Gaza – Centre Palestinien d’Information
Plusieurs déclarations ont été émises par des responsables du gouvernement sioniste, notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Smotrich, concernant un nouveau plan visant à occuper entièrement la bande de Gaza, préalable à la mise en œuvre du projet de déplacement soutenu par le président américain Trump et fermement adopté par le gouvernement d’extrême droite.
Ces déclarations ont suscité un vif débat dans les milieux sionistes quant à leur pertinence et à la capacité de l’entité sioniste à atteindre ses objectifs militaires en étendant son agression contre Gaza, ou s’il s’agit simplement de servir les intérêts politiques de Netanyahu et de son gouvernement de droite.
Par ailleurs, des observateurs doutent de la capacité du gouvernement sioniste à exécuter son plan d’occupation de Gaza. Ils soulignent que, bien que l’entité puisse atteindre des objectifs partiels en intensifiant son agression et en déplaçant un grand nombre de civils, la résistance à Gaza reste indomptable et profondément enracinée dans la société palestinienne, bien au-delà du Hamas. Cela confirme que le coût pour l’occupation sera élevé et qu’il ne parviendra finalement à aucun de ses objectifs, selon ces observateurs.
Dans le détail, le Conseil ministériel de sécurité restreint (le Cabinet) a approuvé à l’unanimité les plans de l’armée pour étendre son opération terrestre dans la bande de Gaza en vue de son occupation, parallèlement à l’annonce de la mobilisation de dizaines de milliers de réservistes. Un signe clair que la prochaine opération pourrait être la plus vaste depuis le début de la guerre en octobre 2023.
Netanyahu a déclaré que la prochaine phase serait « différente des précédentes », indiquant que l’armée passerait « des raids ponctuels à l’occupation permanente des territoires », reflétant un changement stratégique dans les opérations militaires sionistes à Gaza.
Plan d’occupation

Selon des fuites rapportées par des médias sionistes citant une source politique du bureau de Netanyahu, le plan présenté par le chef d’état-major Eyal Zamir comprend des objectifs déclarés : vaincre le Hamas, récupérer les prisonniers et prendre le contrôle total de Gaza.

De son côté, le ministre des Finances Smotrich a affirmé que « Gaza sera entièrement détruite » après la guerre, et que « dans six mois, il n’y aura plus de Hamas ». Il a ajouté que les habitants de Gaza commenceraient à « quitter massivement vers un pays tiers » après avoir été déplacés vers le sud de l’enclave. Smotrich a également assuré que l’entité sioniste « n’abandonnera pas Gaza, même en cas d’accord sur les otages », déclarant : « Nous occuperons Gaza une fois pour toutes… Nous ne craindrons plus le mot « occupation ».

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a commenté l’extension de l’opération terrestre en affirmant que l’entité sioniste devait « tout faire pour les captifs, sauf mettre toute une nation en danger ». Il a soutenu que la seule solution pour Gaza était « l’émigration volontaire », un concept promu par Trump et adopté par l’entité pour expulser les Palestiniens.
Rien de nouveau
En réalité, ce plan ne propose rien de vraiment nouveau. Il recycle les objectifs de guerre annoncés il y a 19 mois.


Le correspondant militaire Amir Bohbot s’interroge : « L’armée a-t-elle suffisamment de soldats pour un plan si coûteux ? Les réservistes mobilisés peuvent-ils tenir dans une guerre d’usure longue et complexe en milieu urbain comme Gaza ? »
Il ajoute : « La question la plus sensible concerne les captifs sionistes détenus par le Hamas : ce virage vers l’occupation signifie-t-il que Netanyahu est prêt à risquer leur vie ? Un tel scénario pourrait pousser le Hamas à des options extrêmes. »
Pertes lourdes

Bohbot estime que contrôler Gaza entièrement nécessiterait une force terrestre massive, avec des pertes militaires probables, surtout face aux tactiques de guérilla urbaine et de tunnels de la résistance palestinienne, transformant Gaza en « piège explosif » pour toute force tentant une occupation totale.
L’extension de l’opération terrestre n’est pas seulement une escalade militaire, mais aussi une tentative politique de redessiner Gaza par la force, avec des risques humanitaires et géopolitiques immenses, selon Haaretz.

L’analyste militaire Amos Harel y voit une escalade aux implications dépassant le champ militaire, liée aux plans de déplacement forcé, que ce soit vers le sud ou via des pressions sur l’Égypte pour ouvrir Rafah à un exode massif. Alors que Netanyahu parle de victoire décisive, Harel craint que le plan ne mène à une impasse : pas de victoire claire, pas de fin proche, tandis que civils gazaouis et soldats sionistes paient le prix fort.
Dans les opérations terrestres limitées de 2023-2024, plus de 600 soldats sionistes ont été tués et des milliers blessés. Une invasion totale de zones densément peuplées comme Gaza-ville, Chujaiya et Khan Younis pourrait causer des milliers de morts supplémentaires.
Défis pour l’occupation
Le journal Maariv souligne que l’armée ferait face à de nombreux défis en étendant l’occupation : attaques armées, embuscades, tunnels piégés… De plus, l’entité sioniste aurait besoin d’un système de gouvernance militaire ou civil alternatif à Gaza, une question non résolue.

Objectifs politiques ou militaires ?

Yair Golan, chef du parti des Démocrates, accuse le gouvernement d’étendre la guerre « non pour la sécurité de l’entité, mais pour sauver Netanyahu et son gouvernement extrémiste ».
Le chef de l’opposition Yair Lapid critique aussi le plan, affirmant que le gouvernement « est incapable de gérer quoi que ce soit, encore moins Gaza ». Il met en garde contre le manque de soldats et la perte de confiance des réservistes, tout en dénonçant l’absence d’objectifs clairs et l’échec des pressions militaires à libérer les prisonniers.
L’illusion sioniste et une résistance indomptable

Le professeur Bassem Bshnaq, de l’Université Islamique de Gaza, ironise : « l’entité sioniste annonce vouloir occuper Gaza comme si elle ne l’occupait pas déjà depuis des années ».
Il rappelle que la résistance palestinienne, antérieure au Hamas, persistera tant que les Palestiniens seront privés de liberté et de dignité. « Même si l’entité sioniste démilitarise et expulse des centaines de milliers de personnes, elle fera face à un peuple résistant ».
Il conclut : « L’occupation, aussi longue soit-elle, finira par disparaître. Le droit du peuple palestinien à un État indépendant est inaliénable ».