Monsieur le Président de la République
Sous votre haut patronage la République française s’apprête à lancer la « saison France-Israël 2018 ». Cet événement lit-on
« a […] pour ambition de montrer la vitalité de la relation bilatérale dans les domaines culturels et scientifiques de marquer une nouvelle étape dans les relations économiques et de renouveler le regard que portent les Français sur Israël et les Israéliens sur la France ».
Bien plus
« A travers plus de 400 événements dans les deux pays la saison France-Israël 2018 résonnera dans une cinquantaine de villes en France et une vingtaine de villes en Israël autour de thèmes variés tels qu’innovation sciences économie théâtre danse art contemporain musique éducation cinéma design livre et débat d’idées ».
Cette inauguration aura lieu dans un contexte où le droit international dans les territoires palestiniens n’a jamais été aussi bafoué. L’extension des colonies se poursuit et l’ambassade des Etats-Unis a été transférée à Jérusalem. Que la « saison France-Israël 2018 » se déroule dans ces conditions est en soi inopportun tant il est évident que cet événement participe d’une stratégie visant à redorer le blason d’un État dont la nature annexionniste n’est plus un secret pour personne.
Mais aujourd’hui il serait inadmissible que cette « saison France-Israël » soit maintenue en dépit du dernier massacre de Gaza. Ce serait une atteinte irrémédiable à nos principes républicains et à nos valeurs de justice.
Citoyennes et citoyens français nous ne pouvons accepter dans les circonstances présentes cette collaboration d’État à État entre la France et Israël. Nous ne pouvons nous soumettre à la normalisation avec un régime colonial bafouant les droits de l’Homme et les conventions internationales signées par la France.
Comment en effet pourrions-nous faire comme si de rien n’était ? Comme si des dizaines de jeunes gens n’avaient pas été assassinés de manière préméditée ? Comme si des centaines de manifestants demandant seulement le respect de leurs droits fondamentaux n’avaient pas été estropiés à vie ? Comme si le ghetto de Gaza ne courait pas le risque d’être purement et simplement liquidé avec la complicité active ou passive de la communauté internationale ?
Pour cette raison Monsieur le Président de la République nous vous demandons de faire en sorte que la « saison France-Israël 2018 » n’ait pas lieu. Ne nous entretenons pas d’« éducation » ou d’« idées » avec un État qui a assassiné en quelques semaines plus de 110 jeunes gens épris de liberté et en a blessé ou mutilé plus de 8000. Envoyez un signal clair au gouvernement israélien en renonçant publiquement à la « saison France-Israël 2018 ». La société civile française ne saurait voir ces manifestations se tenir sans faire entendre sa désapprobation.
Premiers signataires
Ahmed Abbes directeur de recherche au CNRS Paris
Samir Abdallah cinéaste
Eric Alliez professeur à l’Université Paris 8
Viviane Baladi directrice de recherches au CNRS Paris
Jean Barge professeur retraité Ecole polytechnique
Arnaud Beauville professeur émérite à l’Université Côte d’Azur
Jacques Bordé ancien directeur de Recherche au CNRS
Larbi Bouguerra ancien directeur de recherche associé au CNRS ancien attaché-assistant à la Faculté de Médecine de Paris
Remi Brulin professeur John Jay College of Criminal Justice New York USA
Bernard Caillaud ingénieur général des Ponts professeur à Paris School of Economics Paris
Jean-Marc Capellero-Rabinovitz co-président de l’UJFP
Christine Charretton mathématicienne retraitée de l’Université de Lyon 1
Yves Chilliard directeur de recherche à l’INRA syndicaliste et responsable associatif
Elisabeth Cramer Bordé professeur honoraire à l’Université de Versailles-St Quentin
Laurent Cugny professeur à Sorbonne Université
Dominique Delande directeur de recherche au CNRS Paris
Ivar Ekeland ancien président de l’Université Paris-Dauphine ancien président du Conseil Scientifique de l’École Normale Supérieure
Elisabeth Fröchen professeure agrégée de l’université retraitée
Jacques Fröchen professeur agrégé de l’université retraité
Philippe Enclos maître de conférences en droit à l’Université de Lille
Christophe Fouqueré professeur à l’Université Paris 13
Claire Gallien maîtresse de conférences à l’UPVM3 et chercheuse au CNRS Montpellier
Catherine Goldstein directrice de recherche au CNRS Paris
Dominique Grange chanteuse engagée
Julien Grivaux chercheur au CNRS Marseille
Michel Gros chercheur au CNRS Rennes
Eric Guichard maître de conférences à l’Enssib Université de Lyon ancien directeur de programme au Collège international de philosophie
Alain Guiraudie cinéaste
Imen Habib animatrice de la Campagne BDS France
Eric Hazan éditeur
Bertrand Heilbronn président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS)
Christine Huyghe chercheure au CNRS Strasbourg
Stéphanie Latte Abdallah chercheure au CNRS Paris
Jean-Marc Lévy-Leblond professeur émérite de l’université de Nice
Roland Lombard directeur de recherche émérite au CNRS Paris
Kheridine Mabrouk cinéaste
Jean-François Méla ancien président de l’Université Paris 13
Michel Mietton professeur émérite Université Lyon 3 Jean Moulin
Alain Mille professeur émérite à l’Université Lyon 1
Pierre Nicodème chercheur honoraire au CNRS
Joseph Oesterlé professeur émérite à Sorbonne-Université
Josiane Olff-Nathan retraitée de l’Université de Strasbourg
Ugo Palheta sociologue
Guy Perrier professeur émérite à l’Université de Lorraine
Dominique Plihon professeur émérite à l’Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité
Ghislain Poissonnier magistrat
Marwan Rashed professeur à Sorbonne Université
Roshdi Rashed directeur de recherche émérite au CNRS professeur honoraire à l’Université de Tokyo
Lionel Schwartz professeur émérite à l’Université Paris 13
Eyal Sivan cinéaste professeur à Amsterdam University of Arts (AHK)
Pierre Stambul co-président de l’UJFP
Annick Suzor-Weiner professeure émérite à l’Université Paris-Sud
Taoufiq Tahani universitaire Président d’honneur de l’AFPS
Gérard Toulouse ancien Directeur de Recherche au CNRS Ecole Normale Supérieure
Tardi dessinateur
Dominique Vidal journaliste et historien
Dror Warschawski chercheur au CNRS Paris