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Monsieur le Président mettez un keffieh et allez prier à al-Aqsa

mercredi 28-mars-2018

Les Palestiniens sont dans un état de fureur permanent. Et la question qui se pose quotidiennement est la suivante : Sur qui concentrer cette fureur ?
Aujourd’hui 19 mars 2018 notre fureur est partagée comme le résume Kamel Hawwash sur Twitter :
« # Abbas lance une attaque cinglante contre le #Hamas le tenant pour responsable de l’explosion qui a pris pour cible le convoi du Premier Ministre Hamdallah quand il s’est rendu en visite à # Gaza mais qualifie aussi l’ambassadeur états-uniens Friedman de colon qui vit dans une colonie & de ‘fils de pute’ pour avoir dit que les colonies ne sont pas illégales. »
Hier notre fureur ciblait la communauté internationale des donateurs qui se permet d’agir selon les règles d’Israël et finit tout simplement par remplir les coffres d’Israël.
Shir Hever avec d’autres (Alaa Tartir directeur de programme d’Al-Shabaka par exemple) écrit depuis longtemps sur la dépendance économique des Palestiniens qui a découlé de la signature avec Israël du Protocole de Paris en 1994.
Il propose que les organisations d’aide humanitaire au lieu de se rendre complices de cette corruption consistant à traiter avec Israël dénoncent l’intérêt économique qu’a Israël à maintenir Gaza en permanence au bord du gouffre et l’obligent à assumer la « responsabilité économique pour les Palestiniens » telle que définie par le droit international ou exigent de distribuer elles-mêmes l’aide aux Palestiniens.
Selon ce raisonnement l’UNRWA qui aujourd’hui fournit une aide humanitaire à 70% des résidents de Gaza puisque la plupart sont des réfugiés est aussi complice du fait que l’on épargne à Israël d’assumer la responsabilité pour des millions de réfugiés palestiniens – tout comme bien-sûr l’ONU son organisation mère.
Non pas que je sois opposée à l’idée d’Hever. Mais le seul moyen de forcer Israël à « assumer la responsabilité pour les Palestiniens » c’est de rompre le statu quo qui veut qu’actuellement Israël contrôle toute la Palestine historique et de faire de cette dernière un seul État laïque et démocratique. Netanyahou a raison quand il dit
« L’UNRWA est une organisation qui perpétue le problème des réfugiés palestiniens et le récit du droit au retour pour ainsi dire afin d’éliminer l’État d’Israël. »
Le seul problème malheureusement c’est que l’UNRWA ne peut pas faire grand-chose pour éliminer le régime d’apartheid de l’état juif.
Les organisations d’aide humanitaire internationales devraient exercer des pressions sur leur gouvernement respectif pour démanteler le sionisme en Palestine historique – pour démanteler le régime d’apartheid de l’État juif.
Aujourd’hui notre fureur cible aussi un « état arabe voisin » du Yémen qui a d’après un gros titre du journal Al-Quds contribué à un pont aérien transférant 400 juifs yéménites en Israël en février dernier aidant ainsi Israël à faire face à « la menace démographique » de la natalité palestinienne. [Lire « Kill Palestinian mothers giving birth to ‘little snakes’ says Israeli lawmaker ».]
L’article de Shir Hever demande « A qui profite … ? » C’est souvent une question à choix multiple dont la réponse est « tous ceux mentionnés ci-dessus ».
Toutes les questions liées à la Palestine qu’il s’agisse de territoire de souveraineté d’accords économiques ou relations politiques avec d’autres nations ont toujours été réglées et continuent de l’être sur la base des intérêts matériels ou des avantages d’autres nations ou peuples (à commencer par les Britanniques et les colonisateurs juifs) pour protéger leur propre influence extérieure et leur domination.
A qui profite la Nakba palestinienne ? La réponse est : les colons juifs les immigrants juifs le mouvement sioniste.
Mais pour une raison ou pour une autre cette réponse n’a jamais été « suffisante » en soi.
Aujourd’hui ceux qui sont impliqués dans l’État juif vont des évangéliques à l’industrie de l’armement à l’industrie de la technologie à l’industrie humanitaire aux nationalistes blancs et aux intérêts impérialistes et néocoloniaux en général.
Ces éléments multiples sont souvent utilisés pour obscurcir le péché originel commis en Palestine historique :
sa partition violente et forcée et la formation de l’état juif contre la volonté de la population arabe palestinienne l’écrasante majorité à l’époque à un énorme énorme coût humain pour eux. Le 15 mai 2018 marquera la 70ième année de cet outrage.
Qui est désavantagé ? Il n’y a pas ici de question à choix multiple. Il n’y a toujours toujours qu’une seule réponse dans une longue dissertation dont la première phrase énonce le postulat suivant : Nous ne sommes pas un peuple inventé ; nous existons ; nous sommes humains ; entendez notre appel.
Nous exigeons restitution justice et égalité dans notre propre patrie. Nous ne voulons plus voir Trump porter à nouveau sa kippa et l’entendre reconnaître Jérusalem arabe comme appartenant aux juifs du monde entier.
Et voici un dernier outrage du jour pour les Palestiniens :
« Le député Uri Ariel du parti de droite Habayit Hayehudi a appelé à accroître les constructions de colonies lors des obsèques de Adiel Coleman [colon juif israélien illégal en Cisjordanie qui militait dans le mouvement de droite du Temple dont le but est de détruire al-Aqsa] déclarant « il n’y aura qu’un seul État souverain l’État d’Israël notre terre celle que nous avons reçue de Dieu. » »
Il est temps que les présidents américains se mettent à se faire photographier en train de prier à la mosquée al-Aqsa et qu’ils cessent ces démonstrations éhontées de solidarité avec l’État juif d’apartheid. Pour l’amour du ciel al-Aqsa se trouve juste à côté du Mur des lamentations qu’ils semblent tant aimer.
Ou bien attendent-ils qu’elle soit détruite par le Mouvement du Temple pour s’y rendre kippa sur la tête ?

* Rima Najjar est une Palestinienne dont la famille du côté paternel vient du village de Lifta dans la banlieue ouest de Jérusalem dont les habitants ont été expulsés. C’est une militante chercheuse et professeure retraitée de littérature anglaise Université Al-Quds en Cisjordanie occupée.


23 Mars 2018- The Palestine Chronicle – Traduction : Chronique de Palestine – MJB

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