Gaza – Centre palestinien d’information

Au milieu des tentes, des écoles et des abris après la destruction de leurs maisons, les femmes palestiniennes de la bande de Gaza endurent des conditions extrêmement difficiles. Certaines ont perdu leur mari, d’autres leurs enfants, et d’autres encore souffrent de blessures sans accès aux soins nécessaires.

En cette Journée internationale des femmes, célébrée chaque année le 8 mars pour honorer les réalisations des femmes à travers le monde, à Gaza, cette journée reflète plutôt la souffrance et la douleur endurées par une grande partie des femmes de la région.
Oum Mohammed Mansour est l’une de ces femmes qui ont respiré un peu mieux après l’annonce du cessez-le-feu à Gaza le 19 janvier dernier, mais cela n’a pas duré longtemps.
Cette mère de quatre enfants a été choquée en revenant chez elle, partiellement détruite, pour constater que tout son contenu avait disparu.
Pendant un an et demi de déplacement, cette femme dans la cinquantaine, comme beaucoup d’autres, s’est adaptée à la dure réalité de la vie dans les camps de déplacés du sud de la bande de Gaza. Elle devait faire face à la fumée dégagée par le bois qu’elle brûlait pour cuisiner, mais elle ne s’attendait pas à ce que cuisiner au feu de bois devienne une partie essentielle de sa vie.
Elle raconte : « J’étais heureuse de retourner dans ma maison, même partiellement détruite, mais j’ai été choquée de découvrir que la plupart de mes biens, y compris les meubles et les ustensiles de cuisine, avaient été volés. Je m’attendais à ce que la bouteille de gaz soit volée, mais pas le réchaud. On peut trouver une bouteille de gaz, même à un prix élevé, mais dans ces conditions, il est difficile de payer pour un réchaud, avec toutes les autres dépenses à assumer. »
Oum Mansour explique que son mari possédait un petit magasin avant la guerre, mais qu’il a du mal à se procurer des marchandises pour le rouvrir, car les commerçants exigent un paiement en espèces ou par virement bancaire.
Ce n’est pas seulement le retour à la cuisson au feu de bois qui épuise Oum Mansour et sa famille. Elles font face à d’autres problèmes quotidiens, comme la difficulté à se procurer de l’eau potable et pour l’hygiène. Elles doivent payer pour le carburant nécessaire pour faire fonctionner la pompe à eau, ce qui oblige ses enfants à transporter des bidons d’eau chaque jour pour remplir manuellement le réservoir.
Un prix élevé à payer

Les femmes et les enfants ont payé un lourd tribut dans la guerre génocidaire contre Gaza, représentant ensemble 70 % des victimes, selon les données publiées par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
L’armée d’occupation sionistes a tué 12 316 Palestiniennes, et 13 901 femmes sont devenues veuves, perdant leur mari et soutien de famille. De plus, 50 000 femmes enceintes ont accouché dans des conditions inhumaines, 17 000 mères ont perdu leurs enfants, et 162 000 femmes ont contracté des maladies infectieuses. Environ 2 000 femmes et jeunes filles souffriront d’un handicap permanent après avoir subi des amputations, selon les données publiées par le Bureau d’information gouvernemental.
Nour Al-Dalu est l’une de ces jeunes filles qui ont survécu mais qui portent de profondes blessures. Elle a subi des blessures graves qui ont changé le cours de sa vie, la laissant avec des cicatrices physiques et psychologiques qui ne guériront jamais. Chacune d’elles porte une douleur sans fin, ayant perdu une partie de son corps, de son identité et de sa capacité à vivre comme avant. Tout cela dans un contexte de destruction systématique du système de santé par l’attaque sioniste et un blocus étouffant qui les prive de la possibilité de recevoir les soins nécessaires.
Nour, 18 ans, a été touchée par un missile sioniste, perdant sa mère, sa sœur et sa nièce, et ses jambes ont été amputées. Elle raconte : « J’ai été projetée à dix mètres à cause de l’explosion. Quand je me suis réveillée, je ne reconnaissais plus mon corps. Je ne pouvais pas crier ni pleurer. La douleur était trop grande pour être exprimée par des mots. »

Elle ajoute dans un témoignage recueilli par le Centre palestinien pour les droits de l’homme : « Je ne peux plus marcher, me déplacer, vivre ma vie comme avant. Mon avenir est incertain, sans maison, sans études, sans traitement. Des jours entiers passent, alourdis par la pensée : comment l’occupation sioniste m’a-t-elle privée du droit de vivre comme une personne normale ? Comment m’a-t-elle transformée en un instant, en une personne handicapée, sans mère ni sœur? »
Elle poursuit : « C’est un sentiment indescriptible. J’attends toujours la permission de voyager pour recevoir un traitement approprié et une prothèse qui me donnerait une chance de retrouver une partie de ce que j’ai perdu. »
Absence de vie privée

Pendant ce temps, Oum Ahmed Abou Aïda, qui vit dans une tente et prépare le petit-déjeuner pour ses quatre enfants après la mort de son mari, raconte à l’Agence Anadolu : « Mon mari est mort d’un cancer pendant la guerre. Il n’y avait pas de chimiothérapie pour le soigner, et nous n’avions pas les moyens de lui offrir les soins nécessaires. »
Elle souligne qu’elle vit dans des conditions difficiles à cause de la guerre, privée de ses besoins les plus élémentaires, ce qui l’a poussée à travailler dans un petit projet pour subvenir aux besoins de sa famille.
Au lieu de célébrer la Journée internationale des femmes, elle passe ses journées à chercher de l’eau et à ramasser du bois. Elle explique qu’elle est loin de sa famille en Égypte, partie pour se faire soigner, et qu’il n’y a plus de communication à cause des coupures d’électricité et d’Internet.
Les femmes dans les camps de déplacés souffrent également du manque de vie privée, vivant dans des tentes délabrées et portant constamment des vêtements de prière, même lorsqu’elles vont au marché.
Parmi elles, il y a Wafa Rabie, une veuve qui s’occupe de cinq enfants. Elle explique qu’elle ne portait auparavant ces vêtements que pour prier, mais avec tant d’hommes autour d’elle, elle les porte maintenant en permanence, même pour dormir. « Vivre dans une tente, c’est comme vivre à ciel ouvert. Qui nous donnera une nouvelle tente pour remplacer celle-ci, usée par les intempéries de l’été et de l’hiver ? »
Rabie raconte comment la fermeture des points de passage affecte la vie des femmes à Gaza. Depuis la fermeture du point de passage de Kerem Shalom par l’occupation sioniste le 2 mars, un jour après la fin de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, les prix de nombreux produits féminins comme les serviettes hygiéniques et les shampoings ont augmenté.
Une condamnation à mort lente
Les Nations Unies estiment que plus de 690 000 femmes et filles à Gaza ont besoin de produits d’hygiène menstruelle, ainsi que d’eau potable et de toilettes.
La première phase de l’accord de cessez-le-feu s’est terminée samedi soir, et les négociations pour la deuxième phase auraient dû commencer le 16e jour de la première phase (le 3 février dernier).
Le gouvernement d’occupation a renié l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers avec le Hamas, refusant de passer à la deuxième phase. Il souhaite prolonger la première phase pour libérer un maximum de prisonniers sionistes sans contrepartie ni accomplissement des obligations militaires et humanitaires prévues par l’accord.

Le Centre palestinien pour les droits de l’homme appelle à intensifier les efforts internationaux pour garantir la continuité du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, afin de protéger efficacement les femmes et les autres habitants, et de limiter les conséquences catastrophiques du crime de génocide qui les vise.
Il insiste sur la nécessité d’introduire sans restriction l’aide humanitaire, soulignant que le blocage continu de son acheminement vers Gaza aggrave la catastrophe humanitaire et perpétue la souffrance des femmes, privées des besoins les plus élémentaires, y compris un abri temporaire (caravanes) qui leur offrirait un minimum de sécurité et de confort, ainsi que de la nourriture, de l’eau, du carburant et des fournitures médicales pour répondre à leurs besoins vitaux dans les conditions actuelles.
Le Centre souligne également la nécessité d’ouvrir immédiatement et sans conditions les points de passage vers Gaza, pour sauver la vie des femmes blessées et leur permettre de recevoir un traitement urgent et approprié à l’extérieur de la bande de Gaza. Il affirme que la fermeture continue des points de passage est un crime délibéré qui aggrave la souffrance des blessées et les condamne à une mort lente.
Le Centre palestinien pour les droits de l’homme appelle à intensifier les efforts nationaux et internationaux pour accélérer la reconstruction de la bande de Gaza sans délai, afin de remédier aux conséquences catastrophiques du crime de génocide qui a visé sa population.
Il souligne l’importance d’accorder une attention particulière aux femmes qui portent le fardeau de cette catastrophe, en adoptant des programmes de soutien psychologique et social complets pour traiter les traumatismes causés par la guerre génocidaire.

Le Centre exhorte également à renforcer les programmes d’autonomisation économique pour garantir le retour à une vie normale et la justice pour les victimes, ainsi qu’à assurer une représentation et une participation politique effective des femmes, en leur donnant un rôle de leadership dans la définition des priorités de relèvement et de développement.
Enfin, le Centre palestinien pour les droits de l’homme insiste sur l’obligation de la communauté internationale de respecter les dispositions du droit pénal international et les principes de la justice internationale, et de prendre des mesures décisives pour tenir l’entité sioniste, ses dirigeants et les responsables de crimes internationaux graves commis contre le peuple palestinien, devant les tribunaux internationaux.