Gaza – Centre Palestinien d’Information


Le mouvement de la Résistance Islamique (Hamas) s’oriente vers une mise en œuvre ferme de la décision annoncée depuis le 7 octobre 2023 : sa volonté d’abandonner la gestion administrative de la bande de Gaza et de la transférer à un « Comité de soutien national » chargé de cette mission, loin des diktats sionistes. Récemment, le mouvement a confirmé qu’il ne nommerait pas de successeur au dirigeant martyr Issam al-Da’alis à la tête du « Comité de suivi gouvernemental ».

Une source dirigeante au sein du Hamas a déclaré que le mouvement, après l’assassinat d’al-Da’alis – tué par les frappes de l’occupation lors de l’agression lâche lancée par l’armée sioniste néonazie à l’aube du 8ème jour du Ramadan –, a décidé de ne pas désigner de remplaçant à la présidence du comité.
Jeudi dernier, la source a ajouté dans des déclarations aux médias que cette décision « ouvre la voie à la prise en charge des affaires de Gaza par le Comité de soutien communautaire », précisant que les affaires gouvernementales sont désormais gérées uniquement pour assurer les services de base, « afin d’éviter un vide administratif en temps de guerre. »
Le responsable du Hamas a également révélé que le mouvement « a demandé d’accélérer la mise en place du Comité de soutien communautaire à Gaza, conformément aux accords prévus. »
Une flexibilité politique
Commentant cette décision, l’écrivain et analyste politique Iyad al-Qarra affirme : « Dans une démarche aux implications politiques et organisationnelles, le Hamas a choisi de ne pas remplacer le martyr Issam al-Da’alis à la tête du Comité de suivi gouvernemental ».

Sur Facebook, al-Qarra a estimé que cette décision « marque une étape préparatoire directe pour élargir le rôle du Comité de soutien communautaire dans la gestion des affaires civiles et humanitaires à Gaza, dans le cadre d’une nouvelle phase de travail national et de solidarité interne ».
Pour lui, cette initiative reflète « une flexibilité politique et organisationnelle, jetant les bases d’une transition progressive vers une administration communautaire élargie, en phase avec les exigences de l’étape actuelle et les défis de l’après-guerre. ».
Un vide à éviter

Face à la position du Hamas, l’avocat des droits de l’homme Rami Abdo estime qu’ « il est crucial de fournir une alternative pour éviter un vide administratif » Il déclare :
« Les informations selon lesquelles le Hamas a déjà transféré ses responsabilités gouvernementales à l’Égypte et au Comité de soutien administratif – formé il y a des semaines –, ainsi que son refus de nommer un successeur à al-Da’alis après son assassinat par l’entité sioniste, nous imposent à nous, société civile et institutions, la responsabilité de trouver une solution. Nous ne pouvons permettre un vide dans un contexte déjà détruit par le génocide et où personne ne semble prêt à assumer ce rôle… Ce que nous n’avons pas réussi à faire depuis le début du massacre. ».
Le Hamas et l’Égypte
La décision du Hamas de ne pas remplacer al-Da’alis s’inscrit dans la lignée de ses orientations annoncées à plusieurs reprises, que ce soit concernant la réconciliation palestinienne ou la lutte contre l’occupation sioniste nazie.
Lors des dernières négociations sur un cessez-le-feu, le Hamas a réaffirmé sa « disposition à renoncer à son rôle administratif et gouvernemental à Gaza », à condition que cela se fasse « sur une base purement palestinienne, sans ingérence sioniste ». Cette position a été intégrée aux accords discutés avec l’Égypte.

Conformément à ces ententes, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a déclaré que « le Hamas ne fera pas partie de l’administration future de Gaza », précisant que des « experts technocrates indépendants des factions » seraient choisis pour ces responsabilités.
Vers un consensus national

Le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a souligné que le mouvement « a fait preuve d’une grande flexibilité lors des discussions au Caire sur la gestion future de Gaza, afin d’assurer sa reconstruction ». Il a rappelé que le Hamas soutenait « la formation d’un gouvernement de consensus ou, à défaut, d’un Comité de soutien communautaire » ».
Dans une précédente déclaration, Qassem a réaffirmé : Notre position est claire : nous accueillons favorablement toute approche politique ou arrangement administratif dans la bande de Gaza – même sans notre participation –, à condition qu’ils émanent d’un accord national et soient capables de piloter une reconstruction effective. ».
En attendant des élections

De son côté, Taher al-Nounou, conseiller du chef du bureau politique du Hamas, a salué les décisions du sommet arabe (début mars) et confirmé l’accord du mouvement sur « la proposition égyptienne d’un Comité de soutien intérimaire, jusqu’à la formation d’un gouvernement d’union et la tenue d’élections ».
Dans un entretien avec Al Jazeera, al-Nounou a exprimé la « volonté du Hamas de tout faire pour servir le peuple palestinien, notamment la reconstruction », y compris en « se retirant du Comité de soutien ». Il a révélé que plus de 40 noms de personnalités indépendantes et d’experts avaient été proposés pour composer ce comité.
Le Hamas semble opérer un retrait stratégique de la gestion quotidienne de Gaza, privilégiant une approche collective face aux défis humanitaires et politiques. Cette démarche, reste ancrée dans le refus de toute imposition sioniste, tout en cherchant à préserver l’unité palestinienne. La balle est désormais dans le camp des acteurs régionaux et locaux pour éviter un effondrement total.