Urgent

Sun 22-September-2024

Loi sur lEtat-nation du peuple juif : le plan secret de Netanyahu

mardi 14-août-2018

Le 19 juillet dernier la Knesset a adopté une nouvelle loi fondamentale définissant Israël comme le « foyer national du peuple juif ». Décryptage des arrière-pensées de Benjamin Netanyahu…
Benjamin Netanyahu a un rêve secret : être le Premier ministre israélien qui imposera l’annexion de la Judée-Samarie biblique autrement dit de la Cisjordanie. Seul problème : plus de deux millions de Palestiniens vivent dans cette région ce qui porterait à 40% le pourcentage de non-juifs à l’intérieur des nouvelles frontières du pays. Benjamin Netanyahu veut à tout prix éviter un tel scénario « catastrophe ». Résultat : il a fait voter d’urgence le mois dernier une loi définissant Israël comme « l’Etat-nation du peuple juif » qui dispose seul du droit à l’auto-détermination.
Benjamin Netanyahu s’est ainsi donné un outil légal pour empêcher Israël de devenir selon son expression un « Etat israélo-palestinien » autrement dit un pays démocratique de « tous ses citoyens ». Les réactions ne se sont pas fait attendre. Des dizaines de milliers d’Arabes israéliens et de druzes ont manifesté à deux reprises leur colère à Tel-Aviv pour dénoncer cette loi « raciste ». Selon les membres de ces deux minorités ce texte légalise leur statut de citoyens de « seconde zone ».
Mais le Premier ministre cache une partie de son jeu. La solution de deux Etats israélien et palestinien vivant côte à côte que le Premier ministre avait acceptée du bout des lèvres en 2009 est désormais devenue taboue pour lui. Il évite soigneusement de l’évoquer. Le comité central du Likoud son propre parti a même voté à la fin de l’an dernier une résolution appelant à « libérer la Judée-Samarie en y appliquant la souveraineté israélienne ». Pour le moment Benjamin Netanyahu a résisté à ces pressions des durs de sa majorité ; histoire de ne pas brusquer l’imprévisible Donald Trump et d’obtenir idéalement un feu vert au moins implicite du président américain. Celui-ci lui a déjà accordé un très beau « cadeau » avec le
transfert au mois de mai de l’ambassade américaine à Jérusalem provoquant la colère des Palestiniens qui veulent faire de la partie orientale de la ville annexée par Israël la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Le spectre d’un « Etat d’apartheid »

En cas de victoire probable selon les sondages aux prochaines élections prévues l’an prochain qui pourrait lui permettre d’obtenir un quatrième mandat consécutif Benjamin Netanyahu semble prêt à sauter ce pas. Une possibilité que prend très au sérieux Ron Huldaï le maire travailliste de Tel Aviv qui n’a rien d’un gauchiste. Pour lui l’absence de mention des principes démocratiques dans la loi constitue le point central : « Il est évident que si vous évoquez un Etat-nation juif démocratique cela suppose qu’il y ait une majorité juive dans la population. A partir du moment où la mention démocratique passe à la trappe vous faites clairement savoir que l’Etat appartient aux juifs même s’ils ne sont plus majoritaires ce qui permet de continuer à contrôler un autre peuple ». Eliyahu Matza un ancien juge de la Cour suprême établit le même sombre diagnostique. « Le gouvernement veut intégrer des millions d’habitants arabes qui ne bénéficieront pas des mêmes droits » estime ce juriste qui évoque le spectre de voir un jour Israël devenir un « Etat d’apartheid »

https://www.marianne.net

Lien court:

Copied