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Les archives israéliennes à jamais inaccessibles aux historiens elles contiennent trop de “documents embarrassants”

mercredi 24-janvier-2018

L’heure de la retraite a sonné pour Yaakov Lazovik l’archiviste en chef de l’État d’Israël (il n’attend plus pour s’en aller qu’un successeur que le gouvernement tarde à désigner) et tout en préparant ses cartons il a lancé un message alarmant : les archives de l’État dont les services dépendent du Premier ministre contiennent des documents “embarrassants” pour le pouvoir et pour cette raison “Israël ne traite pas ses archives d’une manière qui soit digne d’un État démocratique ”.
Selon l’archiviste bientôt en retraite dont Haaretz a rapporté les propos “la majorité du contenu des archives de l’État est fermée et ne sera jamais ouverte”. Or il s’agit d’une matière première primordiale pour le travail des historiens. En fait selon Yaakov Lazovik la plupart des documents conservés dans les archives ne verront jamais le jour et l’accès au reste sera “soumis des restrictions déraisonnables sans transparence ni supervision publique”.
Il a affirme encore dans un rapport tout récent que sous couvert de préoccupations de “sécurité nationale” l’État dissimule au public des documents qui pour la plupart ne sont pas liés à des problèmes de sécurité. Cela inclut des éléments qui pourraient s’avérer embarrassants pour l’État tels que les violations des droits de l’homme ou qui “ne contribuent pas à l’honneur de l’État”.
“Dans une démocratie on ne peut cacher l’infor¬mation simplement parce qu’elle est embarrassante. C’est interdit parce que les représentants élus fonction¬naires soldats diplomates ou espions travail¬lent au nom et pour le compte des citoyens de l’État et un devoir démo¬cratique fondamental est de permettre aux citoyens d’exprimer leurs opinions sur ces représentants” écrit Lazovik.
Il ajoute que personne ne sera blessé par la publi¬cation de la vérité même sur les événements passés désagréables dans l’histoire du pays. La société israélienne a – dit-il – survécu et certains diraient qu’elle est plus forte à la suite de “l’effondrement du récit officiel de la fuite des Arabes lors de la guerre d’Indépendance et son remplacement dans les années 1980 par une image plus nuancée” écrit-il.
Les mensonges officiels sur la nakba se sont effondrés
Selon Lazovik “les Israéliens ont commis des crimes de guerre”. Le service de sécurité du Shin Bet a été impliqué dans le contrôle de l’éducation des citoyens arabes; Israël a traité ses citoyens arabes (et d’autres) d’une manière indigne d’un État démocratique. Si Israël commet des actes qu’un tribunal ici ou à l’étranger rejetterait les citoyens israéliens devraient le savoir et décider s’ils sont d’accord avec cela. La divulgation des faits est une condition nécessaire à une société démocratique estime-t-il.
Lazovik critique également la durée pendant laquelle les documents liés à la défense sont gardés secrets. Pourquoi sont-ils scellés pendant 50 ans ? Il fait notamment allusion aux procès-verbaux des réunions du cabinet dans la période précédant la guerre des Six Jours de 1967 qui ont été seulement rendus accessibles l’année dernière.
Lazovik propose de remettre en question l’implication de la censure militaire dans la gestion des archives. On peut comprendre à son avis la nécessité d’une censure dans certaines circonstances mais laisser les censeurs décider de questions non opérationnelles est sans précédent dans les sociétés démocratiques.
Paradoxalement note encore l’archiviste en chef la numérisation des archives qui a permis de mettre en ligne sur l’Internet 19 millions de pages sur un total de 400 millions a suscité à la fois un intérêt accru du public (500.000 utilisateurs en 2017) et une résistance croissante des institutions à la divulgation de documents.

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