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Tue 10-September-2024

Accouchements amères…Les femmes endolories à Gaza racontent leurs patiences.

lundi 5-août-2024

Gaza – Centre palestinien de l’information

Rasha Mahmoud n’oubliera jamais ce jour douloureux, celui où elle a commencé à accoucher au milieu des bombes qui tombaient. « La situation était si difficile qu’il est impossible de la décrire. Je sentais que mon cœur allait s’arrêter. »

Mahmoud raconte qu’au crépuscule du 20 juin dernier, elle a ressenti de terribles douleurs dans le bas de son ventre, réalisant qu’il s’agissait de douleurs de l’accouchement, mais les bruits des frappes sionistes sur les tours de Salehi à Nusairat l’ont clouée sur place. « Je ne pouvais ni crier ni bouger, tandis que les ambulances ne cessaient de circuler pour transporter les blessés et les martyrs. »

Rasha, âgée de 30 ans, c’est son quatrième enfant, mais c’est la première fois qu’elle vit la douleur de l’accouchement et la terreur de la guerre en même temps. « J’avais entendu et lu des témoignages de femmes et de jeunes filles ayant vécu cette expérience lors de précédentes guerres contre Gaza, mais je n’avais jamais imaginé vivre ce moment dans une tente sur la plage. »

Son mari est sorti chercher un véhicule pour les transporter à l’hôpital Al-Awda, à l’ouest du camp de réfugiés de Nusairat, mais cela n’a pas été facile. « La région ressemblait à un champ de fantômes, à l’exception du bruit des drones et des explosions de bombes. » Elle ajoute : « Mon mari était désorienté, ne sachant quoi faire entre sa peur pour moi et sa préoccupation pour nos enfants que nous allions laisser dans la tente. Nous avons finalement osé demander à notre voisine de s’occuper d’eux en attendant notre retour. »

Elle souligne qu’à peine arrivée à l’hôpital, des avions de guerre sionistes ont détruit une maison voisine. « La peur envahissait les lieux et l’hôpital était bondé. L’accouchement a été difficile malgré le fait qu’il s’agisse d’un accouchement naturel. J’ai essayé d’aller aux toilettes avant d’accoucher, mais je n’ai pas pu à cause de la longue file d’attente des déplacés. »

Quant aux plus grandes craintes qu’elle a éprouvées à ce moment-là, elle dit : « J’avais peur de perdre le bébé, j’avais peur pour mes enfants que j’avais laissés derrière moi. J’aurais voulu que ma mère soit avec moi en ces moments difficiles. J’entendais les cris des enfants et des femmes blessées pleurant sous le choc des bombardements. »

Elle poursuit : « Je priais pour que la guerre se termine avant la naissance de mon enfant. Accoucher en pleine guerre est une souffrance incessante. J’ai cherché dans les magasins des fournitures sanitaires pour moi et pour mon bébé, mais beaucoup étaient introuvables. Et maintenant, mon fils Mohamed a passé son premier mois pendant les mois les plus chauds de l’année. »

L’UNICEF estime qu’environ 20 000 enfants sont nés dans l’enfer de l’agression sioniste néonazie contre Gaza depuis son déclenchement le 7 octobre 2023, avec un bébé naissant toutes les 10 minutes dans ces conditions horribles. Par ailleurs, une agence onusienne a indiqué qu’il y avait environ 50 000 femmes enceintes dans la bande de Gaza.

Les conditions catastrophiques, l’effondrement des services de santé, le manque d’hygiène et la propagation des épidémies suscitent la peur chez les femmes pour leurs enfants en général, et pour les nouveau-nés en particulier. Parmi elles, Sarah Ahmed, qui a donné naissance à son enfant pendant les premiers mois de la guerre.

Ahmed, âgée de 28 ans et travaillant comme infirmière, explique que la peur ne se limite pas au jour de l’accouchement. Les conséquences de la naissance en période de guerre sont épuisantes en termes de fourniture d’un environnement adéquat pour le bébé, de nourriture pour la mère allaitante, ou de fourniture de couches et de lait pour le nourrisson.

Elle se demande : « Comment un nouveau-né, âgé de quelques heures ou de quelques jours, peut-il vivre dans une tente qui manque de toutes les bases de la vie humaine ? Comment l’enfant peut-il recevoir suffisamment de lait alors que la mère ne mange pas d’aliments sains ? »

Elle ajoute : « Comment le père peut-il compenser le manque de lait maternel alors que le lait en poudre est rare sur le marché et vendu à des prix très élevés, une boîte coûtant environ 60 shekels ? Même si l’on obtient une boîte des organisations internationales, elle ne dure guère plus d’une semaine. »

Ahmed souligne les difficultés rencontrées par les femmes lors de l’accouchement, où la cible des hôpitaux du secteur jette une ombre sombre sur les soins postnataux pour les mères ayant des complications telles que les saignements, les infections ou la dépression postnatale, ce qui est extrêmement dangereux dans ces conditions.

Elle ajoute : « Les craintes ne se limitent pas à l’accouchement lui-même, mais s’étendent à plusieurs défis comme le maintien des nouveau-nés prématurés dans les incubateurs en raison du manque de nombreux médicaments et fournitures médicales, de la pénurie sévère de carburant, de l’absence d’électricité et de nourriture. »

Selon les données publiées par le ministère de la Santé de Gaza, environ 60 000 femmes palestiniennes enceintes dans la bande de Gaza souffrent de malnutrition et de déshydratation en raison de l’agression sioniste continue sur le secteur, ayant entraîné la fermeture de 34 hôpitaux et de 68 centres de soins.

Mai Younes se rend fréquemment au point médical de l’UNRWA, où elle se plaint de saignements intermittents, que le médecin attribue au manque de nourriture saine et aux déplacements fréquents, et elle pourrait être confrontée au risque d’un accouchement prématuré.

Elle dit avoir été déplacée trois fois depuis le début de la guerre, ayant dû marcher de Gaza à la région centrale avant de prendre un véhicule pour Khan Younis, puis se déplacer à pied jusqu’à Rafah, et de là, se déplacer à Deir el-Balah.

Les femmes enceintes rencontrent des problèmes de santé en raison des déplacements, du stress, ainsi que du manque d’eau et de nourriture. Le Fonds des Nations Unies pour la population indique que les autorités d’occupation entravent l’entrée des lots d’aide destinés aux cas de naissance.

Les Nations Unies, dans leur bulletin sur les questions de genre concernant les impacts de la guerre sur Gaza pour les femmes et les filles, soulignent que l’accès à de l’eau potable est crucial pour les mères allaitantes et les femmes enceintes, qui ont besoin de consommer quotidiennement des quantités plus importantes d’eau et de calories que les autres.

Selon l’UNICEF, 95 % des femmes enceintes ou allaitantes sont confrontées à une grave pénurie alimentaire.

Les agences onusiennes avertissent des effets psychologiques de la guerre et de ses conséquences directes sur la santé reproductive, y compris l’augmentation des cas d’accouchements prématurés et des avortements dus au stress.

La coordinatrice principale des affaires humanitaires et de la reconstruction à Gaza, Sigrid Kaag, indique que les médecins à Gaza notent une augmentation des taux d’avortements durant le premier et le deuxième trimestre de la grossesse, sans connaître les raisons exactes. « Mais il est certain que les femmes dans la bande de Gaza souffrent de pressions psychologiques, physiques et sanitaires. »

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