CPI
Le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme a exprimé son rejet total du nouveau plan promu par les États-Unis d’Amérique, en coordination avec l’État occupant, pour gérer le processus de distribution des aides à la population palestinienne dans la bande de Gaza. Ce plan sera mis en œuvre par des sociétés américaines privées, opérant sous un faux prétexte humanitaire, avec une protection sécuritaire directe de la part des forces d’occupation, dans des zones soumises à leur contrôle militaire.
Dans un communiqué publié lundi, le Centre a estimé que ce plan représente une nouvelle forme de siège, de famine et de soumission, exercée par l’occupation contre les Palestiniens, dans le cadre du crime de génocide en cours depuis plus de 19 mois consécutifs, visant à détruire la bande de Gaza et à en expulser ses habitants.
Le Centre a affirmé que le « nouveau mécanisme de distribution des aides » contredit totalement les normes de l’action humanitaire et de secours définies par le droit international humanitaire, et constitue une tentative délibérée d’exclure les organisations internationales et les agences humanitaires neutres, au premier rang desquelles l’Organisation des Nations Unies et ses agences, en particulier l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine).
Selon le communiqué, le mécanisme ne propose pas de solution efficace à la famine qui frappe durement les habitants de la bande, mais accorde plutôt à l’occupation une fausse légitimité pour ancrer sa politique criminelle de famine comme une arme contre les Palestiniens de Gaza, et pour continuer à utiliser la question de l’aide humanitaire comme moyen de chantage et de contrôle de leur vie quotidienne et de leurs moyens de subsistance.
Selon le plan américano-israélien, une organisation à but non lucratif récemment enregistrée à Genève, appelée « Gaza Humanitarian Foundation », sera chargée de la gestion et de la distribution de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Le mécanisme désigne la ville de Rafah comme centre principal de distribution de l’aide, ce qui coïncide clairement avec ce qui figure dans le plan récemment approuvé par le gouvernement d’occupation, consistant à forcer les habitants de toute la bande vers le sud, à occuper de nouveaux territoires dans la bande et à les contrôler pendant une longue période, en entassant la population dans une Rafah complètement détruite.
Le Centre estime que ce projet pave effectivement la voie à la mise en œuvre du plan de déplacement forcé hors de la bande, adopté officiellement par le gouvernement d’occupation en février 2025, ce qui constitue une violation flagrante du droit international humanitaire, qui interdit tout changement forcé dans la composition démographique des territoires occupés.
Plus de deux millions de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza subissent une catastrophe humanitaire qui s’aggrave dangereusement, après la fermeture totale par l’occupation israélienne des points de passage et l’interdiction de toute forme d’aide et de ravitaillement humanitaire dans la bande assiégée depuis plus de 70 jours, suivie par une reprise des opérations de génocide, de tueries, de destruction et de déplacements forcés dans la bande depuis le 19 mars 2025.
Les Nations Unies et les organisations humanitaires actives dans la bande de Gaza ont clairement exprimé leur refus de participer à la distribution de l’aide via des entreprises privées, en raison de la violation des principes de neutralité, d’indépendance et d’équité dans la distribution de l’aide.
Le Centre des droits de l’homme a souligné que le plan américano-israélien viole les principes fondamentaux de l’action humanitaire définis par les quatre Conventions de Genève et leurs protocoles, notamment les principes de neutralité, de transparence et d’efficacité, conformément à l’article 70 du premier Protocole additionnel. Ces principes exigent que les opérations de secours soient menées de manière humaine et neutre, sans contrôle militaire ni conditions politiques, et sans l’implication d’entreprises privées dans le processus de distribution, ce qui mettrait en danger la vie des habitants et les exposerait à l’extorsion, tout en empêchant les organisations onusiennes de jouer leur rôle, constituant ainsi une manœuvre pour échapper aux responsabilités juridiques de l’occupation.
Le plan viole également l’article 55 de la quatrième Convention de Genève, qui oblige « la puissance occupante » à garantir l’approvisionnement des populations placées sous son contrôle en denrées alimentaires et en fournitures médicales, ainsi que l’article 59 qui oblige l’État occupant à permettre librement et sans conditions l’accès des opérations humanitaires pour secourir les populations en cas de pénurie.
Le plan contredit également l’ensemble des mesures conservatoires émises par la Cour internationale de Justice en réponse à la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël, notamment celles visant à empêcher le génocide, y compris l’interdiction des déplacements forcés depuis les zones de la bande, et à garantir l’acheminement de l’aide humanitaire sans entrave, ce que ce plan viole de manière flagrante.
Le Centre a insisté sur le fait que ce qui se passe actuellement dans la bande de Gaza – famine délibérée, privation des civils de nourriture, d’eau et de soins médicaux – est un acte visant intentionnellement à anéantir la population palestinienne, ce qui constitue clairement les éléments constitutifs du crime de génocide, nécessitant une action concrète de la communauté internationale pour mettre fin à cette catastrophe, restaurer les principes humanitaires et rétablir la justice.
Le Centre a appelé la communauté internationale et les États membres de l’ONU à assumer immédiatement leurs responsabilités humanitaires et juridiques, à intervenir d’urgence et à faire pression sur l’occupation pour mettre fin au crime de génocide en cours, ouvrir tous les points de passage vers la bande de Gaza, reprendre l’acheminement de l’aide humanitaire sans restrictions, de manière immédiate et à grande échelle, sous la supervision de l’ONU et de ses agences spécialisées, sans aucune intervention militaire ou politique d’aucune autre partie.
Le Centre a affirmé que la condamnation verbale internationale du plan ne suffit pas, et qu’il est nécessaire d’imposer de véritables mécanismes de pression sur l’État occupant pour l’obliger à mettre fin au blocus illégal de la bande de Gaza, renforcer le rôle des institutions internationales, et en premier lieu protéger l’UNRWA contre toute atteinte à son travail, renouveler son soutien, en tant que seule institution capable de fournir une réponse humanitaire équitable à la population de Gaza, conformément à son mandat onusien et aux obligations de la communauté internationale envers le peuple palestinien.
Le Centre a également appelé les États parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale à respecter leurs obligations, notamment en mettant en œuvre les mandats d’arrêt émis contre les hauts responsables de l’occupation israélienne, en prenant toutes les mesures nécessaires pour les poursuivre et les juger pour tous leurs crimes présumés, y compris le crime de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par Israël à Gaza depuis plus d’un an et demi, afin de mettre fin à l’impunité, qui ne constitue pas seulement une menace pour les droits des Palestiniens, mais un précédent dangereux pour l’ensemble du système international.