Gaza – Centre Palestinien d’Information
L’annonce du président américain de son intention de déplacer les habitants de la bande de Gaza vers d’autres pays de la région ou au-delà, et d’imposer un contrôle sur le territoire, a suscité une vague de débats et de divisions au sein de la société, des médias et des milieux politiques américains, y compris au sein du Parti républicain auquel appartient le président Donald Trump lui-même.
Le 25 janvier dernier, le président américain Donald Trump a annoncé son plan visant à transférer des Palestiniens de la bande de Gaza vers certains pays arabes voisins, faisant référence à l’Égypte et à la Jordanie.
Trump a déclaré lors d’une conférence de presse que la Jordanie et l’Égypte devraient accueillir davantage de Palestiniens, notamment parce que la bande de Gaza est complètement détruite et plongée dans le chaos.
Interrogé sur la question de savoir si ce déplacement des habitants de Gaza serait temporaire, il a répondu : « Cela pourrait être temporaire ou à long terme. »
Après cette déclaration, les propos du président américain sur le sujet se sont multipliés, au point qu’il a affirmé l’intention de son pays de s’approprier la bande de Gaza et d’en faire une destination touristique mondiale. Il a répété à plusieurs reprises que cela se produirait certainement, à tel point que beaucoup ont commencé à croire qu’il ne parlait de rien d’autre que de Gaza et de son intention de déplacer ses habitants et de voler leur terre.
Une forte réaction médiatique américaine
Les médias américains ont largement réagi aux déclarations de Trump, et tant de commentaires et de réactions sur la question. Dans l’ensemble, ils ont souligné que le plan était provocateur, irréalisable et ne ferait qu’attiser davantage d’instabilité au Moyen-Orient.
Le « New York Times » a déclaré que le plan du président américain Trump pour prendre le contrôle de Gaza, déplacer deux millions de Palestiniens et en faire une station touristique était « le plus stupide et le plus dangereux » de l’histoire des présidents américains.
L’écrivain américain Thomas Friedman, dans un article publié par le journal, a souligné que la proposition de Trump était « la plus stupide et la plus dangereuse de toutes les initiatives de paix au Moyen-Orient présentées par un président américain ».
Concernant l’impact du plan sur le Moyen-Orient, Friedman a affirmé que toute tentative d’imposer ce projet à des pays comme la Jordanie et l’Égypte « perturberait l’équilibre démographique en Jordanie entre les habitants de la rive est et les Palestiniens, et déstabiliserait l’Égypte et l’État d’occupation ».
Friedman a insisté sur le fait que « croire que le nettoyage ethnique est la seule solution à Gaza est une erreur », ajoutant que c’est ce que veut « la droite sioniste extrémiste ».
De son côté, le journal *The Hill* a déclaré que la proposition de Trump de déplacer les habitants de Gaza et de faire en sorte que les États-Unis « s’approprient » la bande côtière dévastée pour y construire des stations touristiques n’était pas seulement irréaliste, mais aussi téméraire.
Le journal a noté que cette proposition sans précédent pourrait, à court terme, entraver la libération des prisonniers sionistes restants à Gaza, et à long terme, créer de nouveaux problèmes et renforcer l’instabilité que Trump prétend pouvoir résoudre.
Le journal *Politico* a qualifié le plan de Trump de « nettoyage ethnique », affirmant qu’il aurait des conséquences explosives en ignorant les liens existentiels des Palestiniens avec leur terre.
Divisions partisanes
Il parait que le Parti républicain, qui semblait très uni pendant la période des élections américaines, ne soit plus dans le même état après les déclarations répétées de Trump sur le sort et l’avenir de la bande de Gaza.
Le *Wall Street Journal* a révélé que le plan de Trump pour administrer et contrôler Gaza afin de déplacer ses habitants provoque de vives divisions au sein du Parti républicain, qui était largement uni depuis les dernières élections américaines. Le journal a indiqué que de nombreux législateurs républicains ont exprimé leurs doutes sur le plan de Trump.
Les législateurs sceptiques ont déclaré qu’ils préféraient toujours la « solution à deux États », qui a longtemps été la base de la diplomatie américaine.
Certains ont rejeté l’idée de dépenser l’argent des contribuables américains ou d’envoyer des troupes américaines dans une région dévastée par plus d’un an de guerre.
Le sénateur républicain Rand Paul a déclaré sur la plateforme X : « Je pensais que nous avions voté pour l’Amérique d’abord. Nous n’avons aucun intérêt à envisager une autre occupation qui pourrait détruire notre richesse et faire couler le sang de nos soldats. »
De son côté, la sénatrice Lisa Murkowski a déclaré qu’elle ne pouvait imaginer aucune proposition plausible d’envoyer des troupes américaines dans une région qui a déjà connu suffisamment de troubles, ajoutant qu’elle ne voulait même pas envisager cette question, la jugeant « trop effrayante ».
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, John Thune, a déclaré qu’il soutenait ce qu’il a appelé « l’établissement de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans cette région », mais que chaque idée devait être examinée avec soin.
Il convient de noter que Trump a mené sa campagne électorale sur la base d’engagements à éviter de s’impliquer dans de nouveaux conflits extérieurs et ce qu’il a appelé les « guerres éternelles ».
Réaction des démocrates
De l’autre côté de la vie politique américaine, 145 représentants démocrates à la Chambre des représentants ont adressé une lettre au président Donald Trump, lui demandant de revenir sur ses déclarations qu’ils ont qualifiées de « dangereuses ».
Le site « Axios » a révélé que les signataires de la lettre représentent près des deux tiers des 215 membres démocrates de la Chambre des représentants.
Dans la lettre, les représentants ont exprimé leur choc face à l’appel d’un président américain à un déplacement forcé permanent visant deux millions de personnes, soit la population palestinienne de Gaza.
Les signataires de la lettre, qui représentent un tiers des 435 membres de la Chambre des représentants, ont averti que cette mesure « n’était pas seulement immorale », mais qu’elle « nuirait à la position des États-Unis dans le monde, mettrait en danger les troupes américaines et augmenterait les menaces terroristes ».
Ils ont souligné que la démarche de Trump « pourrait entraver les chances des États-Unis de coopérer avec leurs partenaires arabes pour reconstruire Gaza et trouver une solution pacifique au conflit ».
La campagne de signature de la lettre a été menée par les représentants, Sean Casten de l’Illinois et Brad Sherman de Californie.
Un fort rejet populaire américain
Le rejet massif du plan de Trump par l’opinion publique américaine concernant l’appropriation de Gaza par les États-Unis et le déplacement des Palestiniens de leurs terres est apparu dans plusieurs sondages dont les résultats ont été publiés par les médias américains.
Un sondage de *CBS News* a révélé que la majorité des Américains rejettent le plan de Trump pour prendre le contrôle de Gaza et déplacer ses habitants vers des pays voisins.
Selon le réseau, la dernière déclaration de Trump sur la possibilité de « contrôler Gaza » a attiré l’attention du public américain et suscité un intérêt considérable, la majorité des Américains déclarant en avoir entendu parler.
Cependant, selon les résultats des sondages, seuls quelques Américains pensent que la possibilité d’un contrôle américain sur Gaza serait une bonne idée, tandis que d’autres estiment que cela dépend des circonstances, considérant la position de Trump comme faisant partie d’une stratégie plus large pour ouvrir des négociations sur d’autres questions.
Les résultats ont montré que seulement 13 % des Américains pensent que la possibilité d’un contrôle américain sur la bande de Gaza est une bonne idée.
En revanche, 47 % des Américains estiment que les plans de Trump concernant Gaza représentent une mauvaise idée, tandis que 40 % pensent qu’un tel plan est irréalisable.
Un sondage réalisé par l’organisation *Data for Progress* a révélé que 64 % des Américains s’opposent au plan de Trump, et 47 % des participants ont déclaré qu’ils s’y opposaient « fermement », tandis que 17 % ont déclaré qu’ils s’y opposaient « partiellement ».
85 % des démocrates, 63 % des indépendants et 43 % des républicains ont exprimé leur opposition au plan, et 69 % des participants ont déclaré qu’ils s’opposaient à l’envoi de troupes américaines au Moyen-Orient.
Un sondage réalisé par *CBS News* a révélé que 47 % des Américains considèrent que la proposition de Trump concernant Gaza est mauvaise, et environ 40 % sont « incertains ou réservés ».
22 % pensent que l’objectif du président Donald Trump dans ses déclarations concernant Gaza est en réalité de l’annexer aux États-Unis, tandis que 28 % pensent que l’objectif est d’engager des négociations avec les pays du Moyen-Orient pour d’autres choses, 29 % pour les deux objectifs, et 20 % pensent qu’il ne s’agit d’aucun des deux.
Il est vrai que la prise de conscience mondiale de l’impossibilité de déplacer les habitants de Gaza et de les forcer à quitter leur terre représente un facteur important. Cependant, la décision ultime reste entre les mains des détenteurs de cette terre. Ils ont clairement affirmé leur position malgré la machine de mort sioniste et les crimes d’extermination les plus atroces commis pendant plus de 15 mois de guerre sur Gaza. Malgré le sang qui coule, la férocité des bombardements et l’ampleur des flammes, les Palestiniens, par leur résistance et leur fermeté, ont fait échouer tous les plans de déplacement.
