Urgent

Wed 25-September-2024

Les jeunes des collines poussent les feux de la colonisation en Cisjordanie

mercredi 10-juin-2009

La colonisation israélienne en Cisjordanie revêt des aspects multiples. Il y a si l’on peut dire les colonies classiques installées depuis plus ou moins longtemps en deçà ou au-delà de la « barrière de sécurité ». Il y a aussi les colonies sauvages nouveaux points d’implantation bases de départ pour de futurs grappillages de terres constituées de caravanes ou de mobil-homes. Désormais il faut compter avec des points d’ancrage encore plus sauvages. Des champignons qui poussent ici et là au gré du désir de conquête des colons le plus souvent des jeunes qui s’installent dans un endroit qu’ils jugent propice.

Maoz Esther est l’un de ces lieux. Situé à l’est de Ramallah à un bon kilomètre de la colonie de Kokhav Hachahar en dehors des barbelés qui entourent celle-ci. C’est le nouveau fer de lance des colons que rien ne semble arrêter. A deux reprises déjà la police est venue raser les quelques maisons de panneaux agglomérés et la synagogue. La dernière fois c’était le 3 juin. Il ne reste que des décombres et à côté ce qui a pu être sauvé : lits machines à laver frigos canapés. Aussitôt détruit aussitôt reconstruit. Trois jeunes s’affairent à visser de nouveaux panneaux. Ils attendent du renfort. Le soir même la synagogue sera à nouveau sur pied.

« Nos ancêtres ont toujours été ici alors même lorsque l’épée est au-dessus de ton cou tu ne dois pas perdre espoir. Si Dieu le veut nous construirons jusqu’en Jordanie » fanfaronne Amichav 17 ans. Il compare Barack Obama à Nabuchodonosor et à Titus les deux conquérants qui ont détruit le premier et le second Temple de Jérusalem.

Yosef 15 ans n’a pas peur du camp de Bédouins non loin de là. « Lorsqu’il y a un voleur chez toi tu te défends. Ils savent que c’est notre terre » dit-il. Un projet de 250 logements est paraît-il prévu sur la colline en face. Tout autour de Kokhav Hachahar les mobil-homes ont poussé. Des terrassements tout frais s’apprêtent à en accueillir d’autres. Les tentacules de la colonisation s’étendent dans toutes les directions de ce point de fixation établi en 1977.

« Il y a beaucoup de collines inoccupées. Plus vite elles seront habitées plus vite la rédemption viendra » espère Emouna 18 ans. Elle fait partie de ceux que l’on appelle les « jeunes des collines » cette force de frappe des colons qui fait front face aux autorités et rêve de prendre pied dans toute la Cisjordanie pour créer Eretz Israel le Grand Israël. « Le véritable ennemi ce n’est pas Obama (le président américain a appelé à l’arrêt de la colonisation) ce sont les Arabes il faut les expulser d’ici. Ils n’auront pas un morceau de cette terre. »

Déterminés intrépides animés par leur foi et leur esprit pionnier ces fantassins de la colonisation ont décidé de s’établir coûte que coûte dans ce qu’ils considèrent comme un bien sacré. La reconquête est un devoir.

Plus modestement ils ont également planté quelques maisons de fortune à proximité de la colonie sauvage de Migron non loin de Ramallah. Le fait que Migron soit totalement installé sur des terres privées palestiniennes et soit promis a une évacuation en exécution d’une décision de justice ne les a pas effrayés. Ils ne se sont même pas posé la question. Ils ont jeté leur dévolu sur quelques arpents de terre plantés de vieux oliviers qu’ils ont appelé Ramat Migron.

La police a rasé les constructions. Mais là aussi ils reconstruisent. « On reconstruira jusqu’à ce que les forces de destruction se fatiguent » réplique imperturbablement Moshé 15 ans. Son compère arbore un tee-shirt avec l’inscription « Nous suivons le chemin du rabbin Kahane » ultranationaliste raciste assassiné aux Etats-Unis en 1990.

Les garçons s’activent d’un côté les filles parlementent de l’autre. Tous attendent du renfort. Ce n’est ni le gouvernement ni M. Obama qui vont les arrêter car disent-ils « ce sont ceux qui sont avec Dieu qui vont gagner ». Ils sont persuadés que le peuple entier est derrière eux. Que leur mission est d’essence divine et que leur combat ne fait que commencer.

Les autorités israéliennes ont décidé de mettre le holà à ces francs-tireurs. Sans vraiment de succès. Et il leur faudra bientôt s’attaquer aux vraies colonies sauvages du moins à vingt-six d’entre elles sur la centaine établie. Une bataille qui s’annonce encore plus rude. tant le sujet est devenu explosif.

Michel Bôle-Richard

Lien court:

Copied