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Quand la France laisse entrer les produits des colonies et poursuit ceux qui s’y opposent

dimanche 21-mars-2010

 

Un document confidentiel du ministère de la justice.

La Cour de justice de l’Union européenne vient d’adopter une importante résolution dont témoigne un communiqué de presse du 25 février « Des produits originaires de Cisjordanie ne peuvent bénéficier du régime douanier préférentiel de l’accord CE-Israël ».

« La Cour statue que les produits originaires de Cisjordanie ne relèvent pas du champ d’application territorial de l’accord CE-Israël et ne sauraient donc bénéficier du régime préférentiel instauré par celui-ci [1]. Il s’ensuit que les autorités douanières allemandes pouvaient refuser d’accorder le traitement préférentiel prévu par cet accord aux marchandises concernées au motif que celles-ci étaient originaires de Cisjordanie. »

« La Cour rejette également l’hypothèse selon laquelle le bénéfice du régime préférentiel devrait être en tout état de cause octroyé aux producteurs israéliens installés en territoires occupés soit en vertu de l’accord CE-Israël soit sur la base de l’accord CE-OLP. La Cour relève que des marchandises certifiées par les autorités israéliennes comme étant originaires d’Israël peuvent bénéficier d’un traitement préférentiel uniquement en vertu de l’accord CE-Israël pourvu qu’elles aient été fabriquées en Israël. »

Pourtant malgré cette résolution qui confirme bien d’autres déclarations le gouvernement français se garde bien de toute action contre ces importations illégales qui contribuent à l’extension des colonies que par ailleurs verbalement il condamne.

En revanche il a décidé de poursuivre ceux qui exaspérés par la paralysie de la communauté internationale se battent pour que ces produits n’entrent pas en France et pour que les entreprises françaises désinvestissent – faisant par exemple campagne contre Veolia et Alstom qui construisent un tramway à Jérusalem.

Depuis plusieurs semaines déjà le gouvernement français a développé une campagne calomnieuse contre ceux qui s’élèvent contre l’entrée des produits des colonies prétendant qu’ils veulent boycotter les produits casher ! Mme Michèle Alliot-Marie ministre de la justice a quant à elle effectué un virage à 180 degrés sur cette question (lire Dominique Vidal « Boycott : la contre-offensive d’Israël et de ses amis » La valise diplomatique 22 février 2010).

Avec le zèle des nouveaux convertis elle a entériné le 12 février une « dépêche » de la direction des affaires criminelles et des grâces aux procureurs généraux près les cours d’appel. Ce texte confidentiel que l’on trouvera ci-dessous (PDF) confirme d’abord ce que nous écrivions dans Le Monde diplomatique au mois de juin 2009 à savoir que « l’indépendance de la justice n’est plus un dogme ».

M. Jean-Marie Huet directeur des affaires criminelles et des grâces écrit :

« Depuis le mois de mars 2009 plusieurs procédures faisant suite à des appels au boycott de produits israéliens (…) ont été portées à la connaissance de la direction des affaires criminelles et des grâces. (…) Il apparaît impératif d’assurer de la part du ministère public une réponse cohérente et ferme à ces agissements. A cette fin et dans la perspective éventuelle d’un regroupement des procédures (…) j’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir porter à la connaissance de la direction des affaires criminelles et des grâces tous les faits de cette nature dont les parquets de votre ressort ont été saisis. »

Et au cas où les procureurs n’auraient pas compris leur devoir :

« Si certaines procédures ont déjà fait l’objet de classements sans suite vous prendrez soin d’exposer de manière détaillée les faits et de préciser les éléments d’analyse ayant conduit à cette décision. »

Ce que l’on attend avec intérêt c’est la dépêche du ministère demandant aux procureurs de poursuivre les magasins qui vendent des produits israéliens entrés illégalement dans le pays car sans mention du fait qu’ils ont été fabriqués dans des territoires que la France continue de considérer comme occupés.

(JPG)

Alain Gresh

[1] La faible taxation des produits israéliens est l’objet principal de l’accord d’association avec Israël signé en 1995 et entré en vigueur en 2000. De nombreuses organisations dans le monde demandent la suspension de cet accord. Pour en savoir plus voir le site de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS)-France.

18 mars 2010 – Les blogs du Diplo
Vous pouvez consulter cet article à :
http://blog.mondediplo.net/2010-03-…

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