Durant son actuelle visite dans la Bande de Gaza le Secrétaire Général de la Ligue Arabe Amr Mousa a reçu du Premier Ministre du Hamas Ismail Haniyeh les conditions du Hamas pour signer la réconciliation négociée avec les Egyptiens à propos de son rival soutenu des Etats-Unis le Fatah.
Le Dr. Ahmad Yousef ministre des Affaires Etrangères adjoint du gouvernement mené par le Hamas dans la Bande de Gaza a déclaré à Electronic Intifada (Cf. site Internet dont cet article est traduit) que les conditions soulignaient que le Fatah devrait accepter avant le Hamas la réconciliation avec les Egyptiens.
Depuis que la fracture entre les factions du Fatah et du Hamas s’est aggravée après que ce dernier a barré le chemin aux efforts étrangers qui ont tenté de le renverser en 2007 à la suite de la victoire historique du Hamas aux élections l’année précédente il y a eu beaucoup de tentatives pour restaurer l’unité palestinienne. Une telle réconciliation a jusqu’ici échoué malgré toutes les tentatives. Plusieurs analystes pensent qu’une meilleure occasion est possible maintenant.
Les leaders israéliens ont admis que le blocus exercé sur Gaza visait à forcer le Hamas à se plier aux trois demandes conjointes du Quartet (les Etats-Unis l’Union Européenne la Russie et l’ONU) : reconnaître le « droit à exister » d’Israël sans une reconnaissance réciproque d’Israël ; abandonner unilatéralement le droit de lutte armée pendant qu’Israël est libre de continuer ses attaques militaires sur les Palestiniens ; et en appliquant les accords signés entre Israël et l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) qu’Israël viole constamment.
Le Fatah mené par Mahmoud Abbas qui a de lui-même prolonger son mandat de président de l’Autorité Palestinienne une fois achevé a soutenu ces demandes. Le Fatah contrôle également l’OLP qui est l’organisme officiel qui conduit les négociations avec Israël. En octobre 2009 le Fatah a signé l’accord rédigé par les Egyptiens. Jusqu’ici le Hamas a refusé de le faire disant que cet accord ne respecterait pas les intérêts nationaux des Palestiniens et le trouvant injuste. L’accord égyptien intégrerait les factions armées palestiniennes dans celles contrôlées par l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas soutenues par les Occidentaux et confirmerait Abbas dans le rôle de décideur dans les importants événements nationaux tels que les élections.
Ces dernières semaines ont été marquées par une tempête de critiques mondiale à l’égard du massacre de passagers à bord de la flottille de la Liberté le 31 mai les leaders du Fatah et du Hamas ont déclaré s’être invités à se réunir et d’amener la Bande de Gaza et la Cisjordanie à avoir des positions politiques communes.
Selon le Dr. Yousef le Hamas dit qu’il n’ y a aucun obstacle à reconsidérer l’accord rédigé par les Egyptiens pourvu qu’il prenne en compte les réserves du Hamas. « Nous sommes tombés d’accord sur la création d’un comité suprême qui coordonnera Gaza et la Cisjordanie et ce comité sera composé de personnes représentatives de toutes les parties. Nous sommes d’accord pour que l’élection du comité à former soit composé avec l’approbation de toutes les parties contrairement à ce que dit l’accord égyptien qui voudrait qu’Abbas ait le dernier mot. »
Interrogé pour savoir si le Quartet bloquerait l’accord Hamas – Fatah étant donné les demandes de longue date du Hamas Yousef a déclaré « Je pense que la communauté internationale devrait maintenant faire pression sur les Israéliens tout simplement parce qu’Israël n’a dans les faits pas respecté les accords de paix. Nous ne nous rendrons pas tant que nous serons sous occupation. Nous allons continuer notre chemin une fois nos souveraineté restaurée. Je crois que la récente solidarité internationale envers les Palestiniens est un signe fort de la prise de conscience des réalités du terrain de la part de la communauté internationale. »
Récemment le ministre des affaires étrangères égyptien Ahmad Aboul Gheit a confirmé la position de son pays c’est-à-dire que le Hamas a juste besoin de signer l’accord d’octobre 2009 avant de prendre en considération les réserves qu’il émet.
De nombreux rapports des medias laissent entendre que l’Egypte a subi des pressions des Etats-Unis pour empêcher la réconciliation d’avoir lieu car les Etats-Unis ne veulent pas légitimer le Hamas au détriment d’un Abbas dont l’autorité est remise en cause.
Ashraf Jumaa un membre du Fatah à Gaza du Conseil Législatif Palestinien (CLP) a salué la demande égyptienne disant que « le Hamas a besoin de signer cet accord ensuite toutes ses conditions seront prises en compte ».
Jumaa a aussi suggéré qu’après que l’accord de réconciliation est signé les parties pourraient aller jusqu’aux élections dans une période raisonnable d’environ six mois ce qui fait que les Palestiniens vivant dans les territoires occupés de Cisjordanie et de la Bande de Gaza pourrait choisir à la fois un nouveau président de l’Autorité Palestinienne et un nouveau CLP.
En janvier 2010 le mandat de la CLP élue en janvier 2006 quand le Hamas sortit largement victorieux est officiellement arrive à son terme – cependant le CLP n’a jamais été capable de fonctionner normalement du fait des arrestations massives de beaucoup de ses membres issus du Hamas par Israël et les efforts internationaux conjugués pour renverser le gouvernement du Hamas en place qui mena à la défiance entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza en 2007. Le Hamas garde un total contrôle de son territoire dans la Bande de Gaza tandis qu’Abbas et le Fatah contrôlent les territoires occupés de Cisjordanie.
Le dilemme de l’unité nationale en Palestine est vu par beaucoup d’analystes comme un défi majeur pour le peuple palestinien mais quelques changements sont visibles. Un analyste politique de Gaza le Dr. Ibrahim Ibrash croit que les demandes internationales de longue date faites sur le Hamas ne sont plus efficaces.
« Beaucoup de pays arabes ont commencé à réaliser le risqué engendré par la séparation de Gaza de la Cisjordanie. C’est pourquoi le Hamas a récemment montré des signes d’efforts aux dialogues avec le Fatah principalement lors de la dernière visite du secrétaire général de la Ligue Arabe Amr Mousa » estime Ibrash. Malgré le boycott international officiel du Hamas Ibrash mesure aussi sa limite. « Beaucoup de délégations européennes dont certaines parlementaires ont visité la Bande de Gaza dirigée par le Hamas et ont rencontré des officiels sans leur demander d’accepter ces demandes. Israël lui-même n’a pas respecté le processus de paix d’Oslo » a-t-il expliqué.
Interrogé sur la possible unité nationale vis-à-vis des accords entre le Hamas et le Fatah qui pousserait le Hamas à se soumettre aux trois demandes Ibrash observe que “comme l’OLP existe et continue ses pourparlers avec Israël le Hamas (qui fait partie de l’OLP) n’aura aucun besoin à accepter ces demandes. Aussi le Hamas a-t-il géré la situation avec tact en proclamant un état de calme dans les zones frontalières. »
Les Etats-Unis ont aussi fait face à un autre problème : Washington a en vain tenté de relancer les négociations de paix entre le leader de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas et les Israéliens afin d’arriver à la création de deux Etats. Le Hamas avait déjà déclaré sa volonté d’une solution à deux Etats mais sans reconnaître Israël – ce que l’OLP avait déjà fait en 1993 quand le précédent leader palestinien Yasser Arafat a signé les Accords d’Oslo.
Tant que les Etats-Unis et Israël préfèrent une Palestine divisée politiquement tous les efforts internes pour arriver à l’unité peuvent toujours faire face à des obstacles insurmontables malgré tous ces changements.
* Rami Almeghari est journaliste et conférencier universitaire basé dans la bande de Gaza.