Plusieurs agences de presse ont rapporté cette semaine que les investissements de Souha en Tunisie étaient estimés aux alentours de 40 millions de $.
Des sources bien informées à Ramallah ont laissé entendre que Souha Arafat avait hérité de plusieurs centaines de millions de dollars déposés au nom de son défunt mari dans plusieurs banques européennes. La majeure partie de l’argent est censée avoir appartenu à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
L’auteur de ces lignes a cherché à évoquer ce sujet avec plusieurs responsables palestiniens à Ramallah.
Les fonctionnaires ont accepté de parler plutôt à contre-coeur et seulement de manière anonyme vu le caractère sensible de l’affaire.J’ai parlé à un fonctionnaire vétéran à Ramallah dont on m’a dit qu’il est responsable du traitement des affaires de corruption administrative et financière.
L’homme n’a pas requis l’anonymat mais j’ai choisi de ne pas mentionner son nom de peur qu’il ne soit physiquement atteint ou licencié de son poste par les gourous de la corruption.
M.A. (ses initiales) a indiqué qu’il était bien au fait du dossier et qu’il aimerait bien voir des « vrais journalistes le creuser » pour trouver la vérité.
« Vous savez et moi aussi je sais qu’il s’agit de l’argent du peuple palestinien. Ces millions n’appartenaient pas à Yasser Arafat ils appartiennent au peuple palestinien. En outre le fait que ces millions ont été détournés ou appropriés il y a quatre ou cinq ans ne signifie pas que la situation soit désespérée ou qu’il soit trop tard pour remettre les choses à leur place.
D’autre part nous ne pouvons pas poursuivre Souha Arafat ou qui que ce soit d’autre sur la base de simples rumeurs et de rapports infondés. »
M.A. a indiqué que le premier coupable dans cette affaire est le Conseil législatif palestinien dont il dit qu’il aurait du mettre le sujet en tête de son ordre du jour dès le début.
« Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas discuté de cette question. Je pense que le fait de ne pas discuter de ce point primordial relève de la rupture du pacte de confiance et de la trahison du peuple. »
Kreisheh parlant avec précaution et circonspection a indiqué le Conseil législatif n’avait pas ouvert d’enquête sur la fortune de Souha Arafat parce que « nous n’avons pas de preuves crédibles justifiant l’ouverture d’une enquête ».
J’ai demandé à ce vétéran du parlement qui en 2003 a dirigé l’enquête sur le fameux scandale du ciment s’il connaissait le destin des comptes et des investissements secrets de l’OLP en Palestine et à l’étranger. Khreisheh m’a répondu qu’il n’en savait pas grand-chose et que le peu qu’il savait venait des médias.
ہ la question s’il pensait que le gouvernement palestinien devrait chercher à obtenir des informations des gouvernements étrangers y compris tunisien sur les détails des comptes bancaires appartenant à la veuve d’Arafat Khreisheh a répondu : « c’est l’affaire du gouvernement pas la nôtre ».
ہ la question s’il ferait pression sur le gouvernement palestinien pour qu’il demande aux gouvernements étrangers des informations sur les affaires financières de Souha Arafat Khreisheh a cherché à éluder la question disant que « cela relève plus du judiciaire que du législatif et la balle est dans le camp des médias pour produire des preuves concrètes contre Souha Arafat ».
Très peu de gens étaient au courant des actifs financiers de Yasser Arafat de son vivant L’un d’eux était Muhammed Rashid le conseiller économique du défunt leader palestinien qui vit maintenant au Caire.
Rashid a toujours refusé de donner des détails sur les comptes bancaires secrets d’Arafat et d’autres ressources disant qu’ il rapporterait seulement à l’Autorité palestinienne.
Selon un rapport d’Al Jazeera il y a quelques années Arafat avait laissé par testament une partie de sa fortune à son épouse et à leur fille Zahwa. Mais selon d’autres sources Arafat n’a laissé aucun testament laissant la majeure partie de sa fortune dans les mains de Rashid et de Souha. Cependant on ignore si Rashid n’en a fait qu’à sa tête avec l’empire financier d’Arafat ou s’il a tranquillement « arrangé les choses » avec Souha après la mort d’Arafat.
Au moment de sa mort les avoirs d’Arafat ont été estimés à $200 millions par le magazine Forbes. Forbes l’a placé au neuvième rang des chefs d’ةtat les plus riches du monde quoiqu’il ait été un dirigeant sans pays et qu’une grande partie de son peuple ait souffert – et souffre encore – de la plus grande pauvreté. D’autres sources dont la CIA ont estimé la fortune d’Arafat à 6 milliards de $ un chiffre exagéré selon plusieurs personnages de l’OLP auxquels j’ai parlé.
Souha Tawil de 30 ans plus jeune qu’Arafat a épousé le chef de l’OLP en 1992 en Tunisie où elle travaillait au siège de l’OLP à Tunis. Souha est revenue avec Arafat à Gaza et le couple a habité alternativement à Gaza et Ramallah. Cependant en 2001 elle a emmené leur enfant Zahwa à Paris où elles ont continué à vivre jusqu’en 2005 quand elles se sont installées à Tunis.
Souha a vécu une vie somptueuse et luxueuse dans la capitale française où on l’a dit que l’argent qu’elle dépensait chaque mois aurait couvert les besoins de base de cinq mille réfugiés palestiniens dans un endroit comme Jabalya dans la bande de Gaza.
En 2004 les autorités françaises ont commencé à enquêter sur le transfert de 11.5 millions de $ à partir des comptes bancaires suisses sur des comptes en France détenus par Souha Arafat.
« Qu’y a-t-il de si étrange à ce que le président palestinien envoie de l’argent à sa famille et à son épouse qui protège les intérêts palestiniens à l’étranger ! Et l’argent est arrivé et arrivera par des voies légales » a déclaré Souha au quotidien arabe de Londres Al Hayat financé par les Saoudiens.
Après la mort d’Arafat en novembre 2004 souhaitant régler « le problème » en toute quiétude les chefs de l’Autorité palestinienne c’est-à-dire du Fatah auraient passé un accord avec Souha au terme duquel elle acceptait de recevoir une grande quantité de la fortune d’Arafat ainsi qu’une allocation mensuelle de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour le reste de sa vie en échange de quoi elle fermerait sa gueule.
Alors que les détails exacts de la fortune actuelle de Souha ne sont toujours pas connus il est très probable que la majeure partie de ses avoirs proviennent de sommes ayant appartenu au peuple palestinien. Souha n’était pas connue pour être une femme d’affaires et elle n’est pas issue d’une famille particulièrement riche. Sa mère Raymonda Tawil a édité un magazine hebdomadaire à Jérusalem-Est appelé Al Awda qui a été financé par l’ OLP. Et elle a hérité très de peu d’argent de son père.
Alors comment a-t-elle amassé toute cette richesse toutes ces centaines de millions de dollars ?
En bon français il semble bien qu’il s’agisse purement et simplement d’un vol de grande envergure. Je sais qu’un suspect est innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été prouvée. Mais dans ce cas la culpabilité est criante. Les gens ne font pas des centaines de millions aussi facilement et rapidement.
Sans compter que les sommes détenues sur les comptes bancaires de Yasser Arafat secrets ou autres ne lui appartenaient pas à lui personnellement mais au peuple palestinien.
En outre le défunt chef palestinien avec tout le respect dû à sa lutte pour la liberté et l’ةtat palestinien n’avait aucun droit de laisser des centaines ou des dizaines de millions de dollars à son épouse et fille. Ces millions n’étaient pas à lui mais au peuple.
Par conséquent il est impératif que la société palestinienne s’empare de la question et exerce une pression significative sur le gouvernement pour qu’il ordonne immédiatement une enquête exhaustive sur les finances de Souha Arafat.
Le peuple de Palestine a le droit de savoir d’où vient chaque centime des millions de Souha et si une véritable enquête est effectuée et met en évidence des preuves permettant son incrimination l’Autorité palestinienne devra demander son extradition de sorte qu’elle puisse répondre devant la justice pour corruption et détournement de l’argent du peuple palestinien.
C’est un cas-test non seulement pour la détermination palestinienne à combattre la corruption mais également pour le sérieux de notre recherche d’indépendance et d’ةtat.
Après tout des politiciens corrompus qui couvrent la corruption et protègent les voleurs de grands chemins ne peuvent pas se voir confier le destin de leur peuple et de leur pays.
Traduit par Fausto Giudice