La bande de Gaza est le théâtre ce vendredi de violents affrontements parmi les plus sanglants de ces dernières années. Alors qu’Israël s’apprête à célébrer le 70e anniversaire les tensions devraient se poursuivre les six prochaines semaines.
Le 14 mai prochain Israël célébrera son 70e anniversaire. Mais le lendemain le 15 mai les Palestiniens célébreront eux une page tragique de leur histoire. La Nakba la « catastrophe ». C’est-à-dire l’exil forcé de centaines de milliers de Palestiniens contraints de quitter leur terre. Certains aujourd’hui encore s’en souviennent. Beaucoup les jeunes sont les descendants de ces exilés.
Autant dire que la mobilisation annoncée par le Hamas qui gouverne Gaza pour les six semaines à venir repose sur une mémoire lourde de souvenirs et de rancœur. Israël accuse le Hamas de mettre en avant femmes et enfants pour protester à la frontière de Gaza. On ne peut effectivement ignorer combien le Hamas est une force anti-démocratique combien l’antagonisme avec Israël est un puissant moyen de masquer ses manquements et ceux du monde arabe dans son ensemble vis-à-vis de la cause palestinienne.
Mais la profondeur historique du passif le déséquilibre des forces du point de vue militaire et tout simplement le bilan des victimes rendent cette analyse caduque. D’autant que les derniers gestes d’Israël et de son principal allié américain sont autant de feux allumés dans les esprits palestiniens.
Dans un communiqué diffusé vendredi l’Ambassade d’Israël en France affirmait que « comme tout pays démocratique Israël a pleinement le droit de défendre ses frontières de protéger ses citoyens et d’empêcher des infiltrations illégales sur son territoire souverain ». Ajoutant. « La responsabilité de tout conflit qui pourrait survenir reposera uniquement sur le Hamas et les autres organisations palestiniennes qui ont organisé toute cette campagne visant à provoquer un affrontement avec Israël ».
Le problème c’est que l’argument de la légalité doit aussi valoir dans l’autre sens. Et depuis 70 ans il reste lettre morte y compris du côté israélien. En raison du grignotage progressif du territoire que les Palestiniens seraient en droit eux aussi de qualifier « d’infiltrations illégales ». En raison plus récemment de la décision de l’administration Trump de transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem de manière unilatérale et contrairement au consensus international qui s’était établi depuis des décennies pour équilibrer la solution diplomatique.
Les morts palestiniens de la frontière israélienne de ce vendredi sont les derniers d’une longue liste de victimes civiles provoquées par un conflit qui va bientôt avoir 70 ans. « Une guerre de 70 ans » et sans doute davantage compte tenu des données actuelles du conflit.
Ce 30 mars les Palestiniens voulaient commémorer la « journée de la terre » de 1976. Le problème est resté le même : donner un territoire stable et digne aux Palestiniens. La légitimité de l’État d’Israël repose sur le droit international. Celle de l’État palestinien encore à naître aussi.
