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Flottille : un rapport de lONU ravive la crise diplomatique

samedi 3-septembre-2011

L’ONU estime que l’armée israélienne a eu recours à une force «excessive et déraisonnable». La Turquie a expulsé l’ambassadeur d’Israël en représaille au refus de l’État hébreu de s’excuser pour la mort de neuf militants turcs lors de l’assaut de mai 2010.
 
Le rapport de l’Onu sur l’attaque d’une flottille se dirigeant vers Gaza de la part des forces israéliennes en 2010 a été publié en avant-première par le New York Times avant sa remise vendredi au secrétaire général Ban Ki-moon. La commission d’enquête pointe les fautes des pro-Palestiniens et de l’armée israélienne mais estime légal le blocus de l’enclave palestienne de Gaza.

Le 31 mai 2010 des commandos de la marine israélienne avaient pris d’assaut dans les eaux internationales le bateau turc Mavi Marmara qui transportait des humanitaires pro-palestiniens en partance pour Gaza. Or ce territoire est sous le coup d’un blocus depuis 2007. L’attaque israélienne pour stopper la flottille a causé la mort de neuf militants d’origine turque. Les relations entre les deux pays se sont depuis refroidies.

Assaut «excessif» d’Israël «imprudence» des militants
«La décision d’Israël de prendre le contrôle des bateaux avec une telle force à grande distance de la zone du blocus et sans mise en garde préalable était excessive et déraisonnable» note le rapport des Nations unies. Les passagers du Mavi Marmara ne se sont d’ailleurs pas laissés faire. Les enquêteurs indiquent que le commando s’est heurté «à une résistance organisée et violente de la part d’un groupe de passagers».

Les militants pro-palestiniens sont eux aussi vertement critiqués par les Nations unies. Le départ d’une flottille malgré les mises en garde d’Israël est jugée «imprudente» et «de graves questions se posent à propos de l’attitude de l’identité véritable et des objectifs» des organisateurs. Second coup dur pour les militants la reconnaissance par l’ONU de la «légitimité» du blocus imposé à Gaza. «Israël fait face à une menace réelle contre sa sécurité de la part de groupes militants à Gaza. Le blocus naval a été imposé en tant que mesure de sécurité légitime de façon à empêcher l’entrée d’armes dans Gaza par la mer et sa mise en oeuvre respecte les exigences du droit international» notent les enquêteurs.

La Turquie expulse l’ambassadeur israélien
Si ce rapport était attendu depuis de nombreux mois il ne risque pas d’atteindre son objectif premier : la réconciliation entre Israël et la Turquie. Les deux pays qui faisaient partie de la commission d’enquête se sont dissociés des conclusions du rapport. La Turquie est particulièrement irritée par la reconnaissance du blocus de Gaza par l’ONU qui rend de fait légal l’assaut d’Israël sur ses ressortissants écrit le New York Times.

Israël avait de son côté tenté d’empêcher la publication de ce rapport négatif pour son image à l’international en négociant avec la Turquie. Israël était prêt à exprimer ses regrets à la Turquie et à verser des indemnités aux familles des victimes turques. Mais les négociations ont échoué Ankara exigeant de véritables excuses. Une demande impossible à satisfaire pour le premier ministre Benjamin Netanyahu qui craignait que de telles excuses minent le moral de la population et envoie un message de faiblesse au reste du monde note le New York Times.

Ces refus répétés ont conduit la Turquie à annoncer vendredi de multiples sanctions diplomatiques à l’égard d’Israël. Ankara suspend tous ses accords militaires avec l’État hébreu réduit sa représentation diplomatique en Israël et va expulser l’ambassadeur israélien de Turquie. «Les relations entre la Turquie et Israël sont ramenées au niveau de deuxième secrétaire (d’ambassade). Tous les responsables ayant un rang supérieur à celui de deuxième secrétaire comme l’ambassadeur rentreront dans leur pays avant mercredi» a expliqué le ministre turc des Affaires étrangères.

Des questions se posent également sur la pertinence des conclusions du rapport. D’après le quotidien américain les membres de la commission n’avaient pas le droit de mener une véritable enquête en interrogeant des témoins ou en consultant des documents. Leur travail reposait uniquement sur les déclarations d’Israël et de la Turquie.

 

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