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Trump Zuckerberg nouveaux héros contestés du mur de Bethléem

mercredi 18-octobre-2017

Le mur de sécurité israélien à la fois manifestation éloquente du conflit et lieu d’expression artistique côté palestinien s’est couvert ces derniers jours à Bethléem de nouveaux dessins géants attaquant le président américain Donald Trump et le patron de Facebook Mark Zuckerberg.
Les dessins sont l’oeuvre de Lushsux artiste australien secret qui en a appelé aux internautes via le «crowdsourcing» pour lui soumettre leurs idées.
Cependant des riverains et des touristes interrogés devant le mur l’une des attractions de Cisjordanie occupée par l’armée israélienne ont exprimé leurs réserves voire leur inquiétude que la vocation du mur soit dénaturée par des messages sans rapport avec le conflit israélo-palestinien.
L’une des peintures de plusieurs mètres de haut montre M. Trump écrivant à Eminem avec une légende tirée de son hit de 2000 «Stan» dans laquelle le rappeur est harcelé par un fan. Eminem a fait abondamment parler de lui en octobre en se lançant dans une tirade accusant M. Trump de racisme et d’incompétence.
Une autre montre Hillary Clinton demandant «Que s’est-il passé ?» référence au titre de son livre récemment paru et racontant sa défaite à la présidentielle américaine («What Happened» littéralement «Ce qui s’est passé»). A ses côtés M. Trump répond en anglais: «I happened» qui pourrait se traduire par «C’est moi qui suis passé».
Une troisième fait dire à un M. Zuckerberg aux yeux rougis: «Plus je collecte vos données plus je comprends ce qu’être humain veut dire».
Certaines des idées ont été soufflées à Lushsux par les internautes sur Twitter.
«J’essaie juste de socialiser sur les réseaux sociaux» a-t-il répondu à l’AFP qui lui demandait sur Twitter pourquoi il procédait de la sorte.
Lushsux dont la véritable identité est tenue secrète a déclaré par le passé qu’il cherchait à être l’«anti-Banksy» artiste de rue britannique connu à travers le monde.
Il entendait «peindre des choses qui ne plaisent pas à tout le monde» avait-il dit à la chaîne de télévision australienne ABC.
– Et la cause palestinienne ?-
Banksy a lui aussi sévi sur le mur à Bethléem par le passé. Il a ouvert en mars un hôtel improbable transfigurant une sombre réalité avec des fenêtres qui ouvrent sur le mur.
Israël a commencé en 2002 la construction de cette barrière composée à cet endroit de blocs de béton de plusieurs mètres de haut pour se protéger des incursions de Cisjordanie en pleine vague d’attentats palestiniens. Achevée aux deux tiers la barrière doit atteindre à terme environ 712 km selon l’ONU.
Empiétant à 85% en Cisjordanie elle est pour les Palestiniens l’un des symboles les plus honnis de l’occupation israélienne.
Du côté palestinien le mur est à la fois un lieu de protestation habituel et un terrain d’expression politico-artistique. Les fresques qui le recouvrent par endroits en font une attraction.
Devant les oeuvres de Lushsux des visiteurs se sont émus de l’absence de référence au conflit israélo-palestinien.
«Ce mur risque de devenir une galerie pour artistes de rue plutôt qu’un lieu d’expression sur la réalité politique» a dit Paul Saxton un Britannique âgé de 30 ans.
«Ce sont des oeuvres de rue fantastiques mais elles auraient peut-être leur place dans n’importe quelle ville plutôt qu’ici où il y a un problème assez clair» dit-il.
Khader Jacaman un habitant de Bethléem a dit ne voir «aucun rapport» entre des figurations de M. Trump ou Mme Clinton et la cause palestinienne.
«Les Palestiniens ne veulent pas qu’on vienne qu’on peigne et qu’on s’en aille. Ceux qui suivent (de tels artistes) ne font rien» pour la cause palestinienne déplore-t-il.

www.liberation.fr

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