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Fouad Razem Ou l’histoire d’un prisonnier d’Al Quds qui souffre lui et sa famille depuis 25 ans

jeudi 8-février-2007

Naplouse – rapport du CPI

Enfin et après 25 ans de douloureuse et amère séparation la mère du prisonnier et moujahid Fouad Razem voit enfin son fils face à face lors d’une visite qui pourrait être la dernière à la prison de « Beer Al Sabe »…   

Cette visite a eu lieu il y a deux jours après un flot d’appels insistants et pressants aux autorités de la part des proches ; des demandes qui se sont perpétuées six années entières d’affilées depuis que la mère du prisonnier a eu une attaque cardiaque qui l’a handicapée de tout mouvement rendant difficile son déplacement pour rendre visite à son fils.  

Ainsi la mère de Razem a été transportée par une ambulance et accompagnée d’une infirmière. En effet elle souffrait ces derniers temps d’un affaiblissement grandissant de sa santé jusqu’à avoir été finalement placée dans une chambre à haut soin dans l’hôpital français d’AlQuds occupée… C’est pendant cette dernière période que se sont accrus les appels et les demandes humanitaires pour que cette mère puisse serrer une dernière son fils Fouad contre elle que celui-ci puisse jeter un dernier regard sur sa mère…  

Fouad condamné à trois perpétuités plus onze ans de détention a été déplacé de la prison désertique de Nafha à celle de Beer Al Sabe en réponse aux appels insistants des responsables palestiniens et à leur tête le ministre des prisonniers : « Soufiane Abou Zaïda » qui a d’ailleurs fourni l’ambulance équipée et l‘infirmière pour emmener la mère malade et agonisante à la prison.   

Enfin après un long et fastidieux voyage qui a débuté de l’hôpital français d’Al Quds pour se terminer à la prison de Beer Al Sabe avec la présence du frère et de la sœur de Fouad dans un couloir de la prison chaud étouffant sans aucune aération a enfin eu lieu la rencontre tant attendue.   

        Fouad qui a reçu un vrai choc en voyant sa mère dans cet état si faible s’est rendu compte alors qu’il la voyait pour la dernière fois lui qui ne l’avait plus vue depuis six ans… Dans une longue étreinte secouée de sanglots entrecoupé de pleurs et de plaintes provenant d’un cœur épuisé de souffrance la vieille mère malade et handicapée essayait d’exprimer ce qu’elle ressentait avec ses yeux emplis de larmes abandonnée par les mots qui refusent de sortir enfermés par l’émotion dans son corps fatigué et malsain…

Quant à Fouad il tenait la main de sa mère la passait sur sa tête son visage la serrait et disait : « Mère répète les attestations de la foi… (Chahadah) »… La mère remue alors ses lèvres légèrement mazis il n’en sort pas le moindre son.  

Nabilah : « oumm Nidal » sœur de Fouad Arazem qui a accompagné sa mère dans cette visite décrit que celle-ci fût dure et douloureuse et qu’elle a eu lieu bien trop tard : « il aurait fallu que cette visite s’effectue bien avant avant que ma mère ne commence à agoniser… mais l’arrogance sioniste et l’animosité aveugle plantée dans leur cœur a fait que la situation en est arrivée là : nous faisons nos adieux à notre mère dans un couloir d’une prison sans même qu’elle puisse dire le moindre mot à Fouad ! »  

Le début de l’histoire.

A la première des deux « Qibla » troisième des « Haramayne Sharifayne » a vu le jour le jeune Fouad Al Razem le  9/12/1957. Il vécut inondé (ou enivré) d’amour pour la Palestine il l’a aimée à mourir et a voulu lui accorder la dot que mérite son sol sacré et le parfum de son air. Ainsi lorsqu’il termine ses études dans la faculté des bases de la religion à « bet Hananya » Fouad Al Razem alias Fawaz comme l’appelaient ses connaissances s’est élancé pour répondre à l’appel au sacrifice pour la Palestine perpétué au fil des générations.  

Ainsi Fouad a grandi avec l’habitude de faire ses prières à Al Aqsa et même malgré son jeune âge il a insisté à accomplir le devoir du pèlerinage. Quelques jours après son retour par une nuit glacée secoué de vents violents et tempêtes de pluie l’occupant sioniste assaille sa maison la détruit et enlève Fouad le 31/01/1981.  

La surprise de tous ceux qui connaissaient Fouad arrive alors à son comble lorsqu’ils apprennent la liste honorable de « délits » que les autorités occupantes ont prétexté afin de l’arrêter et le soumettre à un douloureux cruel et amer interrogatoire qui s’est poursuivi quatre mois durant sans la moindre pose ni aucun répit.  

Le jeune Fouad alors âgé de 22 ans fut ainsi soumis à des vagues de torture féroces et barbares qui ont beaucoup détérioré sa santé tout cela pour lui soutirer des informations qu’il possédait. Mais avec un rare courage il est resté muet tel un rocher défiant ses geôliers. Il ne révèle rien d’autres qu’une série d’ « aveux » trompeurs qui se sont d’ailleurs opposés aux aveux des membres de son propre groupe formé de sept hommes et dont il était lui-même le chef groupe qui ne s’insérait dans aucun mouvement politique mais visait surtout et uniquement le Jihad et la résistance à l’occupant.  

Alors dans une tentative d’exercer sur le captif des pressions psychologiques ils arrêtent le père et la mère de Fawaz et leur font subir divers abus qui ont nécessité une hospitalisation directe après leur libération : ils ont été en effet placé dans une chambre dégageant un air chaud et étouffant et malgré les nombreux coups qu’il tapèrent à la porte il ne leur a été permis de la quitter qu’à 4h du matin après que la mère ait perdu connaissance et que le père ait été touché de vagues de vomissements continuels pendant des heures. Ils ont ensuite été obligés malgré l’état de fatigue et de maladie dans lequel ils étaient de marcher quatre heures entières pour arriver chez eux…  

Malgré tout Fouad refuse de fournir la moindre révélation qui étancherait leur rage et leur soif de crime. Ils s’en prennent alors à sa sœur Nabilah « oum Nidal » qui était déjà à ce moment là mère de deux enfants et de nouveau à sa mère. Il lui font croire qu’ils ont abusé d’elles afin d’augmenter de la pression psychologique exercée sur lui. « Oum Nidal » nous raconte les détails de la visite qu’elle a dû lui faire à ce moment là elle dit : « Celui qui était assis pâle et fatigué n’était pas mon frère Fouad mais son fantôme… Il n’eut même pas la force de nous parler… Sa peau était sèche et tirée ses yeux gonflés et rouges comme si beaucoup de temps était passé sur lui… Il respirait difficilement et dodelinait épuisé sa tête contre sa poitrine de temps à autre… »  

Elle ajoute : « malgré que je savais que toute nos paroles étaient enregistrées je me suis approchée de lui et lui ai scandé : « nous nous sacrifions tous pour la patrie Fouad tu n’es pas le premier et tu ne seras pas le dernier ! Patiente et persévère et nous sommes avec toi avec l’aide d’Allah ». L’instant d’après avant même que l’écho de ses paroles ne se fassent entendre aussitôt attaquèrent les chiens des services de renseignement et la jetèrent elle et sa mère pendant une douzaine d’heure dans une chambre obscure sans eau ni nourriture. Pendant ce temps d’enfermement les sionistes émettent des cris illusoires afin de faire croire à Fouad qu’elles se font agresser…  

Le jour du procès arrive le jugement est prononcé le 9/6/1982 après 36 séances de débats et de témoignages avec un nombre de 130 témoins venus accuser Fouad. Durant cette journée seule la mère fut autorisée à assister au jugement alors que les autres membres de la famille de Fouad sont restés dehors attendant le verdict… Avec un courage exceptionnel Fouad défiait le juge pourtant armé et habillé en tenue militaire.   

Le verdict outrageux tomba stipulant la condamnation de Fouad Razem à 3 perpétuités et 11 ans de détention accusant Fouad d’avoir tué des soldats sionistes et des collaborateurs d’avoir brûler les voitures des vendeurs de terre à Al Quds occupée d’avoir préparer des bombes artisanales et enfin d’avoir exhorté et enrôlé des jeunes dans son réseau ; mais dès l’annonce de ce verdict Fouad se précipite avec l’un de ses compagnon d’arme sur le juge tenant de lui arracher son arme ! Mais les gardes le submergent de gaz lacrymogène puis le criblent de coups jusqu’à ce qu’il perde connaissance à l’intérieur même du tribunal. Il est ensuite ligoté et emmené à la prison de « Al Ramlah ».   

Cependant même derrière les barreaux Razem continue son combat contre l’occupation afin de devenir le plus vieux et le plus écouté des prisonniers du mouvement du Jihad Islamique des Prisonniers qu’il a rejoint en 1988. Là bas il est devenu un orateur qui appelle à ses idées ses activités en prison ont été pour lui un couronnement de son courant de pensée qui lui permettent de poursuivre son combat son Jihad et ses activités islamiques (Daawa) contre l’écrasante occupation sioniste.  

Quand aux prisons dans lesquelles il fut transféré durant ces 25 années elles sont : « Al Ramlah » « Assqalane » « Beer Al Sabe » « Nafhah » « Shattah » puis encore à Beer AlSabe. Pendant toutes ces années il n’a pas cessé de pusser à la résistance de divulguer les crimes de l’occupant contre les fils de son peuple et ce durant les prêches du vendredi qu’il fait aux prisonniers. Prêches suivis de cruels châtiments : il est maintenu isolé pendant des mois les sionistes lui interdisent les visites et importunent ses proches…  

Ces Vingt-cinq années que Fouad a passées derrière les barreaux n’ont pourtant pas entamé sa volonté ni ébranlé son moral. Celui-ci est resté très haut dans le ciel humiliant matin et soir l’arrogance de l’occupant. Avec chaque jour sa détermination croît sa foi augmente en la victoire de la justice et de la vérité e à chaque visite il recommande à ses proches avec des mots retentissants qui sortent d’une solide volonté de fer : « ne demandez d’aide à personne et tournez-vous vers le Seigneur des mondes car Il est notre appui notre soutien et notre allié ; la victoire est proche par la volonté de Dieu et non par la volonté de l’occupant l’aube est proche alors patientez car je suis reste patient et persévérant. »   

        La cause des prisonniers : qui la défend ?  

        Son père bien que vieux de quatre vingt ans possède une détermination que l’on pourrait distribuer à des dizaines de personnes. Il nous déclare : « Fouad et les autres qui comme lui ont passé toutes ces longues années dans les prisons eux son le symbole et le titre de la cause de tous les prisonniers… Ils sont le titre de ce registre oublié… Eux ne symbolisent pas seulement la souffrance des détenus dans leurs prisons mais aussi la souffrance des milliers de détenus comme de familles « libres » dans la grande prison ».  

        Son père ajoute encore : « le problème ce qui est vraiment douloureux c’est que dès le départ la cause des prisonniers n’a pas été traitée avec ce qu’il aurait fallu d’importance et de détermination… Et si l’autorité palestinienne l’avait traitée comme une importante cause à défendre sans relâche la situation ne serait pas arrivée à ce quel en est en douleur et en souffrance… Et nous n’aurions pas vu de prisonniers dont le corps est encore rongé par l’humidité de la prison après qu’ils y aient passé plus de vingt ans … »  

        La famille de Razem appuie sur le fait que degré auquel est arrivée la situation des détenus est devenu difficile et dangereux… Parce que les autorités de l’occupant les isolent et effectue des opérations de torture et d’humiliation quotidienne contre eux… De plus son vieux père ajoute : « Notre foi en Allah est grande… Mais notre douleur également est très forte et la tristesse nous submerge dans l’idée qu’aucun espoir ou chance ne nous sont permis pour leur libération… Car si les traités de paix les ont délaissés et que les opérations de libération par échange n’ont pas réussi à les libérer alors où est l’espoir ? »        

        Pour terminer il faut mentionner que Fouad est oublié comme tous les autres Maqdissiyines (originaires de Al Quds) et palestiniens parmi les nôtres dans les territoires occupés de 1948 privés de la moindre chance de libération dans le cadre des accords d’échanges de détenus ou des traités de partition. De plus Fouad souffre de problèmes de santé dont les plus graves sont des problèmes aux yeux et une régression de la vue mais la direction de la prison refuse de l’aider médicalement ou de lui fournir le moindre remède.


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