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Mon 9-September-2024

Des opportunités diplomatiques à l’extension du conflit…Les effets de l’assassinat de Haniyeh

vendredi 2-août-2024

Gaza – Centre palestinien d’information

L’assassinat du leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran et de Fouad Shukr à Beyrouth représente un tournant dans la guerre d’extermination en cours contre la bande de Gaza depuis 10 mois. Cela pourrait ouvrir la voie à une escalade majeure dans la région ou à une désescalade diplomatique, poussant l’entité sioniste, incapable de remporter la victoire, à accepter la proposition de cessez-le-feu présentée par le président Biden pour éviter le premier scénario d’escalade.

Dans un document de recherche publié par le Centre arabe de recherche et d’études politiques, intitulé « L’assassinat d’Ismaïl Haniyeh et ses répercussions », le centre estime que le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahou espère obtenir une image de victoire qu’il est encore incapable d’atteindre, afin de l’utiliser comme prétexte pour continuer la guerre jusqu’à ce qu’il puisse imposer sa vision de ce qu’on appelle le lendemain de Gaza. Cependant, l’assassinat menace d’élargir le conflit dans la région si l’Iran et le Hezbollah décident de répondre avec une force imprévue à l’assassinat de Haniyeh et de Fouad Shukr, un dirigeant militaire important du parti.

Les visées de l’Iran

Le document relie la possibilité d’une extension du conflit militaire aux ambitions de l’Iran et à sa réponse attendue à l’assassinat de Haniyeh, alors que le monde arabe, en général, reste spectateur face à agissements sionistes dans la région. Les évaluations de la situation montrent que les déclarations iraniennes ont été « remarquablement mesurées » dans les premières heures suivant l’assassinat, aucune d’entre elles n’ayant fait mention de la responsabilité de l’entité et aucune ne contenant d’engagement à réagir, en particulier celles du Corps des gardiens de la révolution.

L’orientation iranienne est devenue plus claire après la réunion du Conseil de sécurité nationale, justifiant la prudence dans l’accusation des sionistes par la nécessité de comprendre précisément ce qui s’est passé. En effet, l’Iran, en raison de l’ampleur du coup porté sur son territoire, ne pourra que réagir d’une manière ou d’une autre, peut-être similaire à ce qu’il a fait après l’assassinat du général Qassem Soleimani par Washington à l’aéroport de Bagdad début 2020. L’évaluation de la situation indique que l’Iran est confronté à un grand test, avec son nouveau président cherchant à ouvrir un dialogue avec l’Occident tout en souhaitant répondre sans se retrouver dans une confrontation ouverte avec l’entité sioniste, ni nuire aux chances de dialogue avec Washington, d’autant plus que c’était l’un des objectifs de l’assassinat ordonné par Netanyahou à Téhéran.

Possibilités de négociation

L’évaluation de la situation suggère la possibilité d’un accord à un moment où les pressions internes et américaines sur Netanyahou pour parvenir à un accord et mettre fin à la guerre, dont les objectifs dans la bande de Gaza semblent épuisés selon la logique de l’administration américaine, se font de plus en plus fortes. L’évaluation note que l’augmentation des tensions entre le Hezbollah et l’entité pourrait représenter la phase précédant un cessez-le-feu, car de nombreux acteurs régionaux et internationaux craignent une perte totale de contrôle sur la situation et l’entrée de la région dans un conflit généralisé impliquant les États-Unis et d’autres pays occidentaux.

Il est prévu que les pressions internationales sur Netanyahou pour accepter « l’image de victoire » qu’il a tenté d’obtenir par l’assassinat de Haniyeh à Téhéran et de Shukr à Beyrouth augmenteront dans les périodes à venir, tout en se dirigeant vers un accord mettant fin à la guerre dans la bande de Gaza. Cette analyse repose sur les déclarations de Kamala Harris et Donald Trump appelant à la fin de la guerre, malgré leur compétition pour soutenir l’entité sioniste lors de leurs rencontres avec Netanyahou.

Le rapport du Centre arabe indique que, bien que l’assassinat de Haniyeh semble être une dernière tentative de Netanyahou pour porter un coup final au processus de négociation, « parvenir à un accord reste la seule option ; le Hamas et les autres factions de la résistance, ainsi que leur soutien populaire, ont un véritable intérêt à mettre fin à la guerre, compte tenu de l’extermination dont la bande de Gaza est victime ».

Il est précisé que, bien que Netanyahou ne semble pas intéressé par la conclusion d’un accord, ses options sont limitées ; après plusieurs mois d’efforts infructueux, il semble de moins en moins proche de réaliser l’un des deux objectifs de la guerre, à savoir l’élimination du Hamas et le lancement des négociations pour les prisonniers, alors que la pression de la rue et de l’armée, de plus en plus intense, réclame un cessez-le-feu en raison de la fatigue et de l’épuisement continus.

Le contexte politique palestinien

En ce qui concerne la situation interne palestinienne, l’évaluation estime que le deuil de l’Autorité palestinienne pour Haniyeh, en tant que grand leader national, et la déclaration de deuil avec mise en berne des drapeaux, représentent une véritable opportunité de capitaliser sur l’accord de Pékin récent, signé le 23 juillet 2024. Il ajoute : « Cela renforce les chances de formation d’une direction palestinienne unifiée au sein de l’Organisation de libération de la Palestine, considérée comme la seule option pour les Palestiniens afin d’exploiter les sacrifices énormes qu’ils ont consentis, notamment au cours des dix derniers mois, et de ne pas les perdre. »

Il est également souligné que l’assassinat de Haniyeh place à nouveau les dirigeants du Hamas au centre du débat public, car ils paient le prix de leurs positions avec leur sang et celui de leurs partisans, offrant ainsi des sacrifices semblables à ceux des habitants de Gaza assiégés.

Il est enfin noté que, par l’assassinat de Haniyeh, l’occupation sioniste néonazie « a porté un coup au récit qu’elle a construit et à ses plateformes médiatiques au cours de dix mois de guerre, concernant la divergence entre les agendas de la direction de la résistance à l’étranger et les préoccupations de la rue ».

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