Gaza – Centre Palestinien d’Information

Alors que le blocus étouffant et la fermeture des points de passage pour les habitants de Gaza se poursuivent pour le troisième mois consécutif, plongeant la région dans une famine sans précédent qui a déjà causé la mort de dizaines de personnes, le président américain Trump a déclaré jeudi soir (01/05/2025) que le problème du blocage de l’aide humanitaire pour les habitants de Gaza était sur le point d’être résolu, dans le cadre d’un plan américain global.
Les promesses du président américain de secourir les habitants de Gaza ont été accueillies avec scepticisme quant aux véritables objectifs de cette initiative. En effet, Trump a été – et reste – le premier soutien du gouvernement d’occupation dans son génocide depuis son arrivée à la Maison Blanche, après avoir menacé le peuple palestinien d’« ouvrir les portes de l’enfer » si les résistants ne libéraient pas les prisonniers sionistes. Une position en contradiction avec la compassion qu’il a récemment affichée envers le peuple assiégé de Gaza.
Alors que plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza attendent la moindre ouverture – même partielle – pour alléger le fardeau de ce blocus, des observateurs soulignent que cette initiative ne reflète pas une avancée, mais plutôt une gestion du blocus à l’américaine, dans le but de resserrer l’étau sur les Palestiniens pour les pousser à quitter la région.
Le document de Witkof
Le journal sioniste Yedioth Ahronoth a rapporté jeudi dernier avoir obtenu un document de 14 pages présenté par Steve Witkof mercredi lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité. Ce document propose une nouvelle initiative majeure pour Gaza sous le nom de Fonds humanitaire pour Gaza, bien que Witkof ait été vivement critiqué par des ambassadeurs lors de la réunion, suite aux accusations internationales selon lesquelles l’entité sioniste affame délibérément les habitants de Gaza.

Le journal explique que ce fonds prévoit la création de quatre centres de distribution dans toute la bande de Gaza, chacun servant jusqu’à 300 000 personnes dans un premier temps, avec des plans d’expansion pour atteindre deux millions de personnes. La distribution se fera via des canaux sécurisés, sans présence militaire des forces de l’entité sioniste, sous la supervision directe d’équipes indépendantes de sécurité. Les articles (colis alimentaires, produits d’hygiène, médicaments et eau) seront distribués uniquement selon les besoins, sans discrimination.
Le journal précise également que des colis alimentaires seront fournis aux familles palestiniennes à un coût de 65 dollars par colis, contenant 50 repas complets pour une famille, chaque personne recevant un repas de 1 750 calories pour 1,31 dollar.
Un « nouveau mécanisme »

L’ambassadeur américain Mike Huckabee, a déclaré que le président Trump « veut que la nourriture soit distribuée à Gaza en toute sécurité et efficacité », annonçant un « nouveau mécanisme de distribution de l’aide humanitaire ne reposant pas sur des opérations militaires ». Il a ajouté que des entreprises de sécurité privées seraient responsables de la protection des travailleurs et de la distribution, insistant sur le fait que l’entité sioniste ne participerait pas directement, bien que son rôle resterait sécuritaire.
Huckabee n’a pas révélé les noms des partenaires impliqués, laissant entendre que des détails supplémentaires seraient dévoilés dans les prochains jours, avec la participation d’ONG. Certains partenaires se sont engagés financièrement mais souhaitent rester anonymes pour l’instant.
Violations et risques

Le chercheur et journaliste politique Wassim Afifa a souligné que le plan américano-sioniste, intitulé Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) : une aide sûre et transparente pour Gaza, introduit un nouveau modèle de distribution, mais comporte des risques juridiques et humanitaires contraires au droit international humanitaire.
Parmi les aspects problématiques :
1. Exclusion des institutions palestiniennes : Les acteurs locaux et internationaux comme l’ONU sont écartés au profit d’équipes américano-occidentales, dont d’anciens militaires.
2. Risques humanitaires : Les Palestiniens sont privés de toute participation à la gestion de l’aide, renforçant une logique de « charité sans dignité ».
3. Violations juridiques : La coordination avec l’armée sioniste (COGAT) et le contrôle des points de distribution bafouent les principes de neutralité et de besoins prioritaires.
Afifa résume : « Ce plan reformule le blocus sous couvert d’humanitaire, transformant la nourriture en outil de contrôle politique, en violation flagrante du droit international. »*
« Une manœuvre pour perpétuer le blocus »


Rami Abdo, président de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, a qualifié le plan de « manœuvre calculée pour réemballer le blocus, légaliser la famine, et faire de la nourriture un outil de répression ». Il dénonce l’absence de rôle palestinien et l’utilisation de centres de distribution contrôlés, contraires au droit international qui exige une aide « immédiate et sans entraves ».
Il conclut : « Le peuple palestinien ne veut pas de charité humiliante, mais ses droits pleins à la vie, la liberté et la dignité. »
Militarisation de l’aide

Le Dr Bassem Naim, ancien ministre de la Santé et membre du bureau politique du Hamas, a accusé le plan américain de « s’aligner sur la vision sioniste de militariser l’aide ». Il a averti les acteurs locaux contre toute complicité avec ce « plan d’occupation », rappelant que « le droit des Palestiniens à la nourriture et aux médicaments n’est pas négociable ».
La famine s’est propagée à Gaza après 69 jours de fermeture des points de passage par l’entité sioniste, bloquant l’aide et les marchandises. Ce plan intervient dans un contexte où les tentatives de briser la résistance palestinienne par la privation ont échoué, mais où la population paie un prix dévastateur.