CPI
Le Observatoire Euro-Méditerranéen des droits de l’homme a appelé la communauté internationale à intervenir immédiatement et fermement pour obliger Israël à cesser son mécanisme inhumain de distribution de l’aide dans la bande de Gaza, suite au massacre sanglant des affamés ce dimanche matin, qui a fait plus de 220 morts et blessés par les tirs de l’armée israélienne près d’un point de distribution d’aide soutenu par les États-Unis, au sud de Rafah.
Dans un communiqué de presse, l’Observatoire Euro-Méditerranéen a indiqué que son équipe de terrain a documenté les tirs de l’armée israélienne contre des milliers de civils rassemblés dans le quartier de Tel Sultan à Rafah, au sud de Gaza, près d’un point d’aide établi par l’armée israélienne, causant la mort d’environ 30 civils, dont deux femmes, selon un bilan provisoire, ainsi que plus de 200 blessés, et un nombre indéterminé de disparus. Le nombre de morts pourrait encore augmenter en raison du grand nombre de blessés graves et de la dégradation sévère des soins médicaux liée au blocus et aux attaques israéliennes contre le système médical.
L’Observatoire a précisé que l’armée israélienne et l’organisation américaine qu’elle a créée ont demandé aux Palestiniens de recevoir l’aide dans cette zone, en leur demandant d’attendre jusqu’à 6 heures du matin pour passer les points de contrôle. Pourtant, ils ont été ciblés par des tirs directs de drones « Quadcopter », suivis de tirs de chars, et des membres de l’organisation américaine ont lancé des gaz lacrymogènes sur les foules affamées, provoquant de nombreuses victimes et une panique générale.
Selon des témoins interrogés par l’Observatoire, l’organisation américaine prépare des quantités limitées d’aide et dirige des dizaines de milliers de Palestiniens vers une zone dangereuse où les forces israéliennes ouvrent le feu, tandis que ceux qui survivent et atteignent le lieu de distribution découvrent que la quantité d’aide est insuffisante, ce qui provoque des luttes pour l’obtenir.
Un témoin, M. S., a déclaré : « Des centaines de citoyens se sont rassemblés dès 2 heures du matin au rond-point ‘Al-Alam’ (nord-ouest de Rafah). Soudain, un drone ‘Quadcopter’ est arrivé, diffusant par haut-parleurs qu’il était interdit de s’approcher des points de contrôle avant 6 heures du matin. Malgré cela, un grand groupe a avancé vers la route menant au point de distribution supposé sûr. Le drone a alors tiré directement sur la foule, causant de nombreuses blessures, puis est entré en collision avec un poteau électrique et est tombé. Ensuite, les forces d’occupation ont tiré des obus au hasard sur les gens, transformant la scène en un massacre horrible. Parallèlement, des agents américains ont lancé des gaz lacrymogènes pour disperser les personnes présentes. »
Un autre témoin, Mme F. A., a raconté : « Malgré le massacre et la faim, des centaines de personnes sont restées sur place. À 6 heures du matin, le drone a annoncé qu’il fallait se diriger vers les points de contrôle, où une grande foule était rassemblée. J’étais au milieu de la foule et à notre arrivée, il y avait seulement huit plateformes en bois chargées de cartons d’aide, bien insuffisant pour le grand nombre de personnes. Les gens se sont précipités pour obtenir les cartons sans aucun ordre. Nous sommes restés en espérant que plus d’aide arriverait, mais on nous a demandé de partir et revenir le lendemain matin. »
Le même scénario d’attaque contre les affamés s’est répété près d’un point de distribution d’aide dans le nord du gouvernorat central, où un civil a été tué et 26 autres blessés dimanche matin.
L’Observatoire Euro-Méditerranéen a souligné que l’insistance d’Israël à maintenir ce système de distribution d’aide dans des lieux dangereux, avec des quantités limitées d’aide livrées chaque jour sans organisation ni critères, reflète une politique délibérée visant à créer un chaos permanent et à provoquer des conflits entre les affamés depuis trois mois.
Le bilan provisoire des victimes près des points de distribution depuis mardi dernier est de 41 morts, environ 300 blessés, et plusieurs disparus.
L’Observatoire a rappelé que le chaos dangereux observé au centre de distribution d’aide hier confirme que le mécanisme israélien est incapable de fournir une aide humanitaire adéquate et sûre. Remplacer des centaines de points précédents par seulement quatre points ressemblant à des centres de détention militaire, dépourvus d’infrastructures appropriées pour accueillir les populations et distribuer l’aide de façon fluide et sécurisée, est impossible.
Il a averti qu’il ne faut pas considérer ces événements comme de simples problèmes procéduraux pouvant être corrigés par des ajustements, mais comme les graves conséquences du contrôle par l’armée israélienne de la distribution de l’aide humanitaire, soulignant qu’il est inconcevable que l’entité qui commet un génocide depuis près de 20 mois assume la responsabilité d’améliorer la situation humanitaire des populations victimes de ce même génocide.
L’Observatoire Euro-Méditerranéen a appelé à la fin immédiate du mécanisme israélien de distribution de l’aide à Gaza, devenu un lieu d’exécutions sommaires de civils palestiniens, dépourvu des standards humanitaires essentiels liés au travail de secours. Il a insisté sur la nécessité de revenir au mécanisme onusien précédent pour garantir un flux sûr et régulier d’aide humanitaire aux habitants de Gaza.
Enfin, il a exhorté tous les pays et entités concernés à faire pression sur Israël pour qu’il abandonne ses plans visant à supplanter et annuler le rôle des institutions onusiennes expérimentées à Gaza, soulignant le rôle vital et neutre de ces institutions dans la gestion des opérations d’aide humanitaire pour venir en aide à plus de 2,2 millions de Palestiniens confrontés à la mort et à la faim dans la bande de Gaza.