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Trump lanti-palestinien

lundi 3-septembre-2018

En coupant l’aide aux réfugiés le président américain ne se situe plus au-dessus du conflit ; il en devient une des parties.
Le dernier chef d’Etat à remettre la question palestinienne au centre du Moyen-Orient n’est autre que Donald Trump. Tandis que l’attention internationale se focalise sur les risques entraînés par la situation en Syrie que l’intensification des tensions entre l’Iran d’une part Israël et l’Arabie Saoudite d’autre part déplace le curseur des crises vers le Golfe Persique la dernière initiative de Donald Trump annoncée le vendredi 31 août refait du sort des Palestiniens le coeur de la remise en cause des lignes stratégiques américaines au Moyen-Orient.

L’impossible droit au retour

Pour conforter la ligne inaugurée à la fin de 2017 avec la volonté de déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem Trump a décidé de suspendre la participation financière des Etats-Unis à l’UNRWA (Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens). En clair cette agence qui aide 3 millions de Palestiniens dans les pays voisins d’Israël (sur les 54 millions d’exilés) ne disposera plus des fonds nécessaires à son action d’ici à la fin du mois. A moins que d’autres pays prennent le relais et comblent de manière très substantielle les besoins comme l’a d’ores et déjà annoncé l’Allemagne (la Jordanie a prévu d’organiser une conférence à ce sujet le 27 septembre). Déjà l’UNRWA a supprimé 260 emplois et diminué les fonds affectés au traitement des maladies mentales. Derrière la coupe budgétaire drastique voulue par Trump déjà esquissée à travers une première réduction des crédits américains en janvier 2018 surgit une question politique brûlante : pour Israël comme pour Washington l’UNRWA n’est autre qu’une instance chargée d’appuyer par ses aides les réfugiés qui réclament l’usage de leur droit au retour sur leurs terres ancestrales. Ce droit au retour est la principale pierre d’achoppement – peut-être plus encore que le statut de Jérusalem – des négociations (complètement à l’arrêt) entre Israéliens et Palestiniens.

Réfugiés de père en fils

En 1949 lors de la création de l’agence qui se voulait alors temporaire il s’agissait de subvenir aux besoins de 700 000 Palestiniens chassés de chez eux par la guerre israélo-arabe de 1948 et installés dans des camps de fortune dans les pays environnants ; les moyens étaient entièrement fournis par les contributions volontaires d’Etats membres de l’ONU. Aujourd’hui après trois générations le nombre des bénéficiaires potentiels est évalué à 3 millions ; on compte plus d’un demi-million d’enfants à scolariser. Sans compter que de nombreux Palestiniens qui ont acquis la nationalité du pays où ils ont trouvé refuge ne sont pas toujours rayés des listes de l’UNRWA. Cette multiplication est à l’origine d’un problème inextricable : aux yeux de l’UNRWA les descendants des réfugiés originels sont aussi des réfugiés ce qui accroît considérablement le nombre des personnes réclamant le droit au retour sur leurs terres ancestrales lesquelles se trouvent depuis en territoire israélien du moins la plupart du temps. La transmission du statut de réfugié de père en fils contribue fortement à complexifier la résolution du conflit israélo-palestinien : le retour de tous ceux qui en exigent le droit est jugé impensable par les autorités israéliennes. De ce point de vue l’UNRWA a contribué à faire du problème de départ une barrière infranchissable…
Mais l’engrenage voulu par l’administration Trump est tout aussi insupportable pour les Palestiniens. Il existe de nombreuses voix à Washington pour critiquer la suspension de l’aide financière américaine à l’UNRWA ; même le secrétaire d’Etat Mike Pompeo n’y était pas favorable et beaucoup d’experts jugent cette mesure dangereuse. En réalité la décision de la Maison blanche a été conçue comme une riposte directe aux leaders palestiniens lesquels avaient déclaré que les Etats-Unis n’étaient plus fondés à jouer le rôle de médiateur au Moyen-Orient juste après l’annonce du déménagement de l’ambassade US de Tel Aviv à Jérusalem. Donald Trump s’inscrit donc dans une sorte d’escalade qui ne correspond en rien à une volonté d’apaisement et de médiation. C’est bien le plus désolant. Il n’existe plus de stratégie américaine susceptible de représenter une ligne de résolution du conflit israélo-palestinien ; les Etats-Unis sont désormais une des parties prenantes au conflit.

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