Cisjordanie – Centre Palestinien d’Information
Pour le troisième jour consécutif, les forces d’occupation sioniste poursuivent leur agression contre les villes du nord de la Cisjordanie, notamment Jenine, Tulkarem, Tubas et les camps de réfugiés. Cette opération implique une brigade militaire entière ainsi que quatre unités spéciales de l’armée, de la garde-frontière et du Shabak. Des drones ont également été utilisés pour réaliser des frappes aériennes, entraînant la mort de plusieurs martyrs.
À la rédaction de ce rapport, le bilan de l’agression israélienne s’élève à 20 martyrs, des dizaines de personnes arrêtées, et le siège de 4 hôpitaux empêchant l’accès aux soins.
Cette opération militaire suit une préparation médiatique qui dure depuis plusieurs jours. Le ministre des Affaires étrangères sioniste a déclaré que l’opération militaire serait similaire aux manœuvres terrestres menées à Gaza, et que les zones résidentielles et les hôpitaux seraient évacués selon les besoins opérationnels.
En réponse, la résistance s’est opposée à l’occupation et mène des affrontements violents en utilisant des armes légères et des dispositifs explosifs. La résistance a réussi à neutraliser une pelleteuse militaire dans le camp de Nour Shams et un véhicule blindé de type Buz Namer à Jenine.
Les Brigades al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont affirmé que leurs combattants ont tendu des embuscades efficaces aux forces d’occupation dans les gouvernorats de Jenine, Tulkarem et Tubas, leur infligeant des pertes importantes. Elles ont indiqué qu’elles révéleraient les détails de ces pertes dans les jours à venir.
Le Mouvement du Jihad Islamique a également rendu hommage aux martyrs du massacre de Zababdeh et aux martyrs de la Cisjordanie, affirmant que l’agression étendue des forces d’occupation contre les villes du nord de la Cisjordanie et leurs camps ne réalisera pas ses objectifs, mais renforcera la détermination à résister.
Objectifs de l’attaque
Au début de l’agression, l’armée d’occupation a annoncé que les objectifs de cette opération sont de détruire la résistance dans le nord de la Cisjordanie, en raison de la gravité de la situation sécuritaire après l’attaque de Tel Aviv, et de prévenir la transformation de la Cisjordanie en un front actif qui épuiserait l’ennemi et affecterait le déroulement des résultats de la guerre.
L’auteur et analyste politique Bilal al-Shoubaki explique que entite sioniste a longtemps adopté une stratégie de gestion du conflit avec les Palestiniens, en imposant des faits sur le terrain par le biais de négociations avec l’Organisation de Libération de la Palestine ou par l’intensification de la résistance en Cisjordanie et à Gaza lors de la seconde Intifada. Cependant, il est passé à une stratégie promue par l’extrême droite, visant à trancher le conflit après avoir atteint les centres de décision.
Al-Shoubaki précise que les actions actuelles de l’occupation visent à éliminer les foyers de résistance dans le nord de la Cisjordanie en raison de l’expansion de la résistance ces derniers mois, tant en termes de géographie que de types d’opérations. Cependant, l’entité sioniste n’a pas encore réussi à cette élimination et cherche à imposer un coût élevé au plus grand nombre de Palestiniens pour empêcher toute dynamique de résistance.
De son côté, l’analyste politique Sari Urabi affirme qu’il y a un consensus sioniste sur la nécessité de démanteler la résistance concentrée dans le nord de la Cisjordanie. L’occupation a utilisé diverses méthodes depuis le début de l’année 2022, à travers l’opération Briser les vagues et depuis l’opération Déluge d’Al-Aqsa, en concentrant des efforts considérables pour neutraliser cette zone.
Urabi ajoute que la Cisjordanie a fourni plus de 10 000 prisonniers et plus de 600 martyrs depuis le début de l’opération Déluge d’Al-Aqsa. Il précise que malgré l’utilisation de techniques avancées, de raids sur les camps et de tirs ciblés contre les résistants, cela n’a pas suffi, poussant à lancer cette campagne.
Urabi confirme que cette approche représente un consensus au sein de l’entité sioniste entre l’armée, le Shabak et le gouvernement sioniste. Cependant, il existe également un objectif politique, car la Cisjordanie constitue le profond stratégique de l’occupation, un levier de propagande pour les colonies. Il ajoute que le plan est de résoudre la situation en Cisjordanie en élargissant les colonies et en étranglant les Palestiniens, tuant leur espace vital.
L’analyste politique Suleiman Bisharat note que les objectifs de l’agression de l’occupation contre les villes du nord de la Cisjordanie concernent la géographie de l’opération militaire, en particulier en ce qui concerne le rôle de la résistance à Naplouse, Jenine, Tulkarem et le camp de Far’ah à Tubas. Cela a dépassé les attentes sioniste et pourrait permettre à la résistance de s’étendre aux autres régions de la Cisjordanie, passant de la défense des camps contre les incursions sionistes à la réalisation d’opérations de résistance dans les villes contrôlées par les autorités sionistes nazies, ou dans les colonies ou les routes utilisées par les colons.
Bisharat ajoute que l’attaque des camps vise à détruire ce qu’ils représentent en tant que projet de résistance et projet social de maintien des droits palestiniens, ainsi que leur symbolisme pour le droit au retour des réfugiés. Cela a été clairement souligné par la campagne de propagande sioniste intensive contre l’UNRWA ces derniers mois.
Le professeur de sciences politiques à l’Université de Nablus, Dr. Hassan Ayyoub, prévoit que l’agression de l’occupation durera plusieurs jours, car l’occupation a préparé cette opération depuis un certain temps et parce que les objectifs ne sont pas clairement définis. Il explique que ce que l’armée d’occupation a annoncé, à savoir viser les infrastructures de la résistance à Jenine ou Tulkarem, est un objectif vague, permettant à l’opération militaire de se prolonger jusqu’à ce que l’armée d’occupation estime avoir accompli quelque chose en détruisant les infrastructures de la résistance ou en éliminant les résistants, et en particulier les camps ciblés au cours des mois précédents.
Ayyoub considère que l’objectif politique de cette opération est de préparer la création d’un « État des colonies » en Cisjordanie de fait et en droit. Depuis les Accords d’Oslo, où le nombre de colons était inférieur à 120 000, l’entité a augmenté ce nombre à plus de 800 000, en contrôlant les routes de contournement et l’espace territorial, pour tuer tout projet de résistance et établir un projet de déplacement par les colons, comme l’expulsion de 2000 Palestiniens des zones rurales et des rassemblements bédouins, du sud au nord de la Cisjordanie.
Le chercheur palestinien spécialisé dans les affaires sionistes, Salah al-Awwad, considère que l’opération militaire étendue en Cisjordanie est le résultat de la situation sécuritaire de l’occupation avec Gaza, le sud du Liban et la région en général. Il ajoute que « l’escalade et les affrontements continus ainsi que la situation sécuritaire dégradée de l’occupation et la brutalité simultanée ont exacerbé l’agression contre le peuple palestinien partout où il se trouve ».
Il explique dans un entretien avec « Al-Khaleej Online » que cette escalade, étant la plus large depuis près de deux décennies, prouve que toutes les stratégies de l’occupation au cours des dernières années concernant Gaza et la Cisjordanie ont échoué, même les efforts de l’Autorité palestinienne et sa coordination sécuritaire avec l’occupation n’ont pas réussi à étouffer l’Intifada et la résistance en Cisjordanie jusqu’à leur niveau actuel.
Al-Awwad note également que la Cisjordanie est devenue « le maillon faible de l’occupation », et que les dirigeants militaires et les institutions de sécurité ont souvent évoqué la gravité de la situation en Cisjordanie, même pendant les périodes de calme qu’ils ont qualifiées de « calme trompeur ».
Il souligne que l’état de fermentation et l’agression continue des colons et de l’armée d’occupation en Cisjordanie étaient susceptibles d’exploser à tout moment, « c’est pourquoi l’occupation tente d’éviter une explosion de la Cisjordanie avant qu’elle ne se produise ou ne s’intensifie ».
