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Selon une étude 78 % des Palestiniens de Jérusalem vivent sous le seuil de pauvreté

mardi 12-juin-2012

Le camp de réfugiés de Shuafat a souffert du régime de restriction de la mobilité par Israël.

 
Le camp de réfugiés de Shuafat souffre terriblement des restrictions imposées par l’armée d’occupation – Photo : T. Scheflan/ActiveStills

Camp de Shuafat – Jérusalem-Est occupé – Un groupe de Hiérosolymitains palestiniens descend d’un bus bondé pour permettre à deux soldats israéliens de monter à bord contrôler les cartes d’identité sous l’auvent en aluminium de ce nouveau terminal de contrôle.

Dehors le mur de béton israélien serpente autour du camp de réfugiés de Shuafat* un quartier palestinien surpeuplé et en crise et qui bien que situé dans les limites géographiques de Jérusalem est entièrement coupé du reste de la ville [par le Mur de sécurité].

« C’est un checkpoint cinq étoiles » dit Fadi Abbasi qui est en charge de projets et de levée de fonds à l’unique centre pour les femmes du camp de réfugiés qui offre des services psychosociaux éducatifs et émancipateurs aux femmes et aux enfants.

Plus de 20 000 Palestiniens vivent dans le camp de Shuafat. Environ la moitié sont résidents de Jérusalem et ont donc la carte d’identité bleue ; à présent ils doivent traverser le poste de contrôle pour aller au travail ou à l’école et pour trouver les services dans le reste de Jérusalem.

« Les Israéliens essaient de faire de nous des visiteurs à Jérusalem pas des résidents » dit Abbasi. « Sans travail sans revenus sans aucun service municipal ils ne nous laissent pas la moindre chance de construire ou de faire quelque chose ».

Plus de 30 000 Israéliens de la droite de la droite ont marché à travers les quartiers palestiniens le 20 mai dernier pour marquer le « Jour de Jérusalem » 45ème anniversaire de la reconquête par Israël de Jérusalem-Est en 1967 et de la prétendue « réunification » de la ville. Alors qu’en 1980 Israël déclarait Jérusalem sa « capitale éternelle et indivisible » l’annexion de Jérusalem-Est n’a jamais été reconnue par les Nations-Unies.

Une grande pauvreté

Vivre dans le camp de réfugiés de Shuafat contredit la ligne israélienne officielle qui dépeint Jérusalem comme une ville unifiée dont les résidents bénéficient en toute égalité des investissements municipaux. En réalité l’accessibilité des services et la qualité de vie générale reste radicalement différente de chaque côté de la ville.

« La gravité de la situation à Jérusalem-Est est le produit avant tout des décisions politiques israéliennes. Depuis des décennies Israël poursuit une politique qui a mené à la dégradation de Jérusalem-Est à tous points de vue » écrit l’ Association pour les Droits Civiques en Israël (ACRI) dans un rapport publié le mois dernier : « (“Policies of neglect in East Jerusalem”[PDF]).

 
L’école des filles de l’UNWRA au camp de réfugiés de Shuafat (Camp.enpi-info.eu)

L’ACRI estime que sur plus de 360.800 Palestiniens vivant à Jérusalem-Est 78 % subsistent sous le seuil de pauvreté. Actuellement il y a aussi 84 % d’enfants qui vivent dans la pauvreté à Jérusalem.

« Tant le droit israélien que le droit international obligent l’Etat d’Israël à assurer méticuleusement les droits des résidents de Jérusalem-Est et à rechercher des solutions spécifiques adaptées à leur situation politique. Mais au cours des 45 dernières années les autorités municipales et gouvernementales ont préféré mener une politique de négligence et de violation des droits élémentaires des résidents » juge le rapport.

Le Mur israélien en Cisjordanie et les postes de contrôle séparant les quartiers palestiniens de Jérusalem – naguère au centre bouillonnant de la vie économique culturelle et politique palestinienne – ont aujourd’hui rendu l’accès à la ville très difficile voire impossible.

On estime que 90.000 Hiérosolymitains palestiniens se retrouvent maintenant de l’autre côté du mur y compris les résidents du camp de réfugiés de Shuafat.

« Le camp de Shuafat est aussi une zone très sensible parce que l’Autorité palestinienne ne peut y entrer et que la police israélienne elle n’a pas envie d’y entrer » explique Ilona Kassissieh responsable des relations Publiques auprès de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

Peu de possibilités

L’UNRWA fournit des services d’aide à 5 millions de réfugiés palestiniens enregistrés dans des camps en Cisjordanie dans la bande de Gaza en Jordanie en Syrie et au Liban. Dans le camp de réfugiés de Shuafat l’UNWRA gère trois écoles et une clinique ainsi que divers programmes sociaux.

« Comme les gens ont accès à Jérusalem ils essaient d’y aller et d’accéder au marché de l’emploi à Jérusalem mais bien sûr les occasions sont rares. Il y a donc un nombre considérablement élevé d’abandons de scolarité et un fort taux de chômage » dit Mme Kassissieh ajoutant que comme la majorité des résidents du camp de réfugiés de Shuafat sont des jeunes il est crucial de leur fournir des programmes éducatifs et sociaux.

Bara’a Ghaith âgée de 25 ans a toujours vécu dans le camp de réfugiés de Shuafat. Aujourd’hui elle œuvre comme volontaire quatre jours par semaine au centre pour les femmes où elle dirige des ateliers santé pour les enfants de 12 à 18 ans. « Beaucoup de gens plus âgés n’acceptent pas la façon dont nous travaillons avec les enfants. Mais j’essaie d’améliorer leur qualité de vie et de leur donner plus d’éducation et aussi plus de confiance » dit Bara’a Ghaith.

« La plupart des gens dans le camp cherchent un moyen de respirer. C’est tout ce qu’ils demandent ».

*[Ne pas confondre Shuafat un quartier très classe moyenne supérieure arabe et le camp des réfugiés de 1948 entouré du Mur de Sécurité qui les a physiquement coupés du reste de Jérusalem … NdT]

**Jillian Kestler-D’Amours : journaliste canadienne basée à Jérusalem depuis mai 2010 et réalisatrice du documentaire « Sumoud » sur le combat d’un village bédouin du Negev.

9 juin 2012 – Electronic Intifada – Vous pouvez consulter cet article à
http://electronicintifada.net/conte…
Traduction : Info-Palestine.net – Marie Meert

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