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Sur les pas de Razan

jeudi 20-septembre-2018

Rayan al-Najar avait espéré faire des études de droit à l’ouverture de l’université ce mois-ci. Une agression israélienne l’a conduite à changer ses projets.
Le 1er juin la sœur de Rayan Razan infirmière a été tuée alors qu’elle soignait des blessés pendant la Grande Marche du Retour. Sa mort a poussé Rayan à préparer un diplôme d’infirmière à l’université Al-Azhar.
« C’est le moins que je puisse faire pour ma soeur » a dit Rayan jeune fille de 18 ans.
Avant qu’elle puisse s’inscrire au collège Rayan devait passer ses examens de fin de lycée le tawjihi.
En réalité le 1er juin Rayan révisait por ses épreuves. Lors de leur dernière conversation Razan avait suggéré en passant à Rayan qu’elle pouvait venir l’aider dans son travail à la Grande Marche du Retour.
Pensant que Razan parlait sérieusement Rayan accepta disant qu’elle pourrait terminer ses révisions après être allée aux manifestations. Mais Razan lui expliqua qu’elle plaisantait encourageant Rayan à rester concentrée sur la préparation de son examen afin d’obtenir de bonnes notes et faire la fierté de la famille.
Peu après Rayan a eu une désagréable impression.
« J’étudiais dans la chambre de Razan » a dit Rayan. « Soudain j’ai ressenti comme une tension dans mon coeur j’ai senti qu’il était arrivé quelque chose. J’ai demandé à ma mère de téléphoner à Razan pour vérifier. Mais tandis que nous parlions quelqu’un de la famille a appelé pour nous dire que Razan avait été blessée. »
Environ 10 minutes plus tard la famille a reçu un autre appel annonçant que Razan était morte.
Rayan était dévastée Quant les amis et les voisins ont commencé à leur rendre visite pour offrir leurs condoléances elle s’est d’abord assise parmi eux pleurant doucement. Puis sa mère Sabreen l’a prise par la main et l’a conduite dans la chambre de Razan. Sabreen a demandé à Rayan de rester aussi forte que possible et de se concentrer sur ses examens.
Rayan devait passer l’une de ces épreuves le lendemain matin. Arrivée à son école dans la zone de Khan Younis au sud de Baza on l’a emmenée dans une salle différente de la plupart des élèves. Les professeurs pensaient qu’il était mieux et pour elle et pour les autres élèves qu’elle passe son test séparée de tous les autres.
L’épreuve a eu lieu en même temps que les funérailles de Razan si bien que Rayan ne put pas y assister. « Je n’avais jamais imaginé que j’aurais à passer un examen dans ces circonstances » a dit Rayan.
Les résultats de ses examens lui sont arrivés via un SMS le mois suivant. Rayan avait totalisé une note moyenne d’à peine moins de 60 %. Ce n’était pas une note aussi haute que celle qu’elle avait visée mais c’était raisonnable si l’on considère ce que sa famille avait vécu.
En préparant un diplôme d’infirmière elle cherche à réaliser une ambition qui a été refusée à Razan. Bien que Razan ait voulu faire ses études d’infirmière au niveau universitaire sa famille n’avait pas les moyens de payer les frais. Résultat Razan avait fait sa formation à la Croix Rouge Internationale
Les frais pour Rayan sont payés avec l’aide des dons que la famille a reçus depuis que Razan a été tuée.
« Je poursuivrai le rêve de Razan de devenir infirmière et de procurer des soins à ceux qui en ont besoin » a dit Rayan.
Privé d’un rêve
Omar Abu Hashim commence ses études en technologie de l’information ce mois-ci au Collège universitaire des Sciences Appliquées à Khan Younis.
Ce n’était pas son premier choix. Il aurait préféré préparer un diplôme d’architecte mais n’avait pas obtenu des notes suffisantes au Tawjihi pour cette option.
« J’ai toujours rêvé d’être architecte » a dit Omar jeune homme de 18 ans. « Mais un sniper israélien m’a privé de mon rêve. »
Le sniper en question a frappé Omar à la jambe gauche le 14 mai jour où Israël a commis un massacre sur 60 manifestants non armés.
Omar avait rejoint la Grande Marche du Retour à Rafah ville du sud de Gaza.
Sa mère Mirvat lui avait demandé de ne pas participer aux manifestations. Mais Omar a insisté pour y aller tout en promettant qu’il se tiendrait à distance de la frontière entre Gaza et Israël.
Omar se trouvait à environ 700 mètres de la frontière quant il a été touché.Avec d’autres jeunes gens il lançait des pierres en direction de la barrière frontalière.
La blessure était si grave qu’Omar a dû être amputé de sa jambe.
Les médecins qui le soignaient lui ont dit qu’il pourrait passer ses examens. Mais il a dû le faire depuis un lit d’hôpital.
« Je passais mes nuits à étudier » a-t-il dit « Mais j’avais souvent très mal et j’étais épuisé. C’était extrêmement difficile de me concentrer. »
« N’abandonne jamais »
Après le premier d’une série d’examens Omar a dit qu’il ne souhaitait pas préparer les autres. Sa mère l’a pourtant persuadé de continuer.
Il est arrivé à assurer une note moyenne de 55 %.
Insister pour achever mon éducation est un message pour dire à Israël que nous n’abandonnerons jamais » a-t-il dit.
Alors que s’ouvre l’année universitaire beaucoup de familles pleurent ceux qui ont été tués sans avoir l’opportunité de poursuivre leur éducation.
Salwa Abd al-Al a récemment appris que son fils Khaled un enfant de 17 ans avait totalisé une moyenne de 51 % au tawjihi. Elle a fêté son succès en offrant des bonbons aux voisins à Rafah.
Le geste était symbolique. Khaled avait projeté d’étudier le droit en Turquie. Pourtant il a été tué le 2 juillet – moins d’une semaine avant l’annonce de ses résultats.
Khaled faisait partie de quatre personnes qui avaient participé à une action contre les forces d’occupation israéliennes ce jour là.
Le groupe de jeunes avait fait une brèche dans la barrière frontalière qui sépare Gaza et Israël.Ils avaient alors mis le feu à un poste utilisé par les snipers pendant la Grande Marche du Retour.
Khaled a été abattu par les forces israéliennes. Deux des trois autres dont l’un avait été blessé ont été arrêtés. Un autre jeune un enfant a également été blessé par une balle réelle mais il a réussi à fuir la scène a raconté le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme.
Le corps de Khaled n’a pas encore été rendu à sa famille.
« Israël m’a empêché de tenir mon fils dans mes bras pour la dernière fois » a dit sa mère Salwa. « Et il m’a privé de le voir aller à l’université comme ses amis. »
Sarah Algherbawi est une écrivaine et traductrice indépendante de Gaza.

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada

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