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Quand l’extrême-droite israélienne et les militants de BDS arrivent à la même conclusion…

samedi 23-décembre-2017

Les militants de la droite extrême comme Miri Regev et les activistes du BDS (Boycott Désinvestissements Sanctions) arrivent à la même conclusion : après 50 ans d’occupation il est impossible de séparer l’économie des colonies juives de Cisjordanie et du Golan de l’économie israélienne dans son ensemble. Toute l’économie israélienne participe de la logique colonialiste de l’occupation.
Le gouvernement israélien est agité par un débat interne qui a cours aussi dans les cercles de gauche et parmi les progressistes du monde entier : s’agit-il de boycotter uniquement les colonies juives implantées dans les territoires occupés par Israël ou l’économie israélienne dans son ensemble ?
La semaine dernière le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou approuvait un nouvel accord de coopération avec l’Union européenne dans lequel le gouvernement israélien acceptait de boycotter les colonies juives dans les territoires occupés (ou du moins de coopérer avec un tel boycott européen) en autorisant uniquement les entreprises situées en Israël (dans les limites d’avant juin 1967) à demander des subventions.
Pour l’U.E. il s’agit de maintenir sa politique de reconnaissance de la “ligne verte” comme la seule limite territoriale de la légitimité israélienne 1. D’un côté aux yeux de l’U.E. se trouve un État souverain et un partenaire bienvenu dans le commerce et la diplomatie; de l’autre une occupation militaire illégitime qui viole le droit international. 2
Aux yeux de l’U.E. et des partisans du boycott sélectif des colonies ces deux côtés de la “ligne verte” sont ostensi¬blement l’objet de traitements distincts. C’est la distinction que Netanyahou a acceptée à priori mais que contestent d’autres membres de son gouvernement.
En effet Miri Regev remet en question la position adoptée par son Premier ministre 3 : «Ma position fondamentale écrit-elle est que le gouvernement israélien devrait rejeter dès le départ des accords qui nous obligent de facto à boycotter des parties de la patrie ou des populations vivant sur les hauteurs du Golan Jérusalem ou la Judée et la Samarie 4 sauf pour des exceptions très limitées». Regev souligne qu’il serait incohérent pour Israël de signer un accord qui au moins implicitement implique que Jérusalem-Est ne fait pas partie du territoire d’Israël et dans le même temps de réclamer du monde entier qu’il reconnaisse Jérusalem pour sa capitale unifiée et éternelle et y transfère ses ambassades.
Cette prise de position de Regev bloque l’adoption de l’accord avec l’U.E.. Si elle réussit à empêcher l’accord le résultat sera l’exclusion d’Israël du programme de subventions européen CBC Med 5.
À la lumière de la fracture entre l’Europe et les États-Unis ces derniers ayant abandonné toute prétention d’être un «courtier honnête» crédible pour promouvoir un accord de paix il est hautement improbable que l’U.E. abandonne l’article excluant les territoires occupés et donc les colonies juives du champ d’application de l’accord.
L’accord ne serait donc pas signé et les citoyens israéliens se verraient refuser l’accès à des dizaines de millions d’euros de subventions. Regev au nom de la prétendue souveraineté israélienne sur toute la terre située entre le Jourdain et la Méditerranée insiste pour effacer la distinction entre les colonies et Israël “proprement dit”. Et ce faisant elle qualifie l’économie israélienne toute entière d’illégitime et pas seulement la partie située au-delà de la “ligne verte”.
Regev rejoint donc le raisonnement des activistes de BDS : après plus de cinquante ans d’occupation militaire peut-on vraiment imaginer qu’il y a deux économies complètement de part et d’autre de la “ligne verte” ? Il est évident que non.
Alors que toutes les banques israéliennes accordent des prêts pour la construction de maisons et le lancement d’en¬treprises dans les colonies; alors que les compagnies de transport public exploitent des lignes qui traversent à tout moment la “ligne verte”; alors que la monnaie les infrastructures le réseau routier et les douanes sont identiques des deux côtés de la “ligne verte” et du “mur de la honte” construit par Israël 6; alors que les vins produits en Israël sont fabriqués avec des raisins provenant de vignobles cultivés sur des terres palestiniennes volées; alors que l’eau et la pierre de Cisjordanie sont utilisées pour irriguer étancher la soif et construire des maisons en Israël; alors que les opérateurs de téléphonie mobile israéliens ont des antennes et offrent leurs services dans les territoires occupés et que les entreprises privées de tous les secteurs de la haute technologie à la publicité offrent leurs services de part et d’autre de la “ligne verte” – cela a-t-il encore un sens de faire la distinction ?
Les militants de BDS disent que non : l’économie israélienne dans son ensemble profite de l’occupation et par conséquent toute subvention de l’U.E. quel que soit le côté de la “ligne verte” où se trouve théoriquement son bénéficiaire renforce l’économie de l’occupation et participe à sa perpétuation.
La ministre israélienne de la Culture Miri Regev ne l’exprimera évidemment pas de cette manière mais elle avalise le principe général : il n’y a qu’une seule économie “entre le fleuve et la mer” et il n’y a pas de division : il s’agit tout entière d’une économie fondée sur la violation du droit international des droits humains les plus fondamentaux sur la spoliation la violence et l’apartheid. Et la conséquence logique doit en être boycott total d’Israël.

http://www.pourlapalestine.be

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