Urgent

Fri 20-September-2024

Quelle suite pour Gaza après le massacre à la Journée de la Terre par Israël ?

samedi 7-avril-2018

Après avoir imposé un blocus meurtrier sur les deux millions d’habitants de la bande de Gaza pendant onze ans et avoir lancé trois agressions massives génocidaires au cours de ces sept dernières années – aidé en cela par la complicité de la soi-disant communauté internationale et le silence des régimes arabes réactionnaires – Israël a la semaine dernière commis un nouveau massacre contre des manifestants pacifiques qui commémoraient la Journée de la Terre et revendiquaient leur droit au retou
Le vendredi 30 mars les soldats israéliens ont tué 17 civils et en ont blessé plus de 1400 – la plupart avec des balles réelles. Selon l’armée israélienne le massacre s’est déroulé comme prévu. Son porte-parole a tweeté – et par la suite supprimé – que « (le 30 mars) rien ne s’est accompli sans être maîtrisé ; tout a été correct et mesuré. Nous savions où chaque balle allait atterrir ».
Au début de la Deuxième Intifada en 2000 j’ai écrit ce qui suit :
« Gaza est devenue une zone de guerre : le plus grand camp de concentration à la surface de la terre est devenu un lieu de sépulture – un cimetière bruyant. Le corps palestinien est devenu la cible suprême de la balle israélienne – plus il est jeune mieux c’est (Sara une fillette de deux ans de Naplouse a aussi reçu une balle dans la tête). Le corps palestinien est devenu en d’autres termes le site de l’(in)justice : « éliminer le corps et il laissera un vide qui peut être occupé – une terre sans peuple pour un peuple sans terre« ».
Aujourd’hui nous avons un sentiment de déjà vu ; nous en avons été là déjà et nous savons que d’autres encore parmi nous vont être tués dans ce que la BBC appelle « des affrontements » ! L’armée israélienne ou ce que le courageux journaliste israélien Gideon Levy appelle « les forces de massacre israéliennes » est un gang de voyous endoctrinés par une idéologie qui déshumanise les enfants et justifie les tirs sur des civils innocents.
Ce n’est manifestement pas le bon moment pour des questions philosophiques aussi grandioses mais que doit faire le Palestinien quand il ou elle vit une réalité politique aussi grossière ?
La question qui est à l’esprit de chaque Palestinien de Gaza est « pourquoi est-il permis que cela arrive 24 ans après la chute du régime d’apartheid de l’Afrique du Sud ? ». Nous savons pourquoi Israël le fait ; nous sommes des « goyim » indésirables des réfugiés dont l’existence même est un rappel constant du péché originel commis en 1948 – le crime de nettoyage ethnique prémédité contre les deux tiers du peuple palestinien. Nous avons été maudits pour simplement avoir la « mauvaise » religion et « origine ethnique » pour être nés de mères non juives ! Le problème c’est que nous ne mourons pas de façon discrète ; nous faisons du bruit beaucoup de bruit ; nous tapons sur les cloisons de la citerne de Gaza – pour reprendre les métaphores du célèbre intellectuel et auteur palestinien Ghassan Kanafani.
J’ai enseigné l’un des meilleurs romans de Kanafani « Tout ce qui vous reste » à mes étudiants de l’Université Al-Aqsa de Gaza. Dans ce roman le héros qui se trouve être un réfugié vivant à Gaza perd tout sauf sa volonté de résister. S’accrocher à cette volonté et faire face à l’horreur du colonialisme sioniste exigent une vision. Une vision qui lui a permis de retourner à Jaffa là où il a perdu son père aux mains des gangs sionistes en 1948. La plupart de mes étudiants s’y reconnaissaient et certains s’identifiaient même à lui. Ils convenaient qu’aucune solution politique ne pouvait être apportée sans la mise en œuvre de la Résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations-Unies qui institue le droit pour les réfugiés palestiniens de retourner dans leurs villages et villes d’où ils ont été chassés par nettoyage ethnique en 1948. Il n’est dès lors pas étonnant que la plupart de mes étudiants se soient retrouvés parmi les manifestants aux frontières de Gaza !
À Gaza nous savons qu’Israël va s’en tirer à bon compte simplement parce qu’il n’a jamais été tenu responsable des massacres qu’il a commis ; nous savons aussi qu’il se prépare à commettre plus de crimes encore et des pires.
Un rapport de la CESAO (Commission économique et sociale des Nations-Unies pour l’Asie occidentale) n’a-t-il pas prouvé sans aucun doute possible qu’Israël commet le crime d’apartheid contre le peuple indigène de la Palestine ? Nous savons aussi qu’il n’aurait pas pu mettre à exécution tous ces crimes sans le soutien des États-Unis et de la soi-disant communauté internationale. Nous avons donc perdu espoir dans les organismes officiels tels que la Ligue arabe et l’Organisation de la Coopération islamique. Nous comptons plutôt sur la société civile internationale pour mettre un terme à ce bain de sang qui se poursuit perpétré par l’Israël d’apartheid à la vue de tous.
L’outil ? le Boycott le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international. Oubliées les négociations dépourvues de sens qui se sont avérées désastreuses comme à juste titre le regretté Edward Saïd l’avait prédit en 1994 ; oubliée la solution raciste à deux États qui a reçu une balle dans la tête tirée par Israël lui-même et qui ne parvient pas à traiter le cœur de la question palestinienne à savoir les 6 à 7 millions de réfugiés qui persistent à revendiquer leur droit au retour instauré par les Nations-Unies. La seule fenêtre d’espoir en plus de notre propre mobilisation de masse réside dans la campagne BDS grandissante soutenue par des gens de conscience dans le monde entier. Ils comprennent que notre combat n’est pas sectaire qu’il s’insère dans les principes fondamentaux de la Déclaration internationale des droits de l’homme peu importe jusqu’où peuvent aller les médias occidentaux hypocrites dans leurs tentatives de dissimulation de la vérité.

Lien court:

Copied