réalisation d’une véritable réconciliation entre le Fatah et le Hamas.

Depuis les dernières élections générales palestiniennes qui ont eu lieu en 2006 Israël s’est attaqué au Hamas ou aux hommes politiques pro-Hamas les mettant pour de longues périodes en prison sous l’accusation « d’association avec une organisation terroriste. » Même aujourd’hui cinq ans plus tard jusqu’à 26 députés palestiniens croupissent toujours dans les geôles israéliennes et les camps de détention sur la base d’accusations complètement frivoles. Parmi les captifs se trouve le Président du parlement palestinien Dweik Aziz un professeur de planification urbaine.

Un avocat représentant une partie de ces députés m’a affirmé que dans tout autre pays ses clients ne passeraient pas un seul jour en prison.

« Ils sont détenus dans les prisons israéliennes parce que les fonctionnaires juifs veulent assouvir leur pulsions sadiques. C’est la raison pour laquelle mes clients et d’autres ne sont pas traduits devant un véritable tribunal de droit … alors qu’ils n’ont absolument rien fait de mal. »

En clair le Hamas doit obtenir des garanties réelles que ses candidats et sympathisants disposeront d’une pleine liberté de mouvement pour faire campagne sans être bloqués par l’armée d’occupation israélienne. De même le Hamas doit obtenir des garanties contre l’arrestation de ses candidats avant ou après les élections.

Mais ni le Fatah ni l’Autorité palestinienne ni même l’Union européenne et les États-Unis ne pourront donner de telles garanties compte tenu de la nature provocatrice et insolente de l’État israélien.

Par conséquent il est impératif que le Hamas ne ménage aucun effort afin de ne pas tomber dans le piège qui est mis en place dans ce but surtout en Cisjordanie.

C’est parce que de véritables élections qui soient dignes de ce nom se doivent à tout le moins d’assurer que tous les partis et groupes participants sont traités sur un pied d’égalité et qu’il y a une réelle égalité des chances.

Sinon le fossé sera approfondi et l’accord actuel va tomber dans l’oubli.

En conclusion il est inutile de procéder à de véritables élections et encore moins prétendre que nous sommes libre et souverains alors que les autorités israéliennes d’occupation continuent d’occuper notre pays et à tourmenter notre peuple à étrangler notre volonté de liberté et de dignité et à essayer de nous forcer à succomber à un statut de porteurs d’eau et coupeurs de bois au service de la race des maîtres le peuple prétendument élu.

 

4 juin 2012 – Al-Qassam Website – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.qassam.ps/opinion-5784-P…
Traduction : Info-Palestine.net

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