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Nizar Badran le médecin qui fait le lien entre les hôpitaux en France et à Gaza

lundi 16-avril-2018

Nizar Badran médecin urologue franco-palestinien et président de PalMed France organise la solidarité médicale entre les hôpitaux français et palestiniens.
Ce médecin est une preuve de la réussite et de l’échec des ¬Palestiniens. Côté soleil il a réussi sa carrière sa vie en France tout en restant solidaire de ses compatriotes restés dans les Territoires palestiniens en dirigeant la branche française de PalMed une association de médecins qui vient en appui des infrastructures hospitalières en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Côté ombre Nizar Badran a vu en cinquante ans les efforts de son peuple pour obtenir des droits se fracasser contre «un État qui exécute son projet d’installer un grand Israël. Nous sommes tous victimes de la colonisation».
Sa famille est originaire de ¬Jérusalem du quartier de ¬Silouane «là où la Bible dit que le Christ a lavé les yeux de l’aveugle dans l’eau d’une source. Chaque habitant avait un morceau du jardin de Silouane» se souvient-il. Son père était instituteur et père de dix enfants. «Nous avons tous eu le baccalauréat» précise Nizar Badran.

Exil

Ils ont encore en commun la propriété d’une maison à ¬Jérusalem louée à des -Palestiniens «que mon père et ma mère avaient bâtie de leurs propres mains». Sa vie a basculé en 1967 pendant qu’il passait le baccalauréat. «Notre maison s’est retrouvée au milieu du champ de bataille entre les Jordaniens et les Israéliens. Nous sommes partis à Jéricho puis à pied jusqu’à Amman.»
Ensuite chacun a tracé son chemin entre les États-Unis l’Espagne la Jordanie. «Plus personne de la famille n’habite Jérusalem. Déjà du temps des Ottomans les Palestiniens émigraient en Amérique du Sud.» Nizar décroche une bourse d’étude en Algérie d’où il prend le bateau pour Marseille puis arrive à Dijon. «Il n’y avait pas de chômage. J’ai été veilleur de nuit dans un hôtel et vendeur du journal Le Bien public. Trois ans après Mahmoud El Hamchari l’un des fondateurs du Fatah m’a obtenu une bourse pour suivre des études de médecine au Maroc.»

Parcours

Nizar Badran devient chirurgien urologue puis revient en France où il est chef de service à l’hôpital d’Étampes (Essonne) avant de prendre sa retraite il y a deux ans tout en continuant à exercer en libéral.
Il considère que les Français ne sont pas racistes. «Vous ne trouverez pas un médecin qui vous dise qu’un Français n’accepte pas de confier son corps à un Arabe. Paradoxalement au Maroc jeune médecin certains de mes patients me faisaient comprendre qu’ils auraient préféré être soignés par un Français» s’amuse-t-il.
Nizar Badran a la nationalité française. «En tant que français je peux aller chez moi à Jérusalem. En tant que palestinien je ne peux pas» soupire-t-il. La difficulté à se déplacer du fait des restrictions israéliennes le frappe.
Nizar Badran a été élu il y a trois ans président de la branche française de PalMed. Ils sont une centaine de professionnels de la santé en France Palestiniens ou Français plusieurs milliers dans l’ensemble du continent ¬européen. «Il y a d’excellents ¬médecins en ¬Palestine. Ce que nous pouvons apporter c’est de la formation ou des équipements.»
Il a par exemple fait venir de la bande de Gaza en 2013 deux chirurgiens et un anesthésiste un mois dans son service à Étampes pour les former à la chirurgie du cancer de la prostate. «Ils ont réussi à sortir par Le Caire via le passage de Rafah. Mais pour revenir chez eux ils sont restés bloqués cinq semaines au Caire dans l’attente de l’ouverture du passage.» Dans certains cas ce sont les médecins européens qui se rendent sur place.

Combat

Nizar Badran résume le sens de son combat: «Je veux que les ¬Palestiniens aient accès aux droits humains ceux de se ¬soigner de s’instruire de circuler. Le droit ne se divise pas. On ne peut pas être israélien avec des droits et trouver normal qu’un Palestinien n’ait pas les mêmes droits.»
Le médecin français qui se sent «palestinien 24 heures sur 24» a traversé cinquante -années de lutte de son peuple. «Obtenir un État palestinien est une ¬revendication qui me semble insuffisante. D’ailleurs le ¬Sud-Africain Mandela n’a ¬jamais accepté l’existence d’un État pour les Noirs. Lors des ¬printemps arabes les revendications -nationalistes avaient disparu. Nous ne sommes plus au temps de Nasser.»
Il estime aussi qu’un «parti musulman ne peut pas être un parti politique». Il constate que «l’islam a beaucoup de difficultés à accepter l’égalité des sexes. Une religion doit se concentrer sur des valeurs universelles comme aider vos parents ne pas voler ou ne pas faire la guerre».

www.la-croix.com

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